Echappée Belle

UNE BONNE SOUPE de culture, ca vous dit?

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Dans le Sud, vous rencontrer­ez au milieu des palmeraies ces superbes bâtisses fortifiées en pisé. Autrefois résidence du seigneur, la kasbah joua un rôle fondamenta­l pendant des siècles. Elle servait à la fois d’abri pour les récoltes et de refuge aux oasiens face aux pillards du désert.

Comme toutes les maisons traditionn­elles du Sud marocain, les kasbah sont bâties en pisé, mais sur des fondations en pierre.

Les kasbah comprennen­t 3 niveaux :

le rez-de-chaussée est consacré aux animaux, avec une étable et une pièce pour les activités agricoles ; le 1er étage est l’espace central, réservé aux femmes, avec sa cuisine à ciel ouvert ; le 2e étage est constitué du salon de réception, où se retrouvent les hommes. Lensemble est coiffé d’une terrasse.

Certaines de ces kasbah, inscrites au Patrimoine mondial de l’humanité par l’unesco à la fin des années 1980, font l’objet d’un programme de conservati­on. Plusieurs kasbah forment un ksar (au pluriel ksour), c’est-à-dire un village fortifié aux ruelles couvertes.

Les riad et les dar

Ne pas confondre : dans les médinas très touristiqu­es des villes impériales comme Marrakech ou Fès, on utilise le terme « riad », par abus de langage, pour désigner les maisons traditionn­elles construite­s autour de cours intérieure­s. Or, le terme riad signifie « jardin clos » : il est toujours de plain-pied. Tandis que dar veut dire « maison » et compte jusqu’à 2 étages, un salon de réception au rez-de-chaussée et une terrasse. La plupart des cours intérieure­s étaient plantées de 4 parterres ou de 4 arbres entourant une fontaine, sur le modèle du jardin arabe.

La vie familiale s’organise autour de ces cours intérieure­s, les différente­s pièces ne communiqua­nt pas nécessaire­ment entre elles. Il faut souvent repasser par l’espace central sur lequel donnent les fenêtres, alors que les murs donnant sur la rue ne disposent souvent d’aucune ouverture. Rien ne permet donc, depuis la rue, de deviner la splendeur de ces riads, cachés derrière leurs murs aveugles. Selon la richesse de son propriétai­re, la grandeur et le nombre des pièces d’une maison varient, mais c’est surtout la décoration intérieure qui fera la différence.

La tente berbère

C’est l’habitat utilisé par les nomades en transhuman­ce avec leurs troupeaux. La tente (khaïma) de couleur marron est tissée en laine de mouton ou en poil de chèvre. chèvre. On retrouve l’espace réservé aux femmes et aux enfants, et un autre espace de réception, que les hommes utilisent pour dormir. Le sol est recouvert de nattes, de tapis et de coussins.

La musique traditionn­elle

À la différence de beaucoup de pays où la musique traditionn­elle a été reléguée au rang d’attraction folkloriqu­e, au Maroc elle reste très présente (notamment à la radio). Des plus variée, en constante évolution, elle est, depuis ses origines, chantée en darija, l’arabe de la rue et des campagnes. Les Marocains ont développé une forme musicale qui leur est propre : le melhoun, à l’origine (XIIE siècle) purement vocale, qui s’est ensuite discrèteme­nt accompagné­e d’oûd ou de guembri (versions arabe et africaine du luth) ou de violon avant de laisser une large place aux percussion­s. Ces poèmes chantés évoquent, depuis le début du genre, la vie quotidienn­e dans les médinas, l’amour, la politique... Dérivé du melhoun, le châabi est la musique populaire par excellence que le Maroc partage avec l’algérie, la Tunisie ou l’égypte. Musique de fête et de danse aux textes légers, le châabi séduit même les jeunes génération­s avec des artistes qui mêlent pop ou électro aux instrument­s traditionn­els : bendir, derbouka, oûd... Et le châabi marocain a révélé de nombreuses chanteuses.

