Carbonisation réussie
Le VTTAE « version carbone » s’est fait un peu attendre dans la gamme Giant. Elle est désormais disponible avec cette version Advanced du Trance X E+. Une transformation réussie sur le terrain…
En version alu, le Giant Trance X E+ dans sa cuvée 2021 nous avait vraiment séduits. En 2022, la plateforme évolue à nouveau et les Taïwanais dégainent d’abord une version carbone aux lignes qui ne sont pas sans rappeler celles du Reign E+, mais qui restent plus modestes en termes de débattement. Le châssis de ce Trance X Advanced E+ qui offre 140 mm de débattement arrière (150 mm à l’avant) a été conçu dans l’usine de composites Giant. Le triangle avant a été assemblé et moulé en une seule pièce grâce à un processus de fabrication exclusif. En plus de ce lifting général, et de l’utilisation du carbone pour le cadre qui est d’ailleurs une première chez Giant en VTTAE, ce nouveau modèle orienté all- mountain reçoit un sacré paquet de modif’. L’adoption d’une nouvelle assistance Giant mise au point en collaboration avec Yamaha représente l’autre gros changement. Plus compact, plus léger d’environ 10 % ( annoncé à 2,7 kg), alimenté par une batterie de 625 Wh et développant désormais un couple de 85 Nm de couple (l’ancien était à 80 Nm), ce bloc remplace avantageusement le précédent qui restait dans le match en termes de performances mais dont les dimensions assez imposantes finissaient par ne plus franchement être dans les standards. On remarque également assez vite la nouvelle console Ridecontrol GO intégrée de la plus belle des manières dans le top-tube. Ce mini-tableau de bord permet de suivre grâce aux diodes de droite la consommation d’énergie de manière plus lisible que l’ancien système intégré à la commande au guidon. Les éclairages de gauche changent eux de couleur pour indiquer le niveau d’assistance enclenché. La mise en route du système se fait désormais sur ce Ridecontrol GO qui permet également modifier les paramètres du moteur. On retrouve en plus des cinq modes (« Eco », « Basic », « Active », « Sport », « Power ») l’option Smart Assist, dont les six capteurs intelligents mesurent avec précision la puissance appliquée aux pédales pour permettre au moteur de délivrer juste la bonne quantité d’assistance. Une sorte de mode « auto » qui permet de combiner efficacité et économie d’énergie. La commande des modes, désormais dissociée de la console, se trouve évidemment au guidon et vient se fondre dans la poignée gauche, devenant du coup très discrète et esthétique. Elle peut aussi bien être placée à gauche ou à droite. Les différentes fonctions des boutons peuvent être configurées, et donc personnalisées, grâce à l’application Ridecontrol. Une connexion bluetooth permet à votre smartphone de fonctionner comme un écran pour les données de trajet et les mises à jour du système.
Sérieusement équipé
D’un point de vue plus mécanique, on retrouve la traditionnelle suspension arrière Maestro avec ses quatre points de pivot placés et reliés stratégiquement. Un flip ship au niveau de la jonction entre la biellette d’amortisseur et la partie supérieure des haubans permet de modifier la géométrie. La position « haute » relève le boîtier de pédalier (+10 mm), redresse le tube de selle (+0.7°) et ferme l’angle de chasse (-0.7°), et inversement en position « basse ». Un détail intéressant qui permet d’adapter parfaitement le comportement du vélo au pilote, à ses envies et au terrain. La manip, très simple et rapide, peut se faire sans souci en milieu de sortie. Enfin,
Une sorte de mode « auto » permet de combiner efficacité et économie d’énergie.
un espace supplémentaire au niveau du triangle arrière permet de recevoir des pneus à gros volume (jusqu’à 2.6). C’est le sud de la France que Giant avait choisi comme théâtre pour présenter cette nouveauté. Comme souvent, c’est le modèle le plus haut de gamme qui nous a été proposé. Bien qu’elle ne convienne évidemment pas à toutes les bourses, cette version la plus chère reste particulièrement bien placée en termes de rapport équipement/prix. En effet, pour moins de 8 500 euros, elle propose une transmission XT, des roues et un guidon en carbone Giant, et surtout un ensemble Fox Factory Live Valve. En after-market, le tarif de ce système de suspension intelligente s’élève presque à la moitié du prix total de ce vélo. Avant de partir explorer la campagne, la première étape consiste évidemment à régler les éléments, et on commence par introduire la bonne quantité d’air à l’intérieur et à télécharger l’application Fox Live Valve qui permet d’ajuster une multitude de paramètres pour personnaliser sa suspension en fonction de son profil et du terrain. L’app propose cinq grandes logiques de fonctionnement avec chacune cinq niveaux d’ajustement. Parmi les différentes options proposées, entre « Commute » pour les sections plates, « Firm » où les éléments sont carrément verrouillés, « Sport » qui privilégie le maintien au confort pour rouler vite, « Open » où les suspensions restent ouvertes et « Confort » , le technicien Fox nous
conseille cette dernière qui permet un maximum de moelleux pour lisser au mieux ce terrain exigeant du Sud.
