LE NINJA CHINOIS
Si le WZ-19 possède une indiscutable ressemblance avec L’OH-1 Ninja japonais (voir sa fiche technique dans DSI no 50) et qu’il est, comme lui, caractéristique d’un hélicoptère d’appui léger et, surtout, de reconnaissance en appui des machines plus lourdes, la filiation n’est pas identique. Elle remonte à la mise en place des premières unités d’hélicoptères modernes dans L’APL (Armée Populaire de Libération). Dans le contexte d’un réchauffement des relations avec la Chine, la France avait ainsi vendu la licence de fabrication de L’AS365 Dauphin II en octobre 1980. Les appareils, désignés Z-9, étaient construits par Harbin à partir de composants venus de France. Rapidement cependant, Beijing a travaillé à une version sinisée, à la fois rétro-ingénierée et modifiée (au niveau du fenestron et de la cabine, par exemple). Le Z-9B a ainsi effectué son premier vol en 1992, avant d’entrer en service deux ans plus tard. La série des Z-9 évoluera ensuite, avec une variante navale (Z-9C). L’idée d’utiliser cette plate-forme pour la conception d’un appareil de combat remonte aux années 1980. Le Z-9W effectue son premier vol dès 1987 et entre en service au début des années 1990. Il n’est doté que d’un viseur optique, au sommet de la cabine, et reçoit des points d’emport amovibles.
Le développement d’une version modernisée commence au début des années 2000. Le Z-9WA (ou WZ-9) est alors doté d’une boule optronique sous le nez, de systèmes d’autoprotection et ses points d’emport latéraux sont redessinés. Il peut ainsi emporter jusqu’à huit missiles HJ-8 ou deux pods canon. La conception de l’appareil fait appel, comme pour les versions les plus récentes du Z-9, aux matériaux composites et certaines parties sont renforcées. La version Z-9WE a été exportée au Kenya, mais l’essentiel des ventes s’est effectué au profit de L’APL. À ce stade cependant, le WZ-9 conserve globalement la ligne du Dauphin. La rupture la plus radicale intervient avec le WZ-19. C’est le cas au niveau du design, mais aussi de l’armement, dont l’emport potentiel double. Avec l’installation d’un radar millimétrique, les capacités en reconnaissance deviennent d’autant plus importantes. Dans le même temps, plusieurs articles dans la presse officielle faisaient mention d’exercices d’hélicoptères en combat urbain, soulignant la difficulté des missions ISR et de la transmission de données dans cet environnement.
Si le Z-9/WZ-19 est donc un parfait exemple d’évolution incrémentale, il pourrait en être de même avec le Z-20, à l’existence confirmée en 2013 et en service depuis cette année. Le nouvel hélicoptère de manoeuvre a un design globalement proche de celui de L’UH-60… ce qui n’a rien du hasard. En 1983, 24 S-70 ont été achetés aux États-unis, dont trois seront perdus. Le Z-20 est-il pour autant un « Copy Hawk » ? Si le rotor principal est différent (cinq pales au lieu de quatre), c’est également le cas, semble-t-il, de la motorisation, plus puissante. Le Z-20 disposerait aussi de commandes de vol électriques que les S-70 n’avaient pas. La cabine aurait par ailleurs des dimensions un peu plus importantes. In fine, ses performances dynamiques, notamment en haute altitude, pourraient être meilleures. Un autre exemple d’un processus de sinisation qui n’est pas à confondre avec la stricte rétroingénierie ?