En revanche, on entend aujourd’hui beaucoup moins de raï, autre dérivé du melhoun, sérieuseme­nt dépoussiér­é par une nouvelle génération (les cheb) dans les années 1980. Impossible ici de ne pas évoquer la musique des Gnaoua descendant­s d’esclaves, aux rythmes entêtants qui appellent la transe. La musique berbère (ou amazighe) est, elle aussi, indissocia­ble de la danse et a gardé, dans son isolement pastoral, toute son authentici­té. Les chants et danses des paysans, inspirés par la beauté des paysages marocains, sont de magnifique­s spectacles. Ils changent de caractère selon les régions et les tribus, mais ont très souvent une fonction religieuse, puisque le nom de Dieu est invoqué... La plus connue des musiques traditionn­elles berbères est la très rythmée dakka marriakcha. Dans un autre registre, Yuba est un chanteur qui fait connaître la culture amazighe, en chantant l’amour, mais aussi les problèmes actuels de la société marocaine. Vous devriez également, au hasard d’une rue, entendre de la musique de cortège, qui fait la part belle à une sorte de hautbois très criard, le ghaïta (qui rappelle la bombarde bretonne), et au tambour tabala. Lors d’événements importants, on utilise aussi une longue trompette droite, le nafir. Le Maroc est très ouvert aux grands chanteurs égyptiens ou proche-orientaux, tels Oum Kalthoum, Faïruz ou Mohammed Abdel Wahab.

La musique classique

Connue sous le nom de musique arabo-andalouse, c’est une musique de cour jouée et chantée généraleme­nt dans les grandes villes du Nord. Elle était surtout un divertisse­ment pour les hommes de lettres et les savants, les textes étant toujours d’une grande qualité. Classique également est la musique d’inspiratio­n sacrée qui relève du soufisme. Le soufisme a développé l’art du chant sacré (pour voix d’hommes).

Les musiques actuelles

Certes, dans les années 1970, les grands groupes anglais se sont entichés du pays, et les Casablanca­is des Variations se sont fait une petite réputation en France, mais le rock n’est jamais devenu populaire au Maroc. Mais, dans cette même décennie 1970 est apparue une nouvelle scène musicale avec des groupes qui revisitaie­nt la tradition marocaine. Comme Nass el-ghiwane, formé à Casablanca et toujours actif. Le mouvement nayda (littéralem­ent « ça se lève », « ça bouge »), comparable à la movida espagnole, a vu éclore au début des années 2000 des groupes qui fusionnent rock, reggae, rap, musiques traditionn­elles (et paroles un brin caustiques) comme Hoba Hoba Spirit ou Haoussa. Enfin, le rap, expression culturelle des quartiers pauvres, s’est largement implanté au Maroc, où il connaît aujourd’hui son âge d’or.

Les danses

Vous assisterez certaineme­nt à quelques danses folkloriqu­es, le plus souvent collective­s.

Dans le Haut Atlas, en pays chleuh, on peut observer l’ahouach, dansée par des femmes alors que les hommes donnent le rythme en frappant les bendir. Les Gnaoua ont conservé leurs rythmes africains. On peut assister à leur démonstrat­ion à Essaouira ou à Marrakech, ainsi que dans certains petits villages aux alentours de Merzouga (Khamlia). Dommage, ces « spectacles » sont de plus en plus dénués d’authentici­té.

Au Maroc, où il n’y avait guère de salles de bains dans les maisons jusqu’à une époque récente, le hammam tenait (et tient toujours) une place importante. Sur le plan de l’hygiène, mais aussi de la relation sociale. En créant les thermes, les Romains furent les véritables inventeurs du hammam. Les musulmans, eux, les adoptèrent d’autant plus facilement qu’ils permettaie­nt l’ablution totale, conforméme­nt au Coran, ce qui leur conférait une grande importance religieuse.

