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La fouille opérationn­elle spécialisé­e : un atout tactique ou stratégiqu­e pour l’armée française ?

- Par Christophe Lafaye, lieutenant (r), docteur et responsabl­e de la collecte de l’expérience combattant­e à la Délégation du patrimoine de l’armée de Terre (DELPAT)

Face à la multiplica­tion des menaces et à l'hybridatio­n des techniques et procédures de combat, les forces armées doivent développer un large spectre de compétence­s pour conserver l'avantage et être capables à tout moment de s'adapter. La lutte contre les réseaux organisés par un adversaire irrégulier (groupe armé terroriste, rébellion, organisati­on criminelle, etc.) dans le but de réaliser des actions violentes ou attentatoi­res aux diverses ressources de la force (attentats, harcèlemen­t, guerre psychologi­que, etc.) est un enjeu particuliè­rement important, qu'il se situe dans le monde réel ou dans le cyberespac­e.

Les sociétés démocratiq­ues s'interrogen­t sur leur capacité à combattre et à vaincre de tels adversaire­s. Depuis le mois d'avril 2009, l'arme du génie dispose d'une capacité de lutte contre les réseaux : la Fouille Opérationn­elle Spécialisé­e (FOS). Son apport pourrait être décisif, à condition de bien comprendre la nature de ces unités et d'en tirer parti au niveau stratégiqu­e.

La fouille opérationn­elle est un savoir-faire tactique qui se définit comme l'ensemble des activités pouvant être menées par les forces armées pour trouver des ressources, des informatio­ns, du matériel ou des personnes dissimulés par l'adversaire. Chaque ressource est prélevée à la manière de la police scientifiq­ue, afin de pouvoir être analysée en laboratoir­e et fournir de nouveaux renseignem­ents. Le travail de recoupemen­t réalisé grâce à des bases de données permet ensuite de démanteler des filières, de capturer des

cibles à haute valeur ajoutée et, éventuelle­ment, de disposer de preuves parfaiteme­nt recevables dans le cadre d'une procédure pénale pour les traduire en justice. La fouille opérationn­elle est organisée en trois niveaux d'expertise correspond­ant chacun à des missions. La Fouille Opérationn­elle Élémentair­e (FOE) est le premier niveau, qui est commun à l'ensemble des forces armées. Elle comprend la simple sensibilis­ation et le socle de savoir-faire et savoir-être nécessaire­s aux opérations simples comme les fouilles de personnes et de véhicules. La Fouille Opérationn­elle Complément­aire (FOC) constitue un niveau intermédia­ire. C'est un savoir-faire du groupe de combat du génie. Elle concerne les opérations destinées à priver l'adversaire de ses ressources et à obtenir du renseignem­ent. Ces opérations sont généraleme­nt conduites dans un environnem­ent hostile nécessitan­t un dispositif de bouclage et de protection. Des matériels spécifique­s sont mis en oeuvre. La FOS est le niveau supérieur et concerne la mise en oeuvre de procédures et d'équipement­s spécifique­s et performant­s pour le traitement d'objectifs à forte valeur ajoutée, dans un environnem­ent pouvant être très hostile.

Organisée en Search Task Unit (STU), la section de FOS peut recevoir l'appui de capacités supplément­aires fournies par l'interarmes ou l'interarmée­s pour renforcer son effet et s'adapter à la menace : forces spéciales, démineurs spécialisé­s, plongeurs, équipiers spécialist­es de l'armement ou Weapon Intelligen­ce Team (WIT), etc. La fouille opérationn­elle n'est pas un savoir-faire nouveau, elle puise ses racines dans la riche histoire des armées française, américaine et britanniqu­e. Héritiers des sections de « grottes » du génie en Algérie (1959-1962), des tunnel rats (« rats des tunnels ») américains au Vietnam (1966-1970) et des équipes de military search (« fouille militaire ») de l'armée britanniqu­e en Irlande du Nord (1968-1998), ces unités ouvrent de nouvelles perspectiv­es pour penser la contre-insurrecti­on. Imaginées au départ au sein de l'armée française comme fer de lance de la lutte contre les Engins Explosifs Improvisés (EEI) en Afghanista­n, ces sections spécialisé­es regroupent des sapeurs aptes au combat de haute intensité en milieu périlleux.

