LE 8×8 ROUMAIN
Le TAB-77 est une copie du BTR-70 soviétique produit à partir de 1972 et observé pour la première fois lors du défilé sur la place Rouge en novembre 1980. La Roumanie, alors désireuse de se doter d’un véhicule similaire, se voit accorder l’autorisation de fabriquer le BTR-70 sous licence. La production est lancée en 1983 dans les ateliers du consortium d’état ROMARM. De 1980 et 1986, la Roumanie produit aussi sur son sol 1 200 BTR-70, dont 647 destinés à l’armée est-allemande et le reliquat aux forces roumaines. Malgré une production confidentielle de 167 exemplaires, le TAB-77 va être décliné en quatre versions. La première est celle de commandement d’artillerie, qui fait son apparition en même temps que la version de transport de troupes. Dénommée TAB-77 PCOMA, elle se caractérise par une tourelle plus petite, mais dotée de puissants moyens optiques. À l’intérieur, dans la caisse, sont installés divers moyens de transmissions radio qui diffèrent suivant le niveau hiérarchique auquel opère le véhicule. Des téléscripteurs, divers appareils de transmission de données et un compas gyroscopique couplé à un navigateur inertiel complètent la liste des équipements embarqués. La première amélioration apportée au TAB-77 PCOMA est effectuée au milieu des années 1980.
Mais la faiblesse de la technologie informatique embarquée ne lui permet toujours pas à cette époque d’offrir aux batteries d’artillerie des solutions de tir, mais seulement des coordonnées, malgré l’installation d’un télémètre laser. Il faut attendre la fin des années 1990 pour que le TAB-77 PCOMA bénéficie d’équipements semblables à ceux des véhicules de commandement artillerie occidentaux concernant l’observation, la précision, la géolocalisation et les transmissions de données. L’armement d’autodéfense du TAB-77 PCOMA se limite à une simple mitrailleuse légère PKMS de 7,62 mm installée sur affût audessus du volet du chef de bord. La troisième version est le TAB-77A R-1451/1 , destinée aux transmissions. Elle se caractérise par huit antennes, dont un mât télescopique monté sur la partie droite du toit, et deux vastes coffres de rangement. Comme le PCOMA, cette version est dotée de deux groupes électrogènes ayant pour fonction de fournir l’énergie nécessaire aux équipements de transmission lorsque le moteur est arrêté. En revanche, si la tourelle est semblable à celle du PCOMA, la mitrailleuse est factice. Quatrième et dernière version, le TERA-77L est celle de dépannage. Destinée aux unités de maintenance régimentaire, elle est dépourvue de tourelle, remplacée par une grue télescopique à commande hydraulique d’une puissance de levage de 5 t. Lors de son utilisation ou de celle du treuil principal, le TERA-77L s’ancre dans le sol grâce à sa lame dozer installée à l’avant de la caisse.
Depuis l’entrée de la Roumanie dans L’OTAN en 2004, les jours des BTR-70, TAB-77 et de leur successeur, le B33 Zimbru (copie locale du BTR-80 produit à 70 exemplaires de 1988 à 2000) sont comptés. En effet, aucun de ces véhicules ne répond au standard OTAN qui stipule que les VTT ou VCI doivent être équipés d’une porte ou d’une rampe arrière afin que le groupe de combat puisse embarquer ou débarquer. De plus, engagé en Afghanistan et en Irak, le TAB-77 a rapidement montré ses limites et il est devenu urgent pour les forces roumaines de se doter d’un nouveau véhicule. ROMARM a alors proposé le SAUR 8 × 8 produit localement, qui fut immédiatement évincé au profit du Piranha IIIC, avec en 2007 un contrat de 38 millions d’euros portant sur l’achat de 31 exemplaires. Le nouveau contrat signé dix ans plus tard, en janvier 2018, doit sonner le glas de la présence du TAB-77 et ses quatre versions au sein des forces roumaines. Il porte sur 227 Piranha V en six versions pour 820 millions d’euros.