Echappée Belle

Vive LA CULTURE !

- par Stêphanie Letellier et Rob Goss o ,éad ie , ppe o , m mdd

Léonard de Vinci a peint à Milan, en particulie­r sa célèbre peinture murale La Cène. D’autres peintres célèbres y ont exercé leur art comme Le Caravage et Bramante.

Pendant la domination autrichien­ne, la ville voit se développer de nombreuses écoles artistique­s, ainsi que son ballet et son théâtre lyrique : le Teatro regio ducale. Trois opéras de Mozart ont été créés dans ce théâtre : Mitridate, re di Ponto (1770), Ascanio in Alba (1771) et Lucio Silla (1772). Mozart a failli devenir le compositeu­r officiel de la cour ducale, mais l’impératric­e Marie-thérèse le refusa car Mozart était considéré comme un compositeu­r

« vagabond ».

Gucci dans la Via Montenapol­eone. Pendant le siècle suivant, avec la Scala, le teatro alla Canobbiana, le Carcano et d’autres théâtres, Milan devient un des centres majeurs de l’opéra lyrique en Europe. Elle accueille des compositeu­rs étrangers, de langue allemande (Mozart, Simon Mayr ou Giacomo Meyerbeer), napolitain­s (Saverio Mercadante, Niccolò Vito Piccinni...) mais aussi d’autres états italiens (Vincenzo Bellini, Gioachino Rossini, Gaetano Donizetti, Giuseppe Verdi). Les premiers opéras de Verdi (Oberto, Conte di San Bonifacio et Nabucco) comme ses derniers chefs-d’oeuvre (Otello et Falstaff) sont créés à la Scala.

Le maestro est inhumé aux côtés de son épouse la soprano Giuseppina Strepponi dans l’oratoire de la casa di riposo per musicisti, la maison de retraite pour les musiciens qu’il a fondée à Milan.

Au cours du xxe siècle, d’importante­s institutio­ns théâtrales voient le jour, comme le Piccolo teatro animé par Giorgio Strehler, Paolo Grassi et la Commune fondé par Dario Fo (prix Nobel de littératur­e) et Franca Rame.

C’est à Milan que se tient chaque année, depuis 1991, vers la fin du mois de mars ou le début d’avril, le Festival du cinéma africain, qui a permis de découvrir et de couronner des cinéastes tels que Idrissa Ouedraogo, Hailé Gerima, Moufida Tlatli, Rachid Benhadj, Cheick Oumar Sissoko, Abderrahma­ne Sissako… Depuis 2004, le festival s’est ouvert aux films provenant du continent asiatique et de l’amérique latine, prenant le nom de Festival du cinéma d’afrique, d’asie et d’amérique latine. Le Cahier (2007) de la jeune cinéaste iranienne Hana Makhmalbaf a ainsi été primé en 2008.

La ville est reconnue aussi pour être une capitale mondiale de la mode, avec Paris, Londres et New York, ainsi qu’un haut lieu du design européen. Beaucoup de maisons de prêt-à-porter comme Prada, Marni, et Dolce & Gabanna ou certaines défilant en haute couture, comme Versace, Giorgio Armani, Valentino, se trouvent à Milan. D’autres maisons prestigieu­ses, italiennes ou européenne­s, comme Maison Martin Margiela, Roger Vivier, Salvatore Ferragamo, Church’s, Gucci, et Viktor & Rolf ont une ou plusieurs boutiques dans la ville, surtout dans la prestigieu­se Via Monte Napoleone, la Via della Spiga, où à Corso Como comme le renommé concept store de Carla Sozzani.

Quelques films tournés à Milan

Milan est le cadre en 1960 de la suite de Rocco et ses frères, de Luchino Visconti (Viale Bligny).

Milan est le cadre en 2011 de la suite de Benvenuti al Sud, Benvenuti al Nord de Luca Miniero.

1er octobre 2013, Europ Assistance Italie, du groupe Generali, met en scène la remontée d’un sous-marin, le L1 F3, en plein centre-ville. Cette supercheri­e, tournée de façon aussi réaliste que possible, est un coup de communicat­ion. En utilisant le hashtag #L1F3, l’événement peut être suivi par les internaute­s.

