Echappée Belle

Magie et splendeurs vers le Donon LA MONTAGNE SACRÉE !

- Concept : Élise Chevillard

Le Donon est le plus méridional des sommets majeurs des Vosges gréseuses. Si l’on considère la partie septentrio­nale du massif vosgien, c’est également, avec le rocher de Mutzig, l’un des 2 sommets de plus de 1 000 mètres d’altitude. Situé sur le territoire de la commune de Grandfonta­ine, dans le départemen­t français du Bas-rhin, au nord-ouest de Schirmeck et au sud-est de Sarrebourg, il est riche d’une histoire humaine plusieurs fois millénaire. Petit récap !

Le Donon (ou Grand Donon, en allemand : Große Donn) est, à égalité avec le rocher de Mutzig qui culmine aussi à 1 008 m, le plus élevé des sommets situés sur une crête gréseuse (orientée approximat­ivement SO-NE), prenant naissance au-dessus de Raon-l’étape et se terminant au Schneeberg (altitude 967 m) qui domine les villages de Wangenbour­g et d’engenthal. À l’est du Grand Donon se trouve un autre sommet appelé Petit Donon d’une altitude légèrement inférieure : 964 m ; ils sont séparés par un col forestier, le col entre les Donons (altitude de 823 m).

La route départemen­tale 392 (qui relie les vallée de la Plaine et de la Bruche) contourne le massif par l’ouest passant par le col du Donon qui s’élève à 727 m du col par la D 393 en direction des vallées des Sarre Blanche et Rouge.

Le sommet, là où le temple du Donon est érigé, atteint 1 008 mètres d’altitude. Il domine de près de 700 m la vallée de la Bruche, ce qui lui donne une allure de sommet très élevé au pro#l trapézoïda­l, visible des Hautes Vosges, où il a longtemps été identi#é comme le sommet des Vosges.

Il est visible depuis de nombreuses villes mosellanes situées à la frontière franco-allemande et, en hiver, les conditions climatique­s permettent parfois une vue sur les Alpes suisses de l’oberland bernois.

Le massif du Donon et les sommets principaux (Grand Donon, Petit Donon, Kohlberg...), armés de congloméra­ts, sont ciselés dans la couverture de grès vosgiens triasique, essentiell­ement au Trias inférieur qui, dans ce secteur, repose sur des roches primaires schisteuse­s et volcanique­s que l’on peut voir en a$eurement dans les environs de Grandfonta­ine, de Raon-lès-leau et de la haute vallée de la Sarre blanche. Ce sommet, ainsi que les autres de ce secteur, sont des buttes gréseuses résiduelle­s dues à l’érosion de l’ancienne et épaisse couche de dépôts !uviatiles déposés lors de la #n de l’ère primaire (Permien) et au début de l’ère secondaire ( Trias inférieur). Ces dépôts successifs, qui donneront surtout des grès, ont recouvert l’ancienne pénéplaine post-hercynienn­e, parfois jusqu’à des épaisseurs de plusieurs centaines de mètres.

Le creusement des multiples vallées par les nombreux cours d’eau prenant naissance tout autour du Donon a lieu pendant l’ère Tertiaire, essentiell­ement au Pliocène.

Les basses Vosges gréseuses sont à la limite des in!uences atlantique­s et continenta­les. Les vents dominants d’ouest et du sud-ouest sont nettement prédominan­ts ; ils sou$ent en moyenne près de 150 jours par an. La pluviométr­ie est relativeme­nt abondante pour le Donon et son environnem­ent immédiat, la quantité d’eau qui tombe annuelleme­nt se situe dans une fourchette de 1 400 mm à 1 700 mm. L’hygrométri­e est élevée, de l’ordre de 75 %. La moyenne des températur­es est de 1,1 °C l’hiver et de 21,7 °C l’été. L’amplitude mensuelle des températur­es est très forte. Les hivers sont longs et froids, les étés chauds. En août 1952, un écart de températur­e record est enregistré entre 0,8 °C et 36,8 °C. Le compte de jours de gelées atteint 100 jours environ.

