Progrès capacitaires
Les deux derniers mois ont été marqués par plusieurs annonces sur les plans politique et industriel, qui tendent à montrer une «mise en ordre de bataille» sur le front capacitaire. La visite de la ministre des Armées à Marignane, le 27 mai, a certes été l'occasion de baptiser l'hélicoptère Interarmées Léger (HIL) – qui devient le Guépard –, mais surtout celle d'annoncer une entrée en service plus rapide que prévu, soit deux ans plus tôt. Les 169 machines (soit 15 de plus que ce qui était prévu dans la loi de programmation militaire précédente) vont ainsi remplacer les actuels Puma, Gazelle, Fennec, Alouette III et Panther, permettant de rajeunir les flottes. Cela permettra également de les rationaliser – à une heure où la disponibilité des hélicoptères n'est toujours pas optimale – et de faire gagner en puissance de feu, notamment les hélicoptères destinés à la Marine.
Une autre annonce a porté sur la deuxième phase du projet ARTEMIS (Architecture de
Traitement et d'exploitation Massive de l'information multi-sources). Lancé en 2017, il doit offrir une solution souveraine en matière de big data et, partant, d'intelligence artificielle, le tout avec un maximum de sécurité. Concrètement, deux consortiums ont été retenus mi-mai : Atos, Capgemini et le CEA, d'une part, et Thales Soprasteria, d'autre part. Au terme d'une phase de développement de 30 mois, un seul sera choisi. Les capacités de traitement et de partage de l'information, la maintenance planifiée et prédictive, l'état de santé des personnels, l'analyse de données hétérogènes, l'analyse des réseaux et la mobilité au sein des engins seront les premiers domaines d'application. Concrètement, une première version D'ARTEMIS serait utilisable par les forces dès 2021. On note que ce positionnement volontariste sur un système essentiel aux applications futures – notamment les opérations multidomaines et le renseignement – pourrait également placer la France dans le peloton de tête mondial de L'IA.
En matière D’IA justement et cette fois sur le plan industriel, Thales a réalisé une belle prise, en achetant début juin l'américain Psibertnetix. La firme avait notamment conçu L'IA Alpha utilisée en simulation de combat aérien, dont la qualité avait surpris ses utilisateurs. En l'occurrence, l'achat ne porte pas tant sur les capacités de combat aérien développées par la firme que sur le développement d'un des Graal de L'IA, l'explicabilité. La capacité pour une IA à expliciter le « pourquoi» de sa recommandation et donc permettre sa validation par un humain (sur les problématiques liées à l'explicabilité, voir DSI, hors-série no 65) est essentielle pour les futures applications. •