Surréalisme trumpien
L’annonce d’un accord entre Pyongyang et Washington autour de la dénucléarisation de la Corée du Nord aura certes permis un temps à D. Trump d’exulter diplomatiquement, mais il n’en demeure pas moins que rares étaient les observateurs optimistes. Si la Corée du Nord a effectivement démantelé quelques installations, le seul fait que l’on ne connaisse pas leur nombre et leur localisation précise permettait de laisser s’installer le doute quant à ses intentions. En fait, l’accord américanonord-coréen ne précise pas quand ni comment la dénucléarisation devra s’effectuer. Et la communauté américaine du renseignement, déjà malmenée dans ses relations avec l’actuelle administration, notamment sur la question des interférences russes dans le processus électoral, n’a pas tardé à signaler la poursuite des travaux de Pyongyang dans le domaine balistique et en particulier celui des ICBM. Si les installations nord-coréennes ne s’étendent pas, la poursuite des travaux déjà lancés est en revanche avérée. Fin juillet, Mike Pompeo, le secrétaire d’état américain, indiquait également que la production de combustible nucléaire militaire se poursuivait.
En fait, les avancées ne sont pas tant le fait de Washington que celui de Séoul. En l’occurrence, la Corée du Sud a indiqué avoir suspendu – et non annulé – son exercice annuel « Ulchi » en raison de l’évolution positive de la situation sécuritaire dans la péninsule. L’exercice est symbolique dès lors qu’il concerne l’ensemble de l’état sud-coréen – il a pu concerner jusqu’à 480 000 fonctionnaires – et pas uniquement les forces armées ; sachant qu’il était jusque-là combiné avec un exercice bilatéral avec les États-unis (« Freedom Guardian ») et un exercice militaire proprement national plutôt centré sur la réponse aux catastrophes, « Taegeuk ». Ce dernier sera maintenu, mais n’aura lieu qu’en octobre. Le paradoxe est que Donald Trump lui-même a interféré avec Séoul, en dénonçant le coût pour les États-unis de « Freedom Guardian » (soit environ 14 millions de dollars), qui est suspendu indéfiniment.