Renforcement capacitaire sur fond de COVID
Budgets nationaux et visions évoluent à travers L’OTAN, au-delà du cas français. En Norvège, le plan de défense à long terme a été présenté le 17 avril. Il prévoit une augmentation continue du budget de défense pour la durée de huit ans qu’il couvre, mais aussi le lancement de processus de planification qui porteront leurs fruits dans les années 2030. Si le budget d’oslo atteindra 2 % du PIB dès cette année, il sera supérieur d’environ 1,55 milliard d’euros en 2028. La Norvège en appelle également au renforcement de la posture de L’OTAN en mer. La marine bénéficiera d’une modernisation de ses frégates et les gardes-côtes de trois nouveaux bâtiments. La planification en vue de disposer de nouveaux bâtiments de surface va par ailleurs commencer, afin de remplacer ceux actuellement en service dans les années 2030.
Les forces terrestres vont s’étoffer : le document annonce quatre bataillons de manoeuvre pour la brigade nord, qui n’en compte que trois actuellement. Il prévoit également leur équipement en nouveaux chars de bataille, une défense aérienne mobile et des feux de précision dans la profondeur. La disponibilité et la réactivité des forces seront aussi revues à la hausse. Le volume des troupes va ainsi s’accroître. La modernisation de la Home Guard va par ailleurs se poursuivre, et ses dotations en armes et munitions augmenter. Les forces spéciales bénéficieront elles aussi des nouveaux budgets. Les hélicoptères Bell 412 qu’elles utilisent seront remplacés par des appareils plus adaptés. Pour la force aérienne, le processus de modernisation – avec l’acquisition de F-35A et de P-8 Poseidon – va se poursuivre. Les missiles antiaériens NASAMS II devraient être équipés de nouveaux capteurs et la défense antiaérienne rapprochée sera revue.
Reste la grande inconnue des conséquences à moyen terme de la pandémie pour les budgets de défense européens. Les États ont déployé des plans de relance économique comportant l’injection de montants inédits. Or un certain nombre d’entre eux font également face à des dettes importantes et se financent structurellement par le déficit. Autrement dit, grande pourrait être la tentation de réduire les budgets de défense afin de compenser le poids des plans de relance. C’est en particulier le cas dans les États ne disposant pas d’une base industrielle et technologique de défense étoffée, laquelle pourrait constituer un levier de la relance.
L’europe à la rescousse? De facto, en vertu de l’article 346 du traité sur le fonctionnement de l’union européenne, « tout État membre peut prendre les mesures qu’il estime nécessaires à la protection des intérêts essentiels de sa sécurité et qui se rapportent à la production ou au commerce d’armes, de munitions et de matériel de guerre ». Autrement dit, le secteur est le seul pour lequel l’ensemble des règles européennes de concurrence ne s’appliquent pas, où l’état peut intervenir directement et faire jouer la préférence nationale. Certains pays ne s’y trompent pas. L’espagne a indiqué que Santa Barbara allait finalement construire 348 blindés VCR, alors que le contrat, considéré initialement comme trop coûteux, avait été annulé. Du reste, le rôle de L’UE pourrait aussi se voir réduit. Le Fonds européen de défense, cheval de bataille de la France, est ainsi source de tensions depuis plusieurs mois quant à son volume : la Finlande, par exemple, cherche à le réduire… et pourrait trouver dans la situation actuelle un argument de plus…