Essai Canyon Spectral:on CF 7 WMN
On espère vous avoir collé la chanson en tête pour la journée avec ce titre. Mais si on a peiné à voir plus qu’une peinture censée plaire à la gent féminine avec ce nouveau Spectral:on 7, on a adoré aller valser avec lui dans les sentiers !
«Le monde du VTT féminin se divise en deux catégories : les marques qui ont une démarche R&D spécifique pour les femmes, et celles qui changent juste la couleur de la peinture d’un modèle mixte. Toi… » Eh bien, toi, le Spectral: ON CF 7 WMN, tu fais partie de la deuxième catégorie, mais c’est pas grave, on ne t’en veut pas. Juste, c’est un peu dommage, parce que certains hommes trouveront sans doute ton coloris Shades of berry à leur goût et seront arrêtés par l’ajout du « WMN », qui renvoie donc à « Woman » et s’avère ici plus exclusif (au sens « d’excluant ») masculin qu’inclusif féminin. Pour le reste, effectivement, en dépit de la mention du site qui le précise, on a un peu peiné à trouver des « composants spécifiques pour les femmes », on est sur du quasi-kif-kif avec le Spectral:on 7 classique, essayé dans ebike n°24. On ne cachera donc pas notre petite déception, puisqu’on aurait au moins attendu un moule de cadre en XS, mais que le vélo n’est dispo qu’en S et M (avec les mêmes géométries que la gamme mixte, for sure, donc). Mais on ne boudera pas notre plaisir d’avoir retrouvé cette nouveauté 2021, qui avait plu à la rédaction par son caractère ludique et son accessibilité retravaillée. Avant ça, on avait effectivement gardé du Spectral le souvenir d’un vélo fun mais péchant parfois par une certaine instabilité, un côté un peu élitiste (vous savez, ce genre de vélo qui vient vous dire que vous ne roulez pas assez vite pour lui).
Léger, léger, léger
La version 2021 de ce Spectral 7 WMN a gardé le fun et gommé le trait exclusif pour proposer un vélo qui séduit d’emblée par sa facilité. Une sensation marquée par le choix réservé au modèle WMN de troquer les 780 mm du cintre maison par des 760 qui ne donnent pas l’impression de rouler avec des oursins sous les bras. On lance le nouvel EP8 de Shimano d’une pression sur le bouton joliment intégré au tube supérieur. Les 85 Nm de couple débarquent doucement mais sûrement sous la pédale, même en mode Boost, le plus élevé des trois proposés (Éco, Trail et Boost). L’onctuosité de l’assistance s’apprécie rapidement et son efficacité sur les portions ascendantes pas trop raides se fait jour. Le terrain sec de l’arrière-pays niçois n’occasionne pas de perte de motricité malgré la gravette, et le Spectral: ON déroule ce petit côté « tracteur » rassurant. N’allez pas croire qu’on pointe ici une certaine lourdeur de l’ensemble, au contraire ! Avec ses 23 kg tout juste, le :ON 7 WMN dégage une impression de légèreté, mais, comme tout est dans la nuance, elle ne se double pas ici du sentiment de vivacité poussé jusqu’à une certaine instabilité que l’on avait pu noter sur l’ancienne version.
Avec ses pneus de section 2.5 à l’avant et 2.6 à l’arrière, l’enduro Canyon s’est assagi pour donner le meilleur de son format mullet (29 à l’avant et 27,5 à l’arrière). Sur les courtes sections en montée, il faut continuer à s’activer et ne pas se laisser caler dans le bourrelet de selle pourtant prévu à cet effet. Mais en se plaçant bien sur le bec de l’assise afin de conserver l’appui à l’avant, la tendance historique à cabrer du Spectral s’amenuise largement. En somme, le cheval se dompte plus facilement et la puissance de L’EP8 passe très bien au sol pour délivrer un ensemble homogène dans les grimpettes… à condition qu’elles ne soient pas trop longues ni raides et que vous ne rouliez pas avec des ami.e.s équipés d’une motorisation Bosch dernière génération, qui, à modes d’assis
Le Spectral s’est assagi juste ce qu’il faut pour permettre d’apprécier plus son côté fun !
tance maximaux égaux, prendront assez rapidement les devants. Avec le Shim, il vous faudra prendre davantage le temps, mais vous pourrez profiter encore mieux de la vue ! Et apprécier aussi l’accroche des Maxxis. Sur les racines et les sentiers secs ou plus humides, on se sent d’autant plus en confiance que l’accord des suspensions Rockshox fait merveille. Dans le négatif, la configuration « mullet » donne son meilleur et on a véritablement la sensation que les 150 mm lissent les obstacles sous les pneus ou qu’ils vous invitent à jouer avec le relief pour décoller les roues à la moindre occasion. Surtout que les freins SLX 4 pistons en 203 mm confirment leur statut de meilleur rapport qualité/prix/prestations du moment ! Puissants mais pas mordants, constants même dans les longues descentes, ils mettent très largement en confiance et invitent à encore plus tirer parti du caractère joueur du Spectral. Avec ses bases courtes (435 mm), le Canyon se faufile partout et apprécie les épingles… à condition que la butée de guidon soit bien centrée. Sans quoi, vous pourrez vous retrouver avec un rayon de braquage sérieusement amoindri d’un côté ! Un souci bien vite réglé en recentrant l’élément destiné à la protection du cadre.
Baies rouges et chocolat
Pour son EP8, Shimano annonce un bruit réduit de 2 décibels. Pas rien, mais pas de quoi sauter au plafond non plus, quand on sait que l’académie nationale de médecine assure que « les sons inférieurs à 30 db ont peu d’intérêt car ils sont souvent masqués par des sons plus forts, et donc peu informatifs. Il faut tendre l’oreille pour les percevoir. » Il y a de fortes chances que vous entendiez davantage les marmottes, le craquement des branches sous vos roues ou le train roulant sur le sol que la réduction sonore, mais un peu moins de bruit moteur ne fait de toute façon jamais de mal ! On aurait aussi aimé un peu moins de friction moteur éteint, pour rendre l’expérience de pédalage globale encore plus plaisante. Surtout si vous vous faites piéger par la dernière bûchette d’autonomie, qui a tendance à fondre comme neige au soleil… voire comme chocolat dans le micro-ondes puissance maximale ! Plus puissant, L’EP8 se montre également comme le chocolat, c’est- à- dire plutôt gourmand. Et malgré la légèreté du vélo et sa batterie de 630 Wh, en mode Boost, sur nos reliefs alpins aux fortes inclinaisons, notre test d’autonomie nous a permis de réaliser 26 km et 1 154 m de dénivelé positif. Canyon a donc privilégié l’expérience de roulage et l’assistance pêchue sur les relances, quitte à rogner un peu sur l’autonomie délivrée. Un paramétrage que vous pourrez ajuster via l’appli Shimano E-tube Project, en paramétrant deux types de profil aux caractéristiques différentes. Au final, avec cette version WMN, Canyon ajoute un nouveau coloris et un cintre plus étroit à son arc pour son enduro référence, qui, même s’il voit son tarif impacté par l’explosion des coûts de transport et des matières premières passer la barre des 5 000 euros, demeure une valeur sûre en termes de rapport prix/plaisir procuré sur les sentiers.