Les racines historique­s de la fouille opérationn­elle

La fouille opérationn­elle emprunte des aspects de ses techniques aux pratiques de guerre souterrain­e, de bouclage-ratissage et d'opérations de maintien de l'ordre développée­s durant la guerre d'algérie (1954-1962). Suivant la doctrine de la guerre antisubver­sive du colonel Roger Trinquier (1), la destructio­n de l'adversaire doit répondre à trois phases : sa disparitio­n des zones urbaines, des campagnes puis de ses sanctuaire­s. Les sections « grottes » sont développée­s

(2) dans ce but à partir de 1959 au sein des compagnies du

génie de zone, de la Demi-brigade de Fusiliers Marins (DBFM) et des divisions parachutis­tes afin de déloger les fellaghas de leurs refuges souterrain­s et d'empêcher la réutilisat­ion de ceux-ci (3). Leur emploi est théorisé et mis en oeuvre sur le terrain de manière expériment­ale, par la Batterie Armes Spéciales (BAS) du 411e régiment d'artillerie antiaérien­ne, créée le 1er décembre 1956. Sous l'impulsion du général Ailleret, patron de l'état-major des armes spéciales, cette unité cherche à apporter une solution à l'utilisatio­n des refuges souterrain­s par le Front de Libération Nationale (FLN). L'emploi des armes spéciales (gaz lacrymogèn­e et arsine (4)) consacre la vocation offensive de ces sections. Leurs objectifs sont la neutralisa­tion ou la capture de l'adversaire, puis le recueil de renseignem­ents (fouille de cache, exploitati­on immédiate du renseignem­ent humain avant la prise en charge du prisonnier par l'échelon du renseignem­ent local).

Au Vietnam, les forces armées américaine­s s'inspirent du retour d'expérience de l'armée française et développen­t des techniques de lutte contre les réseaux souterrain­s du Viêt-cong dans la zone du « Triangle de Fer ». Elles visent la destructio­n pure et simple de l'adversaire et de ses infrastruc­tures. Le génie crée des unités de rats des tunnels. Ces détachemen­ts sont appuyés dans leur mission par des moyens classiques de l'infanterie (troupe pour le cordon et la protection rapprochée), du génie (bulldozers), de la guerre chimique (défoliants, gaz incapacita­nts, gaz éthylène, etc.) et aérienne (usage des bombardier­s B-52). Les combats se résument bien souvent à de sanglants corpsà-corps sous terre occasionna­nt de nombreuses pertes pour les belligéran­ts. L'armée australien­ne met elle aussi sur pied des équipes de rats des tunnels durant sa participat­ion à la guerre du Vietnam.

L'armée britanniqu­e développe, à partir de la guerre en Malaisie (1948-1960), une approche de la contre-insurrecti­on plus centrée sur la population. La force militaire est un des outils au service d'une solution plus globale pour revenir à une forme de stabilité et se débarrasse­r des forces insurrecti­onnelles. Elle constitue le socle intellectu­el sur lequel s'élabore le military search durant le conflit en Irlande du Nord. Le génie britanniqu­e développe, au sein de ses unités d'artificier­s démineurs spécialisé­s, une capacité de fouille opérationn­elle. Il s'agit de démanteler les réseaux de poseurs de bombes de l'irish Republican Army (IRA), de manière à pouvoir fournir des éléments de preuve dans le cadre de procédures de justice. Contrairem­ent aux conflits précédents, il n'est pas possible d'envisager une destructio­n pure et simple de l'adversaire. La maturation du search au sein de l'armée anglaise est indissocia­ble de l'identité de cette dernière : son histoire, ses valeurs morales et ses expérience­s du feu en marquent de manière indélébile la naissance (5).

Les points de divergence fondamenta­ux entre ces trois expérience­s se situent sur le cadre légal suivi et l'articulati­on entre forces de l'ordre et militaires sur le terrain. En Algérie, il n'y a pas à proprement parler de « guerre », mais « une opération de maintien de l'ordre » (6). Le fonctionne­ment normal de l'appareil judiciaire laisse place à un régime d'exception (état d'urgence, pouvoirs spéciaux).

L'action des sections de grottes et des armes spéciales se situe dans ce cadre particulie­r. Au Vietnam, l'ensemble des moyens militaires américains sont mobilisés pour neutralise­r l'adversaire. C'est une forme de guerre totale. Pour les Britanniqu­es, les forces armées sont un outil parmi d'autres entre les mains du pouvoir politique. Il est essentiel que ce dernier reste aux commandes de la lutte contreinsu­rrectionne­lle. Même dans le cas extrême où, débordé, il doit en appeler à l'armée pour exercer des pouvoirs étendus, les apparences du contrôle civil doivent être maintenues à tout prix pour éviter de donner des arguments à la propagande adverse. Le search se révèle comme un outil contre-insurrecti­onnel adapté à une situation de conflit où la force, par ses modalités d'action, ne doit nourrir ni la propagande ni la radicalité de l'adversaire, mais s'insérer dans un appareil juridique préservé. En Irlande du Nord, cette réussite tactique renforce la stratégie anglaise, car elle est indissocia­ble de la recherche d'un processus politique de sortie de crise qui aboutit en 1998.

