Le jeu budgétaire
Nombre d'états européens poursuivent un processus de remontée en puissance de leurs forces, sur fond de tension budgétaire, mais aussi d'inconnues politiques. En Belgique, les récentes élections n'ont pas encore (au 11 juin) débouché sur la formation du nouveau gouvernement fédéral de coalition. Si les contrats du F-35, du Camo (SCORPION) et des chasseurs de mines ont bien été signés, nombre d'autres (artillerie, défense aérienne, drones MQ-9B, avions destinés aux forces spéciales notamment) attendent toujours de l'être. Certes, une loi de programmation militaire avait été signée, permettant de « bétonner » la « Vision 2030 » mentionnant les différents programmes envisagés, mais sa légalité avait été remise en question et la nouvelle coalition pourrait tout bonnement l'abroger, ce qui ne manque pas de susciter les craintes de la communauté militaire…
Aux Pays-bas, l’accroissement budgétaire est validé, avec 163 millions d'euros de plus par an, puis de nouvelles augmentations jusqu'en 2024. À ce moment, 1,5 milliard de plus aura été injecté, avec pour objectif d'atteindre 2 % du PIB consacrés à la défense à l'horizon 2029. Les priorités néerlandaises sont plus de F-35, un accroissement de la puissance de feu terrestre et navale, l'augmentation des capacités en forces spéciales, en cyber et en renseignement. On note également que les décisions de La Haye ont été critiquées pour leurs insuffisances par l'ambassadeur américain sur place… En Allemagne, le comité budgétaire du Bundestag a avalisé plusieurs projets d'achats début juin, approuvant également les fonds nécessaires. Ils concernent en premier lieu les travaux sur le SCAF, mais aussi l'accélération des livraisons D'A400M. Ils portent également, pour un montant de 55 millions d'euros, sur neuf Mungo A/c-spür, des drones aériens de reconnaissance NRBC qui peuvent notamment être utilisés par les troupes parachutistes.
D’autres questions connaissent également un début de résolution. Le 14 mai, les États membres de l'agence européenne de défense ont lancé un programme de facilitation des mouvements. En l'occurrence, c'est l'un des pans du plan d'action pour la mobilité militaire. Il s'agit d'étudier les moyens d'harmoniser les différentes
législations nationales en matière de mouvements de matériels et de forces militaires par voie terrestre et maritime. S'il aboutit, il en résultera une réduction de la charge bureaucratique associée à ces mouvements et leur fluidification, facilitant ainsi les déploiements en cas d'exercice ou d'opérations. •