Point de situation capacitaire
Les développements capacitaires chinois se poursuivent, à la fois dans les secteurs de la R&T et de la R&D et dans le déploiement de la stratégie des moyens. En R&T, la presse locale fait état d’une percée en matière d’imagerie holographique métasurface (soit sur des composants optiques ultraminces), ce qui pourrait s’avérer utile dans les secteurs ISR, mais aussi des systèmes de contrôle de tir. L’usage d’ondes en térahertz sur des métasurfaces offrirait ainsi une résolution – notamment dans les positions relatives des objets observés – très supérieure à ce qui se fait actuellement et permettrait à un système donné de produire directement des images holographiques. On peut ainsi imaginer des drones générant directement une imagerie 3D au lieu du traditionnel 2D. Pratiquement, la percée réalisée doit encore être militarisée : il y a souvent loin entre la découverte d’un principe physique et son opérationnalisation.
Reste que la R&D chinoise bénéficie d’un réel appui gouvernemental. C’est notamment le cas dans le secteur – stratégique – de l’armement hypersonique. Pékin a ainsi procédé à l’essai du planeur hypersonique Xingkong-2, reconnaissant pour la première fois officiellement avoir effectué un tel essai. L’académie chinoise d’aérodynamique aérospatiale a indiqué que l’engin avait réussi un vol de 400 secondes à une vitesse comprise entre Mach 5,5 et Mach 6, après avoir été propulsé par une fusée. Le système a volé à une altitude de 30 km environ et a été capable de manoeuvrer sur de grands angles. La percée est, là aussi, notable, qu’il s’agisse de durée de vol ou de manoeuvre, des actions difficiles en raison des très fortes contraintes aérodynamiques, mais aussi de la chaleur issue de la friction dans l’atmosphère. Les enjeux sont évidemment cruciaux, en particulier pour la lutte contre les dispositifs A2/AD et la disposition de systèmes capables de contourner les défenses antimissiles.
D’autres progrès sont enregistrés, cette fois dans la construction navale. Très dynamique, ce secteur a fait l’objet de plusieurs annonces. Le 13 juin, la marine admettait ainsi au service actif sa 41e corvette Type-056 (code OTAN Jiangdao, voir leur fiche technique dans DSI no 116). À terme, elle pourrait disposer de 60 de ces bâtiments, dont la moitié environ gréés pour les missions ASM. Le rythme de leur construction reste soutenu, avec une unité admise au service toutes les six semaines environ. Dans le secteur des destroyers, deux Type-052d ont été admis au service actif depuis le début de l’année – portant la flotte à huit unités, en sachant que six autres ont été lancés et sont à des stades d’achèvement variables. Un autre indicateur du rythme des constructions est le lancement, le 3 juillet, de deux « destroyers » (en réalité, des croiseurs) Type-055, à Dalian. Au total, quatre unités ont donc été lancées depuis juin 2017, la première n’ayant pas encore effectué ses premiers essais à la mer. Le lendemain, la presse chinoise indiquait que le premier sousmarin doté d’une propulsion anaérobie, un Type-039a spécifiquement modifié, avait battu plusieurs records dans les domaines de l’endurance en plongée et des profondeurs atteintes.
Dans le secteur aérospatial également, les nouvelles se sont succédé. C’est d’abord le cas dans le domaine aéronaval, avec les premières photos de ce qui semble être le KJ-600 – ou sa maquette. Les observateurs chinois estiment que l’appareil de détection aérienne avancée destiné à être embarqué sur des porte-avions dotés de catapultes pourrait prochainement effectuer son premier vol. Fin juillet, l’agence russe Tass annonçait qu’une première livraison de systèmes S-400 avait été acceptée par Pékin. Le contrat les concernant aurait été signé en novembre 2014, faisant de la Chine le premier client export du SA-21. A priori, six batteries au total devraient entrer en service, sans que l’on sache si elles seront dotées du missile 48N6, à la portée la plus longue. Enfin, le secteur de la navigation par satellite enregistre de nouveaux progrès. Le 10 juillet, le 32e satellite de la constellation Beidou – un Beidou-2 – était ainsi lancé. La plate-forme de deuxième génération semble cependant être placée en réserve, sachant que huit unités Beidou-3, de troisième génération, sont déjà en orbite. Le système est considéré comme opérationnel depuis 2012. Actuellement, il a une empreinte encore régionale, qui doit devenir globale à l’horizon 2020.