Progrès capacitaires
Le lancement du Suffren, le 12 juillet 2019, ouvre la voie à la conduite de ses essais en mer. Un temps planifiés pour 2016, ils ont été retardés, mais les coûts maîtrisés, de sorte que la série de six bâtiments coûtera à peine un peu plus de 10 milliards d'euros. Le SNA promet une plus grande vitesse discrète, mais aussi des capacités plus importantes en matière d'armements ou de capteurs.
Les annonces se sont succédé autour de plusieurs programmes européens, avec en toile de fond les débats allemands. La nouvelle ministre de la Défense s'est ainsi engagée à ce que le budget de défense allemand atteigne à terme les 2% du PIB. Mais, au-delà, c'est la disponibilité des forces qui continue de susciter des questions. Fin juin, les autorités allemandes ont annoncé plusieurs décisions. Plus de 700 millions d'euros ont ainsi été alloués afin de rendre les blindés de combat d'infanterie Puma – dont la mise en service a déjà été retardée – compatibles avec les standards de L'OTAN, et de les doter de missiles antichars. De même, 116 millions ont été alloués au programme de satellites SARAH, en particulier pour leur cyberprotection, et Berlin a demandé à Washington une autorisation d'achat de 50 missiles Patriot PAC-3 MSE. En sus, les radars et postes de commandement déjà disponibles seront modernisés dans l'attente du MEADS, à la fin des années 2020. Neuf systèmes de cinq drones Luna seront également achetés pour 130 millions d'euros. Par ailleurs, 148 millions d'euros ont été alloués pour l'achat de 900 roquettes guidées GMLRS. En outre, un programme d'achat de deux pétroliers ravitailleurs de 20000 tonnes, en remplacement de ceux de la classe Rhön, sera prochainement lancé.
Au Royaume-uni, outre les progrès autour du Tempest et ceux observés en matière de coopération spatiale avec les États-unis, plusieurs évolutions sont notables. Toujours dans le domaine spatial, un officier de la RAF sera détaché auprès de Virgin Orbit. De même, le programme Artemis, qui concerne aussi bien Washington que
Londres, devrait voir le lancement d'un premier démonstrateur d'ici à un an. Artemis envisage le lancement d'une constellation de microsatellites devant permettre de fournir en temps réel des flux vidéos directement dans les cockpits des appareils de combat. On note ainsi au travers des différentes annonces que la stratégie spatiale britannique est structurellement liée à celle des États-unis. D'autre part, Londres a annoncé que son Joint Forces Command allait être rebaptisé Strategic Command. L'objectif est de faire jouer au commandement jusqu'ici chargé de l'emploi des capacités de combat interarmées un rôle plus important en matière d'intégration multidomaine. Concrètement, il va donc superviser le réseau d'informations interarmées, mais surtout définir ses prochaines évolutions. De facto, à Londres comme à Paris, le « multidomaine » est devenu ces dernières années la préoccupation essentielle en matière de définition des capacités futures.
Ailleurs en Europe, plusieurs annonces ont également marqué l'actualité. En Bulgarie, un accord a finalement été trouvé pour l'achat de huit F-16V pour un montant de 1,256 milliard de dollars. On note que le coût payé par Sofia a fait débat – au point que la présidence a un temps opposé son veto à l'achat – en particulier au regard du prix finalement accordé à Bratislava, soit 799,955 millions… mais cette fois pour 14 appareils. En Espagne, c'est le remplacement des appareils d'entraînement avancé de la force aérienne qui a été validé par Madrid. La solution retenue est un système de 24 appareils – dont le type doit encore être choisi – et de deux simulateurs en vol mis en réseau, en plus d'un appui logistique et d'un système de formation informatisé pour un montant de 225 millions d'euros. •