Airpower Applied.
US, NATO and Israeli combat experience
John Andreas Olsen (dir.) Naval Institute Press, Annapolis, 2017, 432 p.
Auteur prolifique en matière de puissance aérienne et lui-même pilote dans la force aérienne norvégienne, John Andreas Olsen propose ici de revenir sur la mise en action de la puissance aérienne et non plus sur la théorie ou l’organique des forces. En l’occurrence, si l’ouvrage ne compte que cinq chapitres, ce ne sont pas moins de 29 campagnes qui sont examinées, de la Première Guerre mondiale à nos jours. Le dernier chapitre est quant à lui consacré à la nature de la puissance aérienne et est écrit par John Warden – qui revient sur les questions des centres de gravité et des opérations parallèles, avec en ligne de mire un questionnement plus large autour de la maîtrise des technologies, condition fondamentale pour la conduite d’opérations aériennes. La principale critique à adresser à l’ouvrage réside dans l’étroitesse du champ géographique couvert : les États-unis, L’OTAN et Israël ne représentent qu’une partie de l’expérience liée à la guerre aérienne. Au surplus, les échanges entre les trois polities sont nombreux, de sorte qu’elles sont relativement proches par nombre d’aspects. Les expériences russes, chinoises, arabes sont pourtant également porteuses de leçons intéressantes. On peut également lui reprocher de rester centré sur les opérations de haute intensité dans le cadre de conflits réguliers… au risque d’y cantonner la puissance aérienne, alors que ses apports en contre-irrégularité sont pourtant essentiels. Reste aussi que l’ouvrage évite le piège d’une puissance aérienne claironnante et triomphante : au contraire, les auteurs ont une vision équilibrée de ses apports, mais aussi de ses limites. Ces dernières sont également soulignées dans la postface d’eliot Cohen, qui a valeur d’avertissement. Pour lui, si les forces aériennes considérées ont ponctuellement eu à faire face à des moments extrêmement délicats, la situation d’infériorité dans laquelle elles se sont trouvées n’a jamais été que temporaire. Or la situation est en train de changer. Certains acteurs pourraient contester durablement la supériorité aérienne occidentale, au risque de priver les États la mettant en oeuvre de la condition nécessaire et structurante à l’engagement de leurs forces terrestres et réduisant ainsi considérablement leur liberté d’action stratégique. In fine donc, un ouvrage à lire attentivement en dépit de ses limites.