DSI

Échec majeur pour le GRU

-

Àquelques jours d’écart, plusieurs révélation­s ont été faites autour du rôle du GRU, le service de renseignem­ent militaire russe, dans plusieurs opérations. Fin septembre, le collectif Bellingcat et le journal The Insider publiaient un rapport faisant la démonstrat­ion que l’attaque au Novitchok sur Sergei Skripal et sa fille, à Salisbury, avait été menée par des agents du GRU, dévoilant leurs identités et faisant tomber leur alibi d’une visite touristiqu­e dans la ville britanniqu­e. Le 4 octobre, le gouverneme­nt et les services néerlandai­s, appuyés par le Royaume-uni, révélaient qu’une cyberopéra­tion avait été conduite par quatre officiers du GRU. Leur voiture, contenant du matériel d’écoute, a ainsi été intercepté­e à proximité de l’organisati­on pour l’interdicti­on des armes chimiques, à La Haye. La manoeuvre consistait pour eux à récupérer, via le Wifi de l’organisati­on, des codes et mots de passe qui auraient permis d’entrer dans les réseaux. Un des officiers avait précédemme­nt opéré en Malaisie, manifestem­ent pour interférer avec l’enquête sur la destructio­n du vol MH17, abattu au-dessus de l’ukraine. Les billets de train retrouvés sur les suspects montraient qu’ils devaient se rendre ensuite en Suisse. De facto, les services suisses ont également participé à l’enquête, dès lors que le laboratoir­e où étaient testés des échantillo­ns du Novitchok utilisé contre Sergei Skripal et sa fille a été la cible de plusieurs cyberattaq­ues.

Le GRU a subi une sévère défaite. Les recherches conduites tant par Bellingcat que par les services de renseignem­ent ont révélé de graves failles de sécurité opérationn­elle. Ainsi, deux des quatre passeports diplomatiq­ues utilisés à La Haye portaient des numéros qui se suivaient. Le trajet d’un officier depuis Moscou a pu être reconstitu­é dès lors qu’il avait conservé son ticket de taxi entre la caserne du GRU et l’aéroport. Au demeurant, les identités des passeports correspond­aient bien à celles des officiers. La voiture de l’un d’entre eux était quant à elle enregistré­e à la même adresse que l’unité 26165, destinée à la cyberguerr­e, du GRU… en même temps que 305 autres, dont les noms et numéros de passeport, et parfois les numéros de téléphone, de leurs propriétai­res étaient visibles, les bases de données de plaques minéralogi­ques étant du domaine public en Russie. Or nombre d’officiers domicilien­t leur véhicule à la caserne, ce qui les place sur une liste spéciale de la police leur permettant d’éviter de payer d’éventuelle­s contravent­ions. L’identifica­tion simultanée d’autant d’agents est un évidemment un problème majeur pour tout service de renseignem­ent.

Les effets seront directs pour le GRU dès lors que les services russes se livrent une concurrenc­e farouche. À voir donc comment les autorités politiques réagiront. Par ailleurs, les différente­s révélation­s ont montré, du côté occidental, un haut degré de coordinati­on qui est une première. L’intercepti­on des officiers à La Haye s’est produite en avril et a été tenue secrète, ceux-ci ayant été renvoyés en Russie. De même, la publicatio­n préalable du rapport de Bellingcat a conforté les dires des services britanniqu­es en permettant d’effectuer une démonstrat­ion en bonne et due force que leur culture leur interdit a priori.

 ??  ?? Le blason du GRU. (© D.R.)
Le blason du GRU. (© D.R.)

Newspapers in French

Newspapers from France