eBike

Sébastien Poirier

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Le tribunal judiciaire de Paris* a finalement donné raison à la Fédération française de cyclisme dans l’affaire qui l’oppose à la Fédération française de motocyclis­me autour du dépôt illégal de plusieurs marques et acronymes se rapportant au VTTAE. Parole au perdant avec Sébastien Poirier, récent président de la Fédération française de motocyclis­me. *Jugement du 18/12/2020.

La FFM a-t-elle fait appel de cette décision de justice ou bien la hache de guerre entre les fédération­s moto et vélo est-elle définitive­ment enterrée ?

Nous ne sommes pas en guerre avec nos amis de la FFC, toutefois on a interjeté appel de cette décision. Ce jugement ne porte d’ailleurs que sur des marques que l’on avait déposées (telles que VTTAE, e-bike, etc., ndr), et non pas sur un contentieu­x autour la délégation du VTTAE, à savoir qui à l’avenir devra encadrer le VTTAE.

La fédération moto revendique donc toujours sa compétence autour du VTTAE ?

Oui ! Le VAE est un véhicule terrestre à moteur et on est à ce titre légitime, on a toute une série d’arguments à faire valoir auprès du ministère pour revendique­r la délégation de cette activité. Que ce soit un VAE de moins de 250 watts ou d’une puissance supérieure n’est pas le sujet, on revendique cette compétence sur l’ensemble de ces machines.

Vous avez donc toujours pour ambition d’organiser des épreuves et championna­ts de VTTAE en 2021 ?

Bien sûr ! Nous avons d’ailleurs six épreuves VTTAE prévues au calendrier FFM. Nous avons des clubs affiliés, des référents qui travaillen­t au développem­ent de cette pratique. Rien de cela n’est remis en cause par cette décision de justice qui, je le rappelle, ne porte que sur le droit des marques.

Comprenez-vous que nombre de cyclistes – musculaire­s ou avec assistance électrique – soient étonnés par l’appétit de la FFM envers le VTTAE, ce qu’on pourrait voir comme une “récupérati­on” de la part d’une fédération moto ?

On ne souhaite pas faire de la récupérati­on. Mais à partir du moment où on souhaite organiser des compétitio­ns de VAE, on met en place des règles techniques spécifique­s. Ça n’aurait pas sens d’imaginer des règles rédigées d’un côté par la FFC pour des véhicules de moins de 250 W et d’autres par la FFM pour les plus de 250 W ! Par ailleurs, on sait tous que cette limite de puissance est aujourd’hui impossible à contrôler. La FFC tiendra sans doute un autre discours et on aura l’occasion d’échanger avec eux à l’avenir pour avoir une vision d’ensemble.

De nombreux pratiquant­s VTTAE viennent de la moto, notamment de l’enduro. Avez-vous peur, à terme, d’un glissement d’activité vers le vélo à assistance électrique au détriment de la pratique moto ?

Non, je pense que les pratiques sont complément­aires. Il y a beaucoup d’enduristes moto qui pratiquent le VTTAE. Ce que l’on note, c’est qu’avec ce type de machine et au travers d’équipement­s sportifs moto, on répond également à de nouveaux publics. C’est ça l’objectif, il ne faut pas opposer les deux pratiques. Et puis, il faut relativise­r : on ne s’attend pas à licencier des centaines de milliers de sportifs à la FFM, même si la pratique du VTTAE se développe fortement.

Une réconcilia­tion FFM / FFC vous semble encore possible ?

Je le répète, on n’est pas en guerre avec nos amis de la FFC, nous sommes juste confrontés à une technologi­e qui avance. Il y a aussi un débat au sein de la FFC où, pour certains, le vélo ne doit être que musculaire, et assimilent l’assistance électrique à une forme de dopage mécanique : la FFC doit aussi se positionne­r par rapport à ça. On aura l’occasion d’en discuter au cours de l’année et développer notre argumentai­re pour envisager l’avenir. J’espère qu’on pourra avancer en bonne intelligen­ce, sans guerre de chapelle. Qu’on soit à la hauteur des enjeux. Puis le ministère chargé des Sports prendra ses responsabi­lités et fera alors son choix de délégation.

« On revendique la compétence VAE de moins de 250 watts et plus... »

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Président de la FFM

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