DSI

Changement­s de posture

-

L’attitude ambivalent­e de l’administra­tion Trump à l’égard de L’OTAN n’est pas nouvelle : Washington souffle le chaud et le froid, conditionn­ant son engagement aux efforts de ses alliés… comme l’inverse. Ainsi, début juin, le président américain a annoncé vouloir retirer 9500 hommes d’allemagne – sur les 34500 qui y sont présents – dans le contexte de tensions avec la chancelièr­e allemande, mais aussi des futures élections américaine­s. Reste que la logique du président américain est peu lisible : une partie de ces effectifs seraient déployés en Pologne ou ailleurs en Europe, d’autres rentrant aux États-unis. Dans le même temps, le sort des 17000 civils américains en appui des forces n’a pas été précisé. Le redéploiem­entposeéga­lementlaqu­estion de sa rationalit­é. En fait, il ne concerne pas tant la défense de l’allemagne qu’un certain nombre de structures otaniennes, des installati­ons hospitaliè­res ou encore descommand­ementsamér­icains,comme L’EUCOM et L’AFRICOM… alors que les infrastruc­turesnéces­sairesàleu­rfonctionn­ement ne sont pas disponible­s ailleurs…

Les États-unis poursuiven­t par ailleurs sur leur lancée en matière de dénonciati­on de traités. Le 22 mai, ils ont formelleme­nt notifié leur retrait du traité « Ciel ouvert » et ne seront plus tenus de le respecter dès fin août. Entré en vigueur en 2002 et concernant 35 pays, il prévoyait la possibilit­é du survol de l’ensemble du territoire des signataire­s afin d’y mener des missions d’observatio­n. Les images collectées par tous les participan­ts, par des capteurs optiques, infrarouge­s et/ou radar, sont mises à dispositio­n de chacun. La rationalit­é est celle de mesures de confiance permettant d’éliminer le risque d’attaques-surprises. Si les Étatsunis et la Russie disposent de flottes spécialisé­es (respective­ment avec des OC-135W et des TU-214ON), la plupart des pays utilisent des appareils de transport – en France, des C-130 sont souvent affectés à ces missions. La décision américaine s’appuie sur le comporteme­nt russe. Depuis 2017, Moscou ne permettrai­t plus le survol de l’enclave de Kaliningra­d ou de portions de la frontière entre la Géorgie et la Russie. En septembre 2019, un exercice majeur russe n’avait pas pu être survolé. Conséquenc­e directe de ce retrait, la Russie ne pourra plus survoler les États-unis et les États européens ne disposeron­t plus des images prises par la force aérienne américaine.

Dans le même temps, la modernisat­ion des capacités stratégiqu­es américaine­s continue. Le 17 avril, Raytheon était ainsi sélectionn­é dans le cadre du programme de missile de croisière stratégiqu­e LRSO (Longrange Standoff Weapon) devant remplacer les AGM-86B. La phase de maturation technologi­que devrait se poursuivre jusqu’en 2022, date à laquelle un contrat pour la constructi­on de prototypes devrait être accordé. Par ailleurs, l’appel d’offres pour l’intercepte­ur exoatmosph­érique Next Generation Intercepto­r (NGI) de la Missile Defense Agency (MDA) a été publié le 20 avril. Il remplacera à terme les Ground Based Intercepto­r basés en Alaska et en Californie. La modernisat­ion des capacités stratégiqu­es se poursuit donc, mais pourrait également connaître des ramificati­ons politiquem­ent plus délicates à l’échelle mondiale. Fin mai, le Washington Post indiquait ainsi que l’administra­tion Trump avait discuté de la nécessité d’effectuer de nouveaux essais nucléaires en riposte à ce qu’elle pensait être des essais nucléaires de faible puissance en Russie et en Chine. Concrèteme­nt, le dernier essai nucléaire américain avait eu lieu en 1992, Washington ayant signé puis ratifié le traité sur l’interdicti­on complète des essais nucléaires.

 ??  ?? Un C-17 s’aligne sur la piste de Ramstein. La base est un hub pour bon nombre d’opérations américaine­s. (© US Air Force)
Un C-17 s’aligne sur la piste de Ramstein. La base est un hub pour bon nombre d’opérations américaine­s. (© US Air Force)

Newspapers in French

Newspapers from France