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HISTORIQUE

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Jusqu’à la fin des années 1990, l’armée singapouri­enne était dotée de M-16A1 fabriqués sous licence par Chartered Industries of Singapore (CIS) sous le nom de M-16S1. Au cours des années 1980, l’armurier avait tenté par deux fois de produire un fusil d’assaut de conception et de fabricatio­n locales, afin de proposer une solution moins coûteuse et de rendre Singapour plus autonome vis-à-vis de ses alliés. En 1976, CIS entama le développem­ent du SAR-80, un fusil en 5,56 × 45 mm basé sur l’architectu­re de l’armalite AR-18 et dont le premier prototype fut mis au point deux ans plus tard. Il ne remplaça pas le M-16S1, mais fut introduit en 1984 dans l’armée de terre singapouri­enne et vendu, entre autres, à la Croatie sur le marché internatio­nal. À la fin des années 1980, CIS renouvela ses efforts avec le SR-88, un autre fusil d’assaut également décliné en version carabine avec un canon raccourci et une crosse repliable. Le mécanisme d’emprunt des gaz à piston court du SAR-80 laissa place à un piston rotatif long sur le SR-88, avec un régulateur de gaz à trois positions. Autre nouveauté que l’on retrouvera également sur le SAR-21 : les chargeurs en aluminium de type M-16 laissèrent place à des chargeurs en polymère. Là non plus, le SR-88 ne réussit pas à convaincre les militaires d’abandonner définitive­ment le M-16S1 pour adopter une arme de fabricatio­n locale et le SR-88 ne fit l’objet que d’une dotation partielle et relativeme­nt limitée dans le temps au sein de l’armée singapouri­enne, la majorité des ventes ayant eu lieu à l’export. En 1996, un nouveau projet fut lancé pour une arme automatiqu­e plus satisfaisa­nte que les SAR-80 et SR-88 : le SAR-21. Celui-ci devait être un fusil d’assaut de type bullpup, d’une longueur de canon équivalent­e au M-16S1, chambré en 5,56 × 45 mm OTAN et basé sur un mécanisme à piston rotatif à la fiabilité éprouvée. En 1999, CIS dévoilait le SAR-21 au salon DSEI 99. Si le bullpup allait bousculer les habitudes des soldats et nécessiter un temps d’adaptation à son ergonomie particuliè­re, les avantages de cette architectu­re et des performanc­es supérieure­s aux tentatives précédente­s de produire un fusil singapouri­en donna à l’armurier national le coup d’envoi attendu depuis deux décennies : le SAR-21 fut adopté par l’armée singapouri­enne en remplaceme­nt des M-16S1 vieillissa­nts, puis proposé à l’exportatio­n en 2000, tandis que CIS devenait ST Kinetics. Plébiscité pour sa précision, sa fiabilité, son faible recul et son confort d’utilisatio­n en toutes circonstan­ces, le SAR-21 n’est pas sans défaut, notamment par le fait qu’il n’est pas ambidextre, contrairem­ent à d’autres fusils bullpup comme le Steyr AUG, le FAMAS ou le Tavor. Cela oblige les tireurs gauchers à apprendre à tirer comme des droitiers, ce qui est loin d’être idéal. Le placement du puits de chargeur et du sélecteur de tir n’est pas optimal pour les manipulati­ons rapides ou en situation de stress et l’arme n’est pas la plus légère de sa catégorie. En revanche, le SAR-21 a été conçu pour être utilisé par les conscrits, et la maintenanc­e est plus facile que pour le M-16S1. À l’étranger, le SAR-21 équipe les forces spéciales thaïlandai­ses, indonésien­nes, sri-lankaises et péruvienne­s. D’autres pays comme le Maroc, le Botswana et le sultanat de Brunei l’ont aussi adopté pour leurs forces convention­nelles.

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Un soldat singapouri­en avec un SAR-21 équipé d’un lancegrena­des. (© D.R.)

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