Cannondale Habit Neo 2
All-mountain électrique de référence de la marque américaine, le nouvel Habit se taille une belle part de polyvalence en raison d’une facilité de prise en main et d’une agilité plutôt impériales. Nous avons testé le Neo 2, désormais uniquement proposé en 29 pouces.
Parlons tout de suite des choses qui fâchent… Tout comme ses homologues, avançant surtout l’explosion des coûts des matières premières et du transports via containers, Cannondale n’échappe pas à la flambée des prix actuelle. Entre la version 2020 et la 2021, le Neo 2 – le modèle situé juste sous le plus haut de gamme du catalogue – a donc pris 500 euros. Pour ce tarif, pas de changement majeur, hélas, mis à part quelques détails comme les roues (Stan’s Notubes Flow S1 pour le 2020 contre WTB ST i30 TCS pour le 2021) ou encore le choix d’une autre monte de pneus. Option judicieuse au demeurant puisque, à l’avant, le plus limité Rekon du 2020 est désormais remplacé par le Dissector en carcasse Exo. Un modèle destiné aux terrains plus techniques, sorti en 2019 et développé par le pilote de DH australien Troy Brosnan, ici décliné dans sa version all-mountain/enduro plus légère. À travers cette modification, les ambitions du nouvel Habit sont posées : polyvalence, oui, mais tout en satisfaisant ceux qui voudraient rouler plus fort, sans pour autant aller jusqu’au Moterra et ses 160 mm de débattement, mais sans basculer non plus dans l’univers du semi-rigide en 100 mm occupé par le Trail Neo. Avec 140 mm à l’avant et 130 mm à l’arrière, l’habit se destine donc résolument aux amoureux du all-mountain, du trail, ceux qui roulent sur du beau chemin autant que sur du single, dans des reliefs vallonnés à montagneux… bref, à beaucoup de monde. Et c’est vraiment la première impression qui vient à l’esprit lorsque l’on s’installe aux 780 mm du guidon maison de ce Cannondale. On se sent immédiatement bien ! Le cadre légèrement sloping met en confiance. Et la confiance comme le confort semblent bien avoir été les axes d’amélioration de l’habit.alors que le millésime précédent se voyait proposé en roues de 29 et de 27,5 pouces, le 2021 ne figure plus au catalogue qu’en 29 pouces, y compris en taille S. La raison annoncée? Offrir plus de polyvalence d’utilisation au coeur de gamme Cannondale, pour l’emmener aussi sur des pentes plus marquées. Le buste relativement droit, l’assise assez à l’aplomb du pédalier avec ses 75° degrés d’angle de tube de selle, l’habit n’impose pas une position marquée mais mise sur l’accessibilité, et c’est bien vu au regard du large public qu’il pourra intéresser. Tout de suite aussi, les leviers Magura MT Trail Sport offrent une préhension facilitée assez typée : leur forme recourbée cale habilement les doigts, un peu comme des leviers de moto.
Moteur, action !
L’ordi de bord Kiox, le display le plus complet et haut de gamme du motoriste allemand Bosch, s’associe à l’application ebike Connect pour personnaliser son affichage, afficher votre trace, enregistrer vos fréquences cardiaques (via un cardio Bluetooth) et vos données de sortie… Commandée par le remote au guidon, elle préside au contrôle du Bosch Performance CX Line Gen 4, bloc le plus sportif et performant du marché à ce jour selon nous. Côté autonomie, Cannondale part sur une batterie Powertube de 625 Wh dans les bons standards du moment, dont l’intégration associée à la forme du cadre et au choix de placement de l’amortisseur Rockshox Deluxe Select+ permet l’installation d’un porte-gourde. Un plus toujours sympa pour les sorties ! Alors, puisqu’on en est rendu là, à parler de l’amortisseur, autant vous dire tout de suite qu’après un réglage du SAG à 30 %, on a été bluffé par le fonctionnement de l’ensemble de la cinématique et ce, même si sur le gras hivernal, le Rekon à l’arrière ne garantit pas un grip des plus fous. Un peu à la manière de l’amortisseur Magic Grip Control de Moustache, le Rockshox Deluxe assure une lecture du terrain parfaite et donne cette sensation d’un arrière « collé au sol », y compris sur les plus petits chocs et à vitesse soutenue. Bilan, aucune perte d’adhérence et une efficacité impressionnante de la traction dans les parties roulantes, en faux plat montant parsemé de petites racines ou de pierres, par exemple. En revanche, revers de la médaille accentué par son poids pas des plus affûtés (23,7 kg), il laisse aussi l’impression de devoir s’employer un peu plus pour le rendre joueur au décollage sur les reliefs. Avec ses bases plutôt courtes, et malgré ses « grandes roues », l’habit tournicote avec aisance, y compris pour les virages un peu serrés façon demi-tour. Très stable, avec un positionnement du moteur bas et plutôt sur l’avant, il offre pourtant une garde au sol suffisante qui vous évite le désagrément de manivelles qui tapent au pédalage dans les dévers. Dans les grimpettes, on se reposera sur le fonctionnement aussi linéaire que puissant du Bosch Performance CX de dernière génération.
La cinématique donne l’impression d’aspirer le terrain. Aucun petit choc n’échappe à sa lecture !
