Éditorial

L’année 2020, que la rédaction de DSI vous souhaite la meilleure possible, sera probablement marquée par le maintien de la compétition stratégique à l'échelle mondiale. Ainsi, la Chine a admis au service actif son deuxième porte-avions, le Shandong, le 17 décembre dernier. Au-delà de l'écume de l'événement, il convient de l'analyser plus en profondeur. Certes, le bâtiment n'est qu'une évolution du Liaoning. Mais, en réalité, nombre de modifications ont été apportées, en particulier au niveau du hangar, structurant pour évaluer la puissance réelle du navire. À l'échelle non plus tactique, mais stratégique, la réalisation chinoise n'est pas mince en termes de capacité à monter en puissance. La première découpe de tôle du nouveau bâtiment a eu lieu en novembre 2013, son lancement en avril 2017 et ses essais ont commencé en mai de l'année suivante. Il n'aura donc fallu que six ans et un mois pour construire une unité de cette taille. Évidemment, cela ne présage en rien de la suite. Le Type-003, cette fois doté de catapultes, représente un tout autre défi. La presse chinoise indique d'ailleurs que la fourniture de deux unités de ce type pourrait être abandonnée… Mais cela ne ternit pas la performance réalisée, d'autant plus que deux autressh an dong pourraient être construits. Beijing pourrait donc disposer de quatre porte-avions à partir de 2025. La rapidité avec laquelle le Shandong a été construit a, en l'occurrence, valeur d'avertissement stratégique. La masse continue de jouer un rôle et celle-ci ne trouve sa valeur que dans le temps : la concentration des efforts joue en stratégie des moyens autant qu'en stratégie opérationnelle. Lorsqu'il est question d'évaluer les rapports de forces globaux, cette condition n'est pas suffisante, mais elle est nécessaire. Voilà de quoi nourrir nos propres réflexions au moment où nombre de travaux, pour l'heure conceptuels, autour du futur remplaçant du Charles de Gaulle se mettent en place.