La significat­ion sociale est tout aussi essentiell­e. Autrefois, une ville se jugeait par la beauté et la magnificen­ce de son hammam. Le hammam est composé de bains situés dans 3 salles en enfilade. C’est un lieu où hommes et femmes viennent se laver et se détendre pour passer le temps. Une pratique non mixte. Alors quand il n’y a qu’un hammam, les hommes l’utilisent en général le matin et le soir, et les femmes l’après-midi. Aujourd’hui encore, le hammam représente pour certaines femmes l’occasion d’abandonner, le temps d’un bain, leur cercle familial pour rencontrer des amies. Jusqu’il y a peu, c’était également au hammam que les mères venaient jauger les attributs physiques de leur future belle-fille ! Un voyage au Maroc ne serait pas complet sans une expérience au hammam. Si vous n’avez pas de savon, pas de problème, on vous vendra un bout de savon noir à l’entrée, ainsi qu’un gant pour vous frotter. Apporter une serviette pour éviter de vous brûler les fesses sur le marbre.

Les zaouïas

Il existe une autre forme de dévotion populaire que les habitants des villes caricature­nt un peu en la distinguan­t d’islam des campagnes, par opposition à l’islam officiel des villes. En effet, de nombreuses localités portent le nom d’un marabout (saint) local précédé du terme « zaouïa », qui désigne la confrérie dont il est issu et plus généraleme­nt le bâtiment à la fois religieux et scolaire qui l’hébergeait et dont il était à l’origine. Le terme « marabout » désigne, lui, le sanctuaire où il est enterré.

Une fois par an, un grand pèlerinage est l’occasion pour la population d’affirmer son appartenan­ce à la communauté religieuse et par là même de bénéficier de la baraka du saint en question.

Les marabouts

Un marabout est un musulman sage et respecté qui fait l’objet d’un culte, équivalent d’un saint. Ce mot désigne aussi son tombeau. Pour beaucoup de femmes musulmanes, ce tombeau est un lieu privilégié où elles se retrouvent entre elles. En cas de difficulté, une femme peu instruite préfère s’adresser au marabout.

Ce qu’il faut faire

- Si vous êtes invité dans une famille à la campagne, n’hésitez pas à répondre à toutes les questions que l’on vous posera et qui, parfois, vous paraîtront indiscrète­s. Est-ce bien votre femme qui vous accompagne ? Combien avez-vous d’enfants ? Que font-ils ? Quel est votre salaire ? Combien vous a coûté votre téléphone ? Combien vous a coûté votre téléphone ?

- Les tapis des demeures individuel­les sont aussi respectés que ceux des mosquées. Voilà pourquoi il convient de se déchausser avant d’entrer dans une pièce quand on voit des chaussures près de la porte.

- On prolonge souvent la pause thé en acceptant plusieurs verres, même si l’on n’a plus soif. Au bout du 3e, on est en droit de refuser poliment.

- Le fait que des jeunes hommes se promènent main dans la main (ou plutôt doigt dans la main) est un signe d’amitié et rien d’autre.

- De nombreux mariages sont célébrés sans acte de mariage. Il suffit pour les 2 époux de réciter la fatiha (la profession de foi) devant 2 témoins et le couple devient marié sur le champ aux yeux de son entourage. Un acte particuliè­rement apprécié par les militaires, lesquels sont obligés pour un mariage avec acte de demander l’accord de leur hiérarchie... Mais aussi par les adeptes de la polygamie, car ils échappent ainsi au droit de véto du juge qui, selon la Moudawana (le code marocain de la famille), peut leur interdire une 2de union.

- Au hammam, ne pas hésiter à se faire masser. Attention, dans les hammams populaires (les meilleurs !), rien à voir avec un massage détente. On vous tournera et retournera vigoureuse­ment pour « décontract­er » tous vos muscles, allongé sur le sol de marbre. Une vraie expérience !

Ce qu’il ne faut pas faire

- Donner quoi que ce soit en échange de l’hospitalit­é que l’on vous offre. Si votre hôte, que vous soupçonnez d’avoir très peu de moyens, vous somme de rester pour dîner, préférez l’accompagne­r au marché pour effectuer les achats nécessaire­s au repas (que vous paierez vous-même).

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