Un coup dans le vide
Une petite pression sur le bouton « marche/arrêt » du Ridecontrol GO et le tableau de bord s’illumine. Par défaut, il se met d’abord sur le mode Smart Assist avec cette petite diode bleue au milieu des cinq. Les boutons minimalistes, très proches et très sensibles de la nouvelle commande, obligent à être assez fin et précis. Il n’est d’ailleurs pas rare en action de se tromper ou d’appuyer sur les boutons sans s’en apercevoir. Les premiers coups de pédale mettent tout de suite en évidence les évolutions du moteur, qui se montre en effet très doux et silencieux. Quel que soit le niveau d’assistance, l’aide arrive de manière très instinctive et sans le moindre à-coup. Le mode « Smart Assist » permet d’évoluer sans effort, d’optimiser la consommation d’énergie et de garantir la traction. C’est souvent celui que l’on privilégiera sur les parcours du jour qui comportaient pas mal de dénivelé et de sections techniques à la montée. Le mode « Eco » délivre un degré d’assistance qui permet déjà d’évoluer à la montée dans des terrains bien pentus et techniques. Le mode « Power », où l’assistance est maximum, restant vraiment exploitable. Néanmoins, en termes de performances pures, on a du mal à sentir le gain de couple annoncé. On aurait même presque l’impression que l’ancien bloc offrait plus de force. On ressent également tout de suite la rigidité du cadre en carbone, accentuée à n’en pas douter par les roues et le cintre également dans ce composite sur cette version. On a eu beau tester les différentes configurations proposées par l’app Fox Live Valve, on a eu du mal à obtenir entière satisfaction avec le système. En fait, on a l’impression que le premier impact d’une série n’est pas parfaitement gommé par les suspensions. Comme si ce premier choc servait de mise en action du système. Car une fois passé ce premier stade, les éléments s’adaptent en effet parfaitement aux circonstances. Pour en avoir le coeur net nous aurions aimé déverrouiller totalement les suspensions mais l’option n’était pas accessible sur l’app. Tous ces para
Les terrains exigeants du sud de la France représentent une belle mise à l’épreuve.
mètres réunis ne contribuent pas forcément à nous mettre totalement en confiance dans les portions rapides de ces terrains exigeants. Heureusement, l’adoption du réglage « bas » du Flip Ship nous a permis de gagner en stabilité.
ADN préservé
Ces éléments en carbone qui ne garantissent donc pas le maximum de tolérance, apportent en revanche une précision intéressante, notamment à la montée. C’est d’ailleurs plutôt quand la vitesse se réduit qu’ils prennent l’avantage. Le vélo se fait léger et se révèle facile à placer sur la trace la plus adaptée. Même dans les pierres roulantes à la montée, la traction reste bonne malgré ces roues plutôt réactives. L’équilibre général du vélo permet des déplacements faciles dans les épingles serrées. La géométrie que l’on avait appréciée l’année dernière sur la version alu, et qui ne change quasiment pas sur ce modèle en carbone, garantit une polyvalence vraiment appréciable. Quelle que soit la pente, ou la configuration du tracé, le Giant se révèle parfaitement adapté en offrant un compromis parfait de maniabilité et de stabilité. Il ne craint pas non plus les inclinaisons importantes à la montée comme à la descente. Bien posé sur la selle, on peut s’engager dans des montées techniques sans craindre les cabrages. La hauteur du boîtier de pédalier identique à l’ancien modèle reste assez basse dans l’absolu, et explique que les manivelles pourtant courtes de 165 mm puissent toucher assez facilement le sol, surtout lorsque le châssis est en configuration « basse ». En revanche, l’encombrement réduit du moteur permet de heurter le sol bien moins souvent qu’avec l’ancienne version. Le mode « marche » donne satisfaction au niveau de son fonctionnement. Il faut juste bien s’appliquer pour garder le bouton adéquat appuyé sur cette commande vraiment sensible et de taille réduite.
Si le Trance X E+ s’est largement modernisé en 2022, il a su garder ses caractéristiques qui nous avaient tant séduits l’année dernière. Et si vous recherchez un vélo polyvalent et plutôt bien placé en termes de rapport équipement/ prix, ce Giant représente une option à sérieusement étudier. D’autant plus qu’une nouvelle version en alu au tarif sans doute encore plus attractif et disposant de ces mêmes évolutions devrait arriver en début d’année prochaine.
Quelle que soit la configuration du tracé, ce Giant offre un compromis parfait de maniabilité et de stabilité.