UNE INDUSTRIE AÉRONAUTIQUE AUTREFOIS FLORISSANTE
La Yougoslavie de Tito occupait une position à part dans le monde communiste, entretenant de sérieuses divergences doctrinales avec Moscou, qui ont connu des ramifications jusque dans la question du rôle à jouer par les États dans la production d’armement. Si Belgrade a ainsi acheté des appareils soviétiques, elle a également rapidement cherché à développer son industrie aéronautique, en progressant dans la difficulté. Après des avions d’entraînement (Soko 522 et J-20 Kraguj), un monoréacteur d’entraînement avancé, le G-2 Galeb, a volé pour la première fois en 1961. Pouvant être armé, il a été utilisé dans les guerres d’ex-yougoslavie – quatre ont été abattus en février 1994 par L’OTAN – et 80 exemplaires ont été exportés en Libye. En juillet 1965 eut lieu le premier vol d’une version monoplace d’attaque légère, le J-21 Jastreb, dont 121 unités ont été produites, quelques-unes étant vendues en Libye, au Zaïre et en Zambie. Les années 1970 et 1980 ont marqué l’apogée pour Soko.
En plus du futur J-22, conçu conjointement avec avec la Roumanie – un autre État communiste à la position doctrinale particulière –, apparut Un J-22B au sol, montrant la robustesse du train. (© Jep/shutterstock) le G-4 Super Galeb, un appareil lui aussi destiné à l’entraînement avancé, à la cellule et la voilure en partie redessinées. La production totale a été de 85 exemplaires – parmi lesquels quatre pour la Birmanie –, dont une vingtaine sont encore en service en Serbie. Soko a également construit sous licence 132 Gazelle, dont certaines sont toujours en service, dotées de turbines Astazou IIIB. À la fin des années 1980, il fut aussi question du Novi Avion, un monoréacteur deltacanard de combat conçu avec l’aide de Dassault et propulsé par un réacteur M88, avant que le programme ne soit arrêté pour des raisons budgétaires en 1991. Qu’il s’agisse des différentes itérations du Galeb/jastreb ou de l’orao, l’industrie yougoslave n’aurait pas pu se développer sans l’aide britannique, en particulier les différentes licences accordées pour les versions du réacteur Viper. En l’occurrence, le feu vert donné par Londres concernait certes un moteur fiable, mais peu avancé. On notera également que Washington a accepté en son temps de vendre des missiles Maverick à guidage TV, Londres des armes à sous-munitions BL755 et Paris des Durandal antipistes.
Implantée à Mostar, Soko a été victime de la guerre de Bosnie : la production de l’orao s’est ainsi arrêtée alors que les exemplaires pour la Yougoslavie et la Roumanie n’étaient pas tous livrés. L’entreprise existe toujours, mais travaille désormais sur des transmissions mécaniques. Reste également, cette fois en Serbie, UTVA, historiquement spécialisée dans les appareils légers et d’entraînement, dont les usines ont été frappées pendant la guerre du Kosovo, ayant notamment produit L’UTVA-75 d’entraînement de base, de liaison et de tourisme qui a effectué son premier vol en 1976. Plus récemment, elle a présenté le Lasta-95, un biplace d’entraînement de base ayant volé pour la première fois en 2009 (commandé par la Serbie et l’irak) ; de même que, en 2012, le Kobac, un monoturboprop biplace d’abord conçu pour l’attaque et la contre-guérilla et pouvant être utilisé pour l’entraînement.