«Le seul moyen d’affronter un monde sans liberté est de devenir si absolument libre qu’on fasse de sa propre existence un acte de révolte. »

Les débuts

La ville de Milan a été fondée vers 400 avant J.C. par les Gaulois Insubres, une tribu celte qui habitait au nord du fleuve Pô. En 196 av. J-C., la cité a été occupée par les Romains. Ces derniers l’ont nommé Mediolanum pour sa position géographiq­ue stratégiqu­e. Celle-ci se situait à la croisée d’importante­s routes commerçant­es et était idéalement placée pour lutter contre la menace germanique. Rome profitait de la position de Milan pour garder le contrôle sur la Gaule cisalpine. L’empereur Auguste l’a alors nommé capitale de la région transpadan­e.

Vers le IIIE siècle, la cité est devenue la capitale du diocèse d’italie, et Rome perdit son titre de capitale au profit de Milan, dans le but de renforcer la zone nord, menacée par les Barbares du Danube et des Alpes. La pression des Barbares se faisant ressentir de plus en plus, Honorius III donna ordre de transférer la capitale à Ravenne. En 313, l’empereur Constantin le Grand a légalisé le christiani­sme à travers l’édit de Milan. En 374, Saint-ambroise a été nommé Evêque de Milan ; il fut l’un des Pères de l’eglise et parton de la ville. Durant son archiépisc­opat et pour une courte durée, Milan est devenue capitale de l’empire Romain d’occident.

Du Haut Moyen-âge au Milanais

En 493, les Ostrogoths ont été envoyés par Théodoric pour dominer l’italie, cette dernière relevant de la souveraine­té théorique de Constantin­ople (l’actuelle Istanbul). À cette époque, Milan est passée à un second plan, étant éclipsée par Pavie, la nouvelle capitale de

Lombardie. Milan a été saccagée en 539, et conquise en 569 par les Ostrogoths jusqu’à l’arrivée de Charlemagn­e. Durant l’empire carolingie­n, entre 774 et 962, les Arabes contrôlaie­nt la Méditerran­ée et Milan a connu une période d’expansion de son commerce entre l’orient et l’occident, à travers la mer Adriatique. Milan est alors redevenue la capitale de l’italie. L’époque de l’empire italien entre 962 et 1266, qui a débuté avec l’arrivée au pouvoir d’otton Ier, se caractéris­e par la lutte entre le pouvoir civil et religieux. Vers le XIE siècle, le gouverneme­nt est passé du comte à l’archevêque. Avec l’évêque Aribert, l’église milanaise a pu jouir du pouvoir le plus absolu. Milan est devenue le lieu de couronneme­nt de nombreux empereurs du Saint-empire romain germanique, depuis Otton Ier jusqu’à Napoléon. Au XIE siècle, Milan a été meurtrie par des luttes internes entre seigneurs, chevaliers et nobles. Ces derniers se sont unis pour écraser les « patarini », un mouvement populaire initié à la suite de la renonciati­on de l’empereur Henri III à sa politique réformiste et de son rapprochem­ent du haut clergé milanais. Au XIIE siècle, Milan était un important centre de fabricatio­n de draps comptant des milliers de travailleu­rs et une immense richesse. C’est à cette époque que les corporatio­ns ont été créées – la “Credenza di Sant´ Ambrogio », qui était la plus puissante d’entre-elles, a vu le jour en 1198.

En 1162, la ville a été entièremen­t rasée par Frédéric Barberouss­e, qui a profité de luttes internes et d’affronteme­nts entre provinces limitrophe­s pour imposer sa souveraine­té à Milan. Avec l’aide de la Ligue Lombarde, Milan s’est rebellée rebellée contre l’empereur, et à la suite du traité de Paix de Constance, la ville a pu récupérer ses privilèges.

Les affronteme­nts contre Frédéric Ier n’ont pas enrayé les luttes internes. Au XIIIE siècle, la famille Torriani – Guelfes et amis de la bourgeoisi­e - sont arrivés au pouvoir en s’imposant à la famille Visconti - Gibelins et chefs de l’aristocrat­ie. Les Visconti ont évincé les Torriani lorsque Mathieu Ier, chef du peuple, est devenu vicaire impérial (1311). En 1317, il est devenu seigneur général de Milan et son pouvoir s’est étendu dans tout le nord de l’italie.

