VVS : LA MULTIPLICATION DES DESIGNS D’ATTAQUE
Dans les années 1960 et 1970, L’URSS multiplie les designs d’appareils d’attaque à géométrie variable. La famille des Su-17/22 Fitter (voir DSI no 90), intensément utilisés en Afghanistan, se voit ainsi doublée par les Flogger d’attaque. Initialement conçu comme intercepteur tous temps, le MIG-23 était pourtant assuré d’un succès réel. Pour autant, deux facteurs sont entrés en ligne de compte. Le premier renvoie à la stratégie des moyens industriels, plusieurs variables étant prises en considération. Moscou entendait bien ventiler les compétences « attaque au sol » – en particulier alors que Sukhoi allait se voir confier le développement des Frogfoot et Fencer – entre plusieurs avionneurs et ainsi éviter un phénomène de monopole. Dans le même temps, il s’agissait également de donner à Mikoyan le ballon d’oxygène lui permettant de conserver un outil industriel finalement utile dès lors que cet avionneur travaillait au MIG-29. Le deuxième renvoie à la donne doctrinale. Entre 1960 et 1970, il s’agit de développer l’aviation du front et de renforcer les capacités d’attaque dans la profondeur, conventionnelles comme chimiques et nucléaires.
Or Moscou est conscient de son infériorité sur ce secteur, que confirment les guerres israélo-arabes, où les Su-7, tout comme les premières générations de MIG à réaction, sont décimés. La réponse soviétique se trouve alors dans la géométrie variable. Couplée à une motorisation plus puissante, elle doit permettre de maximiser les profils de vol potentiels et d’offrir de plus grandes chances de survie. La vision est confortée par la guerre du Kippour : lorsque les Israéliens reprennent l’initiative, les Égyptiens ne disposent de plus guère d’options pour faire face aux masses blindées israéliennes dont la rapidité de manoeuvre dépasse les capacités de ciblage de l’artillerie. Reste que la vision soviétique ne sera que partiellement couronnée de succès. Le tandem Fitter/flogger permet certes de créer de la masse, mais en Afghanistan, ce sont les premiers qui sont mobilisés. De fait, les MIG-27 font face à des problèmes récurrents. D’une part, mécaniquement : les voilures à géométrie variable sont par définition exigeantes et gourmandes en maintenance.
D’autre part, certains facteurs ont été négligés, comme les conséquences de l’installation du canon hexatube. Avec 5,5 t de recul, il fragilise la structure de l’appareil, tout en créant parfois des phénomènes de fonte de composants du canon… ou plus prosaïquement de destruction des phares d’atterrissage. L’option finalement retenue sur le Su-25 sera le retour au bitube de 23 mm. D’autres aspects entrent également en ligne de compte. S’il est conçu comme nativement apte à l’emport d’armements de précision, les choix effectués privilégient les guidages radio/tv – naturellement vulnérables –, le guidage laser étant encore peu maîtrisé. In fine, l’armement de prédilection restera non guidé. Ce n’est pas sans succès. En 1999, des MIG-27 indiens sont engagés dans la guerre de Kargil, tout comme des appareils sri-lankais seront engagés contre les Tigres tamouls ; mais il n’en demeure pas moins que les choix d’options sont restés limités et finalement, presque toutes les forces aériennes qui étaient dotées de MIG-27 s’en sont séparées.