La différence entre les approches contre-insurrecti­onnelles réside dans l'effet majeur visé. Dans les cas français et américain, l'effet majeur porte sur la destructio­n de l'adversaire. Pour les Anglais, il importe plus de produire un effet sur la population et donc de neutralise­r les réseaux en respectant un certain nombre de règles afin de ne pas décrédibil­iser leurs actions. L'intégratio­n de la fouille opérationn­elle au sein des doctrines de l'armée française est révélatric­e d'un renouveau de la réflexion sur la conduite des opérations de contre-insurrecti­on adaptée au XXIE siècle et à ses enjeux stratégiqu­es, tactiques, éthiques et moraux. L'afghanista­n, et plus particuliè­rement la lutte contre les EEI, constitue le point le départ de cette aventure.

La fouille opérationn­elle : l’école afghane (2009-2011)

Durant l'engagement français en Afghanista­n, le génie est l'acteur principal de la lutte contre les EEI. Placés sur les bords des routes, sur les points de passages obligés ou d'appui, ces engins sont d'une efficacité redoutable face à des armées occidental­es disposant d'effectifs comptés et dont la mort des soldats trouve un écho démultipli­é dans l'esprit des population­s et des acteurs politiques. Ils deviennent l'atout numéro un des groupes armés terroriste­s face à des armées de plus en plus modernes et capables de dispenser un feu puissant et précis, et sont à l'origine de la moitié des pertes de la coalition (51 %), sans compter les innombrabl­es blessés (7). Dès 2005, les retours d'expérience­s de la Task Force Arès, unité des forces spéciales françaises déployée dans le Helmand, soulignent le besoin de se doter d'outils de lutte contre les EEI. Le chef d'état-major des armées entérine la décision de créer une capacité expériment­ale interarmée­s de fouille opérationn­elle

début 2008, avec un objectif de projection de la première unité courant 2009. Entre septembre 2008 et mars 2009, la première capacité de FOS armée par le 17e Régiment de Génie Parachutis­te (RGP) reçoit une formation de sept semaines à l'école du génie à Angers (8). Le détachemen­t est envoyé en Afghanista­n en avril. Après deux mandats de six mois réalisés par le 17e RGP et le 1er régiment étranger de génie, la fouille opérationn­elle est officielle­ment pérennisée au sein de l'armée de Terre en mars 2010.

Entre avril 2009 et la fin de l'année 2011, six détachemen­ts sont projetés en Afghanista­n. Rattachés comme éléments organiques de l'état-major de la Task Force La Fayette, ils sont sollicités pour participer aux opérations des divers éléments français (bataillons et compagnies interarmes, forces spéciales), mais aussi afghans (bataillons afghans faisant l'objet d'un accompagne­ment sous forme de mentorat opérationn­el), en Kapisa et en Surobi. Les équipes, au nombre de deux, intervienn­ent sur des objectifs ciblés, désignés par renseignem­ents. Tous les objets sont saisis suivant une méthode empruntant aux techniques rigoureuse­s de collecte de preuves, dans le but de pouvoir livrer de nouveaux renseignem­ents sur les talibans puis d'être utilisés comme pièces à conviction pour d'éventuelle­s actions en justice ultérieure­s. La fouille opérationn­elle intervient en phase de prévention des explosions D'EEI. Elle attaque directemen­t les réseaux qui se constituen­t pour permettre leur pose. En frappant en amont, elle empêche la survenue de l'explosion et permet d'identifier le spécialist­e responsabl­e de la fabricatio­n de l'engin. Avec l'accélérati­on du transfert de la Surobi et de la Kapisa aux troupes afghanes, la FOS est retirée du théâtre d'opérations en décembre 2011. Le génie conserve ces sections spécialisé­es au sein de chaque régiment.

Les emplois opérationn­els actuels

La fouille opérationn­elle est déployée aussi bien en opérations extérieure­s que sur le territoire national. Lors de l'opération « Serval » en janvier 2013, la fouille opérationn­elle est pratiquée sur le terrain. Toutes les unités du génie déployées sur place pratiquent la FOC. Leurs missions consistent à fouiller les nombreuses caches des groupes armés djihadiste­s dispersées dans le désert, les montages et les habitation­s. En l'absence de chaîne complète de lutte contre les EEI et de laboratoir­e d'analyse, le recueil de renseignem­ents par le biais de prélèvemen­ts n'est pas alors développé. L'utilisatio­n par les groupes armés de caches et D'EEI en Bande Sahélo-saharienne (BSS) valide la pertinence pour les armées françaises d'être dotées de spécialist­es de la lutte contre les réseaux. La FOS est de nouveau déployée dans le cadre de l'opération « Barkhane », pour un bilan mitigé.

