La force aérienne sous pression
La situation sécuritaire reste tendue avec la Syrie. Le 23 juillet, un Su-24 syrien a ainsi été abattu alors qu’il avait pénétré sur moins de 2 km dans l’espace aérien israélien, avant de s’écraser dans la partie syrienne du plateau du Golan. L’appareil avait été suivi depuis son décollage de la base syrienne T4. L’action de Tsahal est intervenue alors que les opérations du Hezbollah en soutien à la Syrie se poursuivent, y compris à proximité du Golan. Dans le même temps, Israël indiquait également avoir lancé deux missiles Fronde de David contre deux SS-21 tirés par Damas. En tout état de cause, la Syrie s’est abstenue de riposter aux frappes aériennes conduites par Israël depuis le mois de mai (voir DSI no 136). La situation sécuritaire israélienne est d’autant plus complexe que les tensions avec les Palestiniens restent importantes, dans un contexte également marqué par une fragmentation organique. La loi dite de « l’état-nation juif », soutenue par Benyamin Netanyahou, cause ainsi des remous chez les officiers druzes ou arabes israéliens, qui se sentent dépréciés. D’autres questions de fond se posent aussi, en particulier à l’égard de l’iran.
S’ajoute une problématique capacitaire. Si le soutien américain est important – le nouvel Authorization Act envisageant une aide annuelle de 3,3 milliards de dollars, durant 10 ans –, la modernisation des forces devient une affaire délicate. C’est en particulier le cas pour la force aérienne, puissante, mais dont l’essentiel des investissements a concerné, ces dernières années, les armements, drones et systèmes ISR et de guerre électronique. Mais le remplacement des plates-formes, qui devait initialement passer par l’achat de 100 F-35, est remis en question. Le coût du Lightning II ainsi que son adaptabilité son considérés comme problématiques. À telle enseigne qu’israël semble envisager un abandon du programme, au profit de l’achat… de nouveaux F-15, dits « IA » (Israel Advanced). Un programme global de 11 milliards de dollars concernerait les appareils de combat, mais aussi des hélicoptères et des ravitailleurs en vol. L’hypothèse de l’achat de nouveaux F-15 circulait depuis le début de l’année.
On note, au passage que la vie opérationnelle du F-15 est loin d’être terminée. En plus des appareils neufs en cours de construction pour le Qatar ou l’arabie saoudite, Boeing évoquait ainsi fin juillet un «F-15X» à destination de L’US Air Force. L’appareil serait un monoplace dont la palette de munitions serait considérablement élargie, pour inclure des munitions air-sol et antinavires. L’avionique et les systèmes de contrôle de vol seraient dérivés des F-15QA qataris et SG singapouriens et sa motorisation serait plus puissante. Surtout, il serait moins coûteux que le F-35, à l’achat comme à l’heure de vol. Reste que la nouvelle proposition renvoie au remplacement des F-15C/D américains et ne semble pas pour l’instant présentée comme une alternative au F-35 pour L’US Air Force, qui continue de travailler à son F-X (EX-PCA).