La diversité des substrats rocheux entraîne une diversité de sols (pédogenèse), pour le Donon : les roches volcanique­s donnent généraleme­nt des sols bruns ; les grès rouges (couches de Senones), plus ou moins argileux, donnent des sols bruns oligotroph­es ou acides suivant l’altitude et l’exposition ; les grès vosgiens (s.s.), à formations super#cielles sableuses, donnent des sols ocre podzolique­s, ou podzolique­s très pauvres.

Les fortes pentes renforcent l’appauvriss­ement des sols du fait du lessivage pluvial des bases du haut vers le bas, d’où des sols plus riches au pied des versants que sur les sommets.

La médiocrité des sols et des facteurs climatique­s défavorabl­es expliquent la prépondéra­nce des conifères, essentiell­ement du sapin (Abies alba), mais aussi par le choix de l’homme. La forêt type installée après la période glaciaire était la hêtraie-sapinière avec son cortège !oral encore présent par endroits : sorbier des oiseleurs, alisier blanc, houx, bourdaine, digitalis purpurea, laurier de saint Antoine, myrtille, fougère aigle, bruyère, etc.

Le Donon, ainsi que d’autres hauteurs des Vosges gréseuses, fut déboisé et transformé en chaumes peu après l’implantati­on des abbayes régionales (Senones, Moyenmouti­ers, Étival-clairefont­aine, Saint-dié) au viie siècle et de celle des population­s rurales. Les raisons en étaient vivrières : création de pâturages pour les troupeaux. Bien des toponymes encore utilisées de nos jours prouvent l’existence de ces chaumes dans tout le secteur : Hautes-chaumes, chaume de Réquival, du Hault de la Marcaireri­e, des Boeufs, etc. « Une pelouse couronnait le sommet du Donon, appelée pâture ou pasturages des Gros Donnons. »

Au Moyen Âge et jusqu’au xviiie siècle, le chêne et le hêtre furent des essences dominantes et l’homme en facilita l’expansion, essentiell­ement pour le bois de chau"e a#n de pouvoir alimenter forges, fours, verreries régionales, etc.

La médiocrité des sols et des facteurs climatique­s défavorabl­es expliquent la prépondéra­nce des conifères, essentiell­ement du sapin (Abies alba), mais aussi par le choix de l’homme. La forêt type installée après la période glaciaire était la hêtraie-sapinière avec son cortège !oral encore présent par endroits : sorbier des oiseleurs, alisier blanc, houx, bourdaine, digitalis purpurea, laurier de saint Antoine, myrtille, fougère aigle, bruyère, etc.

Le Donon, ainsi que d’autres hauteurs des Vosges gréseuses, fut déboisé et transformé en chaumes peu après l’implantati­on des abbayes régionales (Senones, Moyenmouti­ers, Étival-clairefont­aine, Saint-dié) au viie siècle et de celle des population­s rurales. Les raisons en étaient vivrières : création de pâturages pour les troupeaux. Bien des toponymes encore utilisées de nos jours prouvent l’existence de ces chaumes dans tout le secteur : Hautes-chaumes, chaume de Réquival, du Hault de la Marcaireri­e, des Boeufs, etc. « Une pelouse couronnait le sommet du Donon, appelée pâture ou pasturages des Gros Donnons. »

Au Moyen Âge et jusqu’au xviiie siècle, le chêne et le hêtre furent des essences dominantes et l’homme en facilita l’expansion, essentiell­ement pour le bois de chau"e a#n de pouvoir alimenter forges, fours, verreries régionales, etc. Les nombreux cours d’eau permettaie­nt le transport du bois par !ottage sur de longues distances. De plus, les sous-bois des forêts de feuillus étaient très utilisés a#n d’y faire paître les porcs.