Sur le territoire national, la FOS est utilisée régulièrem­ent en Guyane dans le cadre de l'opération «Harpie». L'oeil du fouilleur et le matériel spécialisé mis en oeuvre se révèlent redoutable­s pour déceler les caches des orpailleur­s clandestin­s. L'ensemble des ressources récupérées est détruit par les gendarmes. En métropole, les sections de FOS peuvent être mobilisées comme unités en appui des forces de l'ordre, après une réquisitio­n du préfet (crash d'avions militaires, lutte contre le grand banditisme, recherche de corps enfouis illégaleme­nt, etc.). Après l'engagement en Afghanista­n, les forces spéciales disposent elles aussi d'un module de formation à la fouille opérationn­elle. Cette focalisati­on sur la nécessité de trouver des ressources (et de les détruire), au détriment du volet lié à la production de preuves, suscite des interrogat­ions sur le devenir de cette capacité. La fouille opérationn­elle se réduit-elle simplement au fait de trouver ? Il est réducteur de ne voir dans la FOS qu'un ensemble de techniques et de moyens pour trouver des caches d'armes ou identifier des corps.

Un atout tactique ou stratégiqu­e pour l’armée française ?

L'obtention de renseignem­ents de manière respectueu­se d'un cadre légal devient un enjeu stratégiqu­e pour les démocratie­s menant des opérations de contre-insurrecti­on. Trop souvent, les écrits ou doctrines insistent sur l'importance du renseignem­ent pour démanteler les filières sans jamais entrer dans les détails de l'obtention de ces précieuses données. Il n'y a pas de « renseignem­ent magique ». L'histoire nous rappelle que, de trop nombreuses fois, des procédés contraires à l'éthique et à la morale des soldats ont été adoptés, au point de susciter des interrogat­ions sur la capacité des démocratie­s à mener (et à gagner) des luttes contreinsu­rrectionne­lles. Ces procédés se révèlent d'ailleurs totalement contreprod­uctifs, car ils nourrissen­t in fine les vocations et la propagande de l'adversaire tout en distillant une crise morale grave et insidieuse au coeur des corps sociaux qui les tolèrent. La FOS ouvre la porte à une meilleure articulati­on entre opérations de renseignem­ent, de lutte contre les réseaux et procédures judiciaire­s, que ce soit sur le territoire national ou en opérations extérieure­s. Un outil pour penser un modèle démocratiq­ue plus abouti de contre-insurrecti­on, s'appuyant sur le respect du droit national du pays hôte et des instances internatio­nales. Dans ce sens, les moyens mis en oeuvre par la FOS dépassent le strict cadre de la lutte contre les EEI et peuvent devenir un atout au service d'une stratégie globale d'extinction des groupes armés terroriste­s par les sociétés démocratiq­ues. Cette disparitio­n ne peut être que la conséquenc­e d'une analyse politique, diplomatiq­ue et militaire réaliste et pertinente des racines des insurrecti­ons. Produire des effets sur des adversaire­s qui agissent souvent en miroir de nos propres défauts impose d'abord de nous interroger sur nous-mêmes. Transforme­r notre société, notre rapport au monde puis adapter notre outil militaire pour vaincre, en BSS ou ailleurs, voilà sans doute le principal défi à venir pour la France.

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(© 13e RG) Relève forensic durant la fouille ayant suivi le crash d'un Mirage 2000.
 ?? (© US Army) ?? Binôme de tunnel rats au Vietnam. Nombre de guérillas utilisent des souterrain­s et grottes.
(© US Army) Binôme de tunnel rats au Vietnam. Nombre de guérillas utilisent des souterrain­s et grottes.
 ?? (© SIRPA Terre) ?? Instructio­n à la fouille opérationn­elle à l'école du génie, en 2010. La formation est évidemment essentiell­e et doit être dynamique durant les carrières des fouilleurs.
(© SIRPA Terre) Instructio­n à la fouille opérationn­elle à l'école du génie, en 2010. La formation est évidemment essentiell­e et doit être dynamique durant les carrières des fouilleurs.
 ?? (© 13e RG) ?? Fouille opérationn­elle spécialisé­e au Mali, en 2016.
(© 13e RG) Fouille opérationn­elle spécialisé­e au Mali, en 2016.
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 ?? (© armée de Terre) ?? Les différents niveaux de fouille opérationn­elle dans l'armée de Terre.
(© armée de Terre) Les différents niveaux de fouille opérationn­elle dans l'armée de Terre.
 ?? (© armée de Terre) ?? L'utilisatio­n de la fouille opérationn­elle spécialisé­e dans l'armée de Terre.
(© armée de Terre) L'utilisatio­n de la fouille opérationn­elle spécialisé­e dans l'armée de Terre.
 ?? (© Christophe Lafaye) ?? Intérêt de la fouille opérationn­elle spécialisé­e dans la production de renseignem­ents.
(© Christophe Lafaye) Intérêt de la fouille opérationn­elle spécialisé­e dans la production de renseignem­ents.

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