Le Brexit aura des effets sur la défense
Au Royaume-uni, la perspective de la sortie de l’union européenne ne manquera pas d’avoir des répercussions sur les armées. Subissant déjà les conséquences d’une importante bosse budgétaire, celles-ci sont dans une situation complexe. D’un côté, elles doivent réduire les effets des sous-investissements des années 2000 et 2010 et récupérer des capacités abandonnées, comme la patrouille maritime ou l’aéronautique navale embarquée. De l’autre, elles doivent conduire un processus de modernisation qui avait souffert de nombreux retards, dans le domaine terrestre notamment. Mais l’industrie doit également se positionner au regard de marchés qui ne seront plus aussi accueillants, y compris en développant des outils de souveraineté. C’est certes le cas avec le futur appareil de combat Tempest (voir DSI no 137), mais aussi sur le secteur, hautement compétitif – et consommateur de ressources – de la géonavigation spatiale.
Londres a en effet indiqué vouloir lancer son propre système. L’affaire est évidemment paradoxale : le Royaume-uni a toujours bloqué les efforts des pays européens partisans d’une utilisation militaire de Galileo, dont 17 satellites sont déjà opérationnels en orbite et qui devrait atteindre sa pleine capacité en 2020, pour un coût de 10 milliards d’euros. Comparativement, Londres entend affecter seulement 92 millions de livres à son système dans un premier temps. Concrètement, une étude d’une durée de 18 mois va être lancée pour évaluer les options disponibles. Si le signal public sera toujours ouvert, le signal gouvernemental pourrait lui être interdit, tout dépendant de la manière dont le Brexit sera négocié et sachant que le Premier ministre britannique a précisé que Londres voulait rester dans le programme Galileo.
Par ailleurs, plusieurs décisions capacitaires ont été annoncées. Le ministre de la Défense britannique a ainsi indiqué que les HMS Bulwark et Albion, les deux LPD constituant les plus gros amphibies de la Royal Navy, seraient « protégés » – une terminologie pour le moins vague. Il avait un temps été question de les sortir de service pour réaliser des économies, mais aucune information n’a été donnée concernant les frégates et chasseurs de mines qui avaient été évoqués. De plus, des discussions ont été entamées autour de l’achat d’e-7 Wedgetail de détection aérienne avancée, destinés au remplacement des E-3D Sentry. Contrairement aux appareils français, les britanniques n’avaient pas été modernisés et devront donc être remplacés plus rapidement.