Le sanctuaire comprenait quatre bâtiments de pierre et un en bois. Ce dernier, circulaire, était situé au voisinage d’un puits (ou citerne). Les bâtiments en dur étaient en relation avec le culte ; ceux numérotés I et I bis avaient vraisembla­blement des fonctions d’accueil (lieu de rassemblem­ent pour les #dèles, dépôt de culte, etc.). La fonction de celui numéroté II (non loin du puits et identi#é par des trous de poteaux) n’est pas encore vraiment déterminée.

La constructi­on III, qui se situait juste sous la corniche gréseuse du sommet, avait sans doute une grande importance cultuelle.

Aux époques celtes puis gallo-romaines, plusieurs cultes y furent successive­ment célébrés : Teutatès, Mercure. Le dieu à l’anguipède est très représenté au Donon mais, dans l’état actuel des recherches, aucun n’a été trouvé vers le sommet, sans doute attribué à Mercure (ce qui est relativeme­nt classique à l’époque romaine). Parmi les stèles retrouvées de Mercure avec le caducée et la bourse, une seule représente le dieu au cerf. Le Mercure gallo-romain recouvre en fait, sur le plan régional, un dieu gaulois, un Teutatès, dieu protecteur du peuple et la communauté. Une inscriptio­n, imparfaite­ment connue : Mercure Vogesus, indique peut-être que ce dieu au cerf est une forme de ce Vogesus. Plusieurs inscriptio­ns et dédicaces indiquent également d’autres objets de célébratio­ns : Taranis, Hécate, Jupiter, etc.

Comme en d’autres lieux, et alors que la région était en voie de christiani­sation, certains parmi les population­s du haut Moyen Âge se regroupaie­nt encore pour se livrer à des cultes et des pratiques (vénération de rochers, de source, travestiss­ements des hommes et des femmes en cerfs et en biches, etc.), ce qui était en contradict­ion avec la nouvelle religion que répandaien­t les moines des nombreuses abbayes s’installant dans la région en ayant pour but l’évangélisa­tion des population­s régionales.

Présent dans l’histoire pour l’éternité

D’après une lettre de Léopold Hugo à son #ls Victor, celui-ci aurait été conçu au sommet du Donon9. Une plaque gravée, rappelant ce fait, se trouve apposée sur une roche du sommet, versant Nord-est : « En ce lieu le V !oréal An IX fut conçu Victor Hugo ». Vérité ou légende ? La question reste posée.

En raison de l’élévation du Donon, les géomètres l’ont toujours utilisé comme point de triangulat­ion (notamment Cassini) et cela dès 1821, pour la mesure « de la perpendicu­laire à la méridienne de l’observatoi­re de Paris ». Dans ce but, une pyramide de 6 à 7 mètres de haut y avait été construite sur la plate-forme supérieure.

Un bâtiment imitant un temple gréco-romain a été érigé au sommet en 186910 pour abriter diverses trouvaille­s archéologi­quesnote. Il est l’oeuvre de l’architecte colmarien Louis-michel Boltz, le docteur Bédel, médecin cantonal, en étant l’initiateur. Le temple dans sa rusticité présente un caractère indiscutab­le. Quatre piliers (monolithes de section carrée), sur deux travées de profondeur, supportent une lourde toiture de dalles de pierres du type en « tas de charge ». Une certaine inspiratio­n mégalithiq­ue inspire cette constructi­on. Ce « temple » reste néanmoins l’emblème de ce lieu.

Lors de l’annexion de l’alsace-moselle en 1871, Bismarck obtint 1 000 hectares de forêts du territoire de Raon-lès-leau pour s’assurer le contrôle du sommet stratégiqu­e. En 1919, lors du traité de Versailles, ce domaine resta propriété de la commune de Grandfonta­ine, au grand dam de la commune meurthe-et-mosellane.

Le Donon a connu une célébrité nationale et religieuse précoce, avec ses vestiges archéologi­ques, la reconstitu­tion à la #n du Second Empire d’un temple gallo-romain de hauteur, ses nombreuses fouilles dont celle universita­ire et strasbourg­eoise, avec Jean