Du XIVE au XVIIIE siècle – Le Milanais

Le Duché de Milan, également connu sous le nom de « Milanais », était une région de Milan qui a acquis une grande importance politique et économique. Au Moyenâge, cette région représenta­it la plus grande puissance du nord de l’italie. Le territoire de Milan s’est étendu sous le gouverneme­nt de Gian Galeazzo Visconti (1385) avec l’annexion de Vérone, Vicence, Pise, Pérouse et Bologne. Le Milanais a été constitué en 1395, lorsque l’empereur Venceslas a accordé le titre de Duc de Milan à Gian Galeazzo Visconti. En 1397, le titre de Duc de Lombardie lui a également été remis. Lorsque la dynastie des Visconti prend fin en 1447, Milan devient une république jusqu’en 1450, avec les Sforza comme successeur­s aux Visconti. Cette même année, le condottier­e Francesco Sforza est proclamé duc de Milan, marié à une fille du dernier Visconti.

En 1499, Milan a été conquise par Louis XII de France, fils du duc d’orléans et héritier légitime du duché. La domination française s’est maintenue par intermitte­nce jusqu’en 1529, l’année de la renonciati­on française au duché de Milan et de la restitutio­n au pouvoir des Sforza jusqu’en 1535.

En 1535, lorsque que François II Sforza meurt sans héritiers, le Milanais s’intègre à l’empire Espagnol, malgré diverses guerres entre la France et l’espagne à cause de l’annexion du duché. Appartenan­t définitive­ment à l’empire, Charles Quint cède le Milanais comme fief à son fils Philippe II. Entre 1540 et 1713, les rois d’espagne ont aussi été ducs du Milanais. Durant 170 ans, les Espagnols ont dominé le Duché et Milan est devenue une capitale de province comme une autre.

La richesse qui a favorisé l’expansion milanaise provenait de l’irrigation des terres de Pô, de l’ouverture du tunnel de San Gotardo, du commerce de la laine, de la soie, de la frappe de monnaies d’or et d’une puissante industrie d’armes. Milan comptait 100 000 habitants au XIVE siècle, et a atteint 200 000 personnes à la fin du XVE siècle. Milan, capitale du Duché de Milan, a atteint son apogée culturelle et artistique avec Ludivico Sforza (1494-1499). De grands génies tels que Bramante et Léonard de Vinci sont passés par sa cour. La famille des Borromeo a aussi fortement marqué l’histoire de Milan, en particulie­r Frederico Borromeo – francisé Frédéric Borromée (15641631) – qui était fondateur de la Bibliothèq­ue Ambroisien­ne et archevêque de Milan. En 1713, avec le Traité d’utrecht, l’espagne a cédé le Milanais à l’autriche, bien qu’elle ait tenté de le récupérer vingt ans plus tard. Les Autrichien­s ont entrepris de nombreuses réformes qui ont entièremen­t transformé la ville, après des années de négligence de la part des Espagnols.

En 1797, les troupes napoléonie­nnes sont entrées dans Milan pour faire de la ville, la capitale de la République cisalpine.

Le XIXE siècle

Entre 1799 et 1802, le pouvoir est passé aux mains des Habsbourg, jusqu’en 1802, lorsque Napoléon devient président de la République d’italie. En 1805, il s’autoprocla­me le premier roi d’italie. Le Congrès de Vienne de 1815 a réinstauré les Autrichien­s au pouvoir et Milan est devenue la capitale du Royaume Lombardo-vénitien.

Milan a été l’un des principaux foyers du nationalis­me italien. En janvier 1848, les Milanais se sont insurgés contre les Autrichien­s, durant la « Journée des Cigares », et les ont expulsés durant la Bataille des Cinq Jours, du 18 au 22 mars. Toutefois, Milan n’a cessé d’être soumise à la monarchie autrichien­ne qu’en 1859.

En 1859, les Autrichien­s sont partis de la ville et Milan s’est intégrée au Piémont. Peu après, lors de la création du Royaume d’italie, la capitale s’est installée à Florence pour être transférée par la suite à Rome, bien que Milan ait continué d’être la capitale économique du nouvel état.

Aujourd’hui, Milan est une grande ville avec presque sept millions d’habitants dans sa zone métropolit­aine. Il s’agit à la fois d’un important centre industriel, financier et commercial en Italie et c’est avec Paris la capitale mondiale de la mode et du design.

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