Rocky Mountain Growler Powerplay 30
Petit dernier de la famille des Powerplay, le Rocky Mountain Growler permet d’ouvrir la tendance électrique aux budgets plus serrés, tout en offrant le maximum de la technologie Rocky. Alors, autant ne pas se priver d’une franche éclate à son guidon !
Après sa belle série de VTTAE allmountain et enduro, Instinct et Altitude Powerplay (140 à 155 mm de débattement), Rocky Mountain s’ouvre donc à l’univers des semi-rigides, certainement plus par nécessité du marché que par conviction. Car s’il est indéniable que des suspensions, si possible à grands débattements, ont tout leur intérêt sur un VTT électrique, le poids ayant moins de conséquence, il n’en reste que ces produits atteignent forcément des tarifs non accessibles à tous. Produire un modèle hardtail s’avère donc nettement moins coûteux, avec un budget final pouvant alors se permettre d’avoisiner les 3 000 euros, voire de passer sous cette barre pour certaines marques. Et si avec ce Growler, pour l’instant unique représentant de sa famille, la marque canadienne reste dans des tarifs élevés, il se montre plus accessible que les modèles suspendus précités, et nous ne pouvons que nous en réjouir, au même titre que tous les amoureux de la marque à la feuille d’érable. Car visuellement, aucun doute de filiation pour ce petit trail, qui contient tout L’ADN de nos cousins d’outre-atlantique.
ADN enduro
Nous retrouvons donc un cadre en aluminium Form à la géométrie très sloping, avec batterie intégrée dans la poutre diagonale, le tout couplé au moteur « maison » Dyname 3.0, identique à toute la gamme Powerplay. Esthétiquement, nous retrouvons logiquement les codes couleurs et la sobriété du moment, mais avec un bémol dû aux gros cordons de soudure peu attrayants et un manque d’harmonie sur la « boîte » contenant le moteur, alors qu’il aurait été simple d’en « casser » le volume autrement qu’avec un cache noir.au niveau équipement, et pour ce type de gamme, nous ne trouvons rien à redire, le Growler s’avère être dans la bonne mouvance, avec une fourche SR Suntour de 34 mm de diamètre, certes limitée à 130 mm de débattement, mais de bonne facture, une transmission en Shimano Deore à 12 pignons, formidablement étagés, des freins en 203 et 180 mm de diamètre et des roues WTB en 35 mm de large avec pneumatiques en 27,5 Plus, sans oublier l’indispensable tige de selle télescopique. Côté motorisation, nous l’avons dit, place au moteur Dyname 3.0 doté d’un couple de 108 Nm, avec batterie intégrée de 672 Wh, non amovible, mais à charge rapide et commande minimaliste i-woc Trio V3. Nous ne reviendrons pas sur le fait que la batterie ne soit pas démontable, comme sur les Instinct et Altitude, l’argument de Rocky Mountain se justifiant par un souci esthétique et par le fait que les potentiels clients de ce type de vélo possèdent logiquement un garage avec prise électrique. En revanche, on notera les fixations, dans le triangle avant, de points de support permettant l’emport pour la batterie supplémentaire Overtimepack, offrant 330 Wh supplémentaires. Autant dire de quoi voir venir pour les très longues sorties. En matière de prise en main, le Growler affiche une géométrie très moderne, mais également relativement typée enduro, avec un long tube supérieur et un poste de pilotage couplant petite potence et (très) large guidon. La selle WTB s’avère juste confortable, et l’on se dit qu’il serait grand temps que les marques offrent plus de confort du côté des fessiers, le poids ne créant plus guère de handicap sur un vélo électrique. Côté mise en route, la commande est très intuitive, avec un appui sur le bouton central pour mettre en route le moteur, puis des boutons, haut et bas, avec codes couleurs lumineux pour les quatre modes d’assistance. Mais on pourra reprocher à cette commande, tout en plastique dur, de manquer également de confort. De plus, elle est dépourvue d’écran de contrôle et, à moins d’installer votre smartphone au guidon, il vous faudra gérer votre assistance et votre autonomie à l’instinct. Rien de rédhibitoire et autant de plaisir que de rouler « aux sensations » sans
Accessible aux budgets plus limités, le Growler offre le meilleur des Rocky Powerplay.
