Téhéran maître du jeu
Après la destruction d'un drone RQ-4 américain (voir DSI no 142) et celle d'un drone iranien puis la saisie d'un pétrolier iranien suivie de celle d'un bâtiment britannique (après une première tentative ratée), la situation sécuritaire s'est stabilisée dans le détroit d'ormuz. Si nombre de commentateurs ont vu dans l'épisode un risque potentiel de guerre, force est aussi de constater que les mesures des uns et des autres sont restées contrôlées, y compris après les annonces américaines de déploiements ayant suivi la destruction du drone RQ-4. Pour autant, la situation a poussé Londres à indiquer que la Royal Navy escorterait les navires britanniques dans la zone – avec à la clé le déploiement du destroyer HMS Duncan, en renfort de la frégate Montrose –, mais aussi à demander le déploiement d'une force européenne permettant de sécuriser le transit dans le détroit. La proposition n'a recueilli qu'un accueil mitigé, Florence Parly souhaitant plutôt un meilleur partage de l'information et une coordination des moyens avec le Royaume-uni et l'allemagne, alors que Téhéran critiquait l'idée britannique.
Au demeurant, l’iran reste dans une position forte du point de vue de l'équilibre régional des forces. En Syrie, le Hezbollah a commencé à réduire ses forces, son action ayant renforcé sa position sur l'échiquier libanais. Au Yémen, les Émiriens sont dans une courbe rentrante, au détriment de l'arabie saoudite. Ils ont ainsi commencé début juillet l'évacuation de Hodeïda. Plus tard dans le mois, le mouvement s'est amplifié, tandis qu'une délégation des gardes-côtes émiriens rencontrait fin juillet des autorités iraniennes afin de discuter de sécurité maritime. L'alliance entre Washington, Abou Dhabi et Riyad se fissure donc alors que les États-unis restent inflexibles sur la question nucléaire. Ce faisant, Washington tend également à déconsidérer une situation stratégique régionale qui reste précaire, entre reconfiguration de L'EI – en particulier en Irak, où Israël a mené un raid au nord de Bagdad contre un dépôt de roquettes d'une milice chiite soutenue par l'iran – et poursuite des opérations contre une série de groupes, islamistes modérés et djihadistes, dans la province d'idlib. •