Même sur le mode Turbo, il n’est pas outrageusement agressif et reste aisément exploitable.
Homogène et plaisant
Selle en bas, buste sur l’avant, cadence de pédalage autour de 70 rpm, il suffit de le laisser faire pour arriver en haut sans s’affoler, mais en ayant utilisé tous les étages des 12 vitesses de la transmission Shimano SLX agrémentée d’une cassette en 10-51… Enfin, après avoir fait glisser à l’étage supérieur trois des cinq entretoises initialement installées ! Un abaissement et un gain de stabilité appréciables pour nous, qui a équilibré encore davantage l’habit et a évité de transformer son agilité en une trop grande (et contre-productive) vivacité. Sur ce point, alors que nous bataillions dans les raidillons parsemés de racines, nous avons aussi vraiment apprécié le design du cadre, qui permet de poser le pied et de se sortir indemne de situations scabreuses. En descente, l’habit séduit aussi par l’équilibre entre précision et aplomb qu’il offre. Les freins Magura MT Trail 4 pistons à l’avant attaquent franchement, avec un certain mordant mais pas de violence outrageuse pour autant, d’autant qu’ils se font plus onctueux et doux dans la progression du freinage. On s’engage sans trop réfléchir dans les portions plus cassantes, laissant volontiers faire le vélo et ses roues de 29. Et les Maxxis en 2,6 profitent à plein de leur rôle rassurant (tant que ce n’est pas trop gras… quoique, même en conditions humides, le Dissector tienne plus que le coup, alors qu’il est donné pour terrains secs et cassants, et c’est une bonne surprise !). Les 140 mm de la Rockshox 35 Gold RL, ouverte davantage en détente et gagnant ainsi en progressivité, suivent les mouvements du terrain aussi bien que l’amortisseur. Sur notre terrain de jeu du moment, fait d’alternances entre coupsde-cul raides, sentiers roulants larges ou plus tortueux – un profil résolument allmountain –, le plaisir distillé par l’habit Neo est manifeste. On descend toujours du vélo avec la conviction que c’est un excellent e-bike, homogène et complet, qui saura séduire une très large part d’utilisateurs. Parce qu’à chaque fois, on se réjouit de son comportement moteur qui
Pour rouler plaisir sur les terrains variés mais aussi plus enlevé dans le dénivelé, il répond présent !
répond toujours présent et soutient parfaitement ses aptitudes dynamiques, en montée comme en descente. C’est moins vrai au-delà de l’assistance car, passé 25 km/h, l’inertie au pédalage du Cannondale reste importante. Le fruit d’un choix de monte pneumatique aux sections imposantes et au dessin avant misant sur le grip et le contrôle plus que sur le rendement ? Peut-être, mais, moteur éteint, vous ne ferez pas l’expérience de roulage la plus agréable au monde avec un e-bike. En un sens, ça tombe bien, il n’est pas fait pour ça. D’ailleurs, pour l’éviter, mieux vaut savoir que notre test d’autonomie nous a laissés à sec après 37,35 km et 1 250 m de dénivelé positif. Rien d’alarmant, puisque celui-ci a été réalisé en mode Turbo en montagne, par des températures avoisinant les -9 °C ! Le froid contribuant largement à rendre l’assistance plus gourmande, vous flirterez sans souci avec les 60 km en mode Tour (47 en mode EMTB, selon la pondération du comparateur d’autonomie en ligne Bosch) sous des températures plus clémentes.
Habit du dimanche par excellence
Avec cet Habit 2021, Cannondale a donc touché juste pour séduire ceux qui aiment les e-bikes à même de les emmener pour leur sortie du dimanche (du samedi et tout autre jour aussi !), à se tirer la bourre entre amis. Il donnera le meilleur dans les conditions les plus couramment rencontrées par la majorité d’entre nous, à savoir de belles tranches de roulage dans les sentiers et les chemins de campagne vallonnés à plus pentus, ne rechignant pas sur les portions un peu plus délicates, surtout en descente. Mais si vous aspirez au bike-park ou à un roulage résolument engagé, misez plutôt sur le Moterra. Pour notre part, le plus étant parfois l’ennemi du bien, nous avons vraiment apprécié cet Habit. Tout comme son modèle non-électrique, on peut l’emmener au-delà de son programme grâce à sa capacité surprenante à encaisser les chocs, même les plus grosses cassures et les sauts, malgré un débattement qui peut sembler modeste. Même si, à ce tarif, on aurait salué l’adoption d’une transmission XT plus que la gamme SLX, afin d’en assurer davantage la longévité. Reste que la gamme Habit vous donnera le choix, avec 5 modèles s’étalant du 1 (haut de gamme à 7 599 euros) au 4 (4899 euros), pour lesquels la transmission (du XT mais avec mélange de composants SLX pour le 1 ; du Deore pour le 4), les suspensions (Rockshox Pike Select et Rockshox Deluxe Select+ RT pour le Premium; Rockshox Recon Silver RL et Rockshox Deluxe Select R pour l’entrée de gamme), les freins (Magura MT5 Trail 4 pistons pour le 1 ; TRP Slate G4 4 pistons pour le 4) et la batterie (Bosch Powertube 625 Wh dès le 4+ et 500 Wh pour le 4) font majoritairement la différence. De quoi trouver un costume à la mesure de vos possibilités.