aucune crainte pour l’exposition aux chutes d’un quelconque écran. En revanche, votre même smartphone vous permettra de gérer avec exactitude et selon vos désirs chaque mode d’assistance. Aussitôt dit, aussitôt fait, et le moindre coup de pédale avec le Growler déclenche l’assistance désirée, sans à-coups ni temps de latence. Le procédé unique utilisé par Rocky Mountain sur son moteur faisant appel à un capteur électromagnétique qui mesure instantanément la tension de chaîne, via un pignon déporté du pédalier classique, l’assistance se met en route à chaque tension de chaîne, alors que le procédé de ce pignon de renvoi offre moins de frictions et peu de bruit au pédalage. Et s’il est vrai que ce Rocky est censé se limiter à une utilisation en pratique trail, il possède bien tous les atouts d’un grand, pour viser loin en matière de motorisation. Et avec son « gabarit » de VTT all-mountain, voire enduro, on se prend rapidement au jeu de vouloir taquiner un peu trop les zones techniques à son guidon. Guidon qui, justement, pèche un peu par sa largeur, et surtout son inconfort. Car sans suspension arrière et avec seulement 130 mm à l’avant, les bras, et les poignets « prennent cher »
Quand Rocky Mountain passe le cap du VTTAE hardtail, le résultat est au rendez-vous.
dans les zones cassantes, même si les énormes sections, en 2,8 pouces, des pneus Maxxis Rekon, assurent le job. En fait, pour les pratiquants enduro, fans de la marque, le Growler pourra un temps vous faire penser qu’il est possible de lui « taper dedans » en matière de pilotage, et c’est exact, mais encore faudra-t-il avoir les bras pour ne pas souffrir.
Franchisseur
De même, le manque de suspension arrière nécessite forcément de revoir ses envies d’escapade sur pistes tortueuses et autres jumps, et de s’orienter plutôt vers des single-tracks bien « huilés ». Alors, une fois ses ambitions revues à la baisse, et plus en accord avec ce bike, l’on pourra en savourer toute la quintessence. Car le Growler dispose des meilleurs attributs des vélos de cette catégorie, avec un comportement relativement nerveux grâce à son moteur démoniaque, mais aussi sa géométrie compacte et son bon angle de fourche. Il allie parfaitement maniabilité pour se faufiler entre les arbres, et stabilité pour enquiller les descentes rapides sans sourciller d’une once. Bien posé au sol, il ne pèche pas par un arrière qui rebondit à chaque secousse du terrain, et conserver son cap reste d’une extrême facilité. Mais attention tout de même à une pression trop basse dans le pneu avant, qui peut rendre floue la précision du coup de guidon. Si bien que l’on se dit qu’un montage en pneu plus étroit à l’avant ne serait pas superflu. En revanche, ce montage montre toute son excellence dès lors qu’il s’agit de s’attaquer aux grimpettes, même les plus sévères. Car dans l’exercice, le Growler se montre irrésistible, toujours grâce au moteur et aux gros ballons des pneus, mais aussi (et surtout) à son montage en 12 pignons parfaitement étagés, de 10 à 50 dents ! Autant dire que cette transmission première, couplée à un pédalier en couronne de 34 dents, permet d’escalader les pentes les plus raides sur les sols les plus tortueux possible. Et sans solliciter plus encore les modes d’assistance moteur, chaque passage de pignon vers un plus grand donne véritablement un coup de boost au pédalage pour rejoindre tous les sommets. Autant dire que le vélo compense son manque de suspension, sans pour autant patiner de l’arrière, si bien qu’envisager quelques séances de franchissement à son guidon devient fortement envisageable. Il n’en reste que la vocation première de ce sympathique petit vélo demeure le trail, pour ne pas dire la randonnée loisir, et que pour cela, il a tout d’un grand. Mais les puristes sans le sou attendront volontiers une version plus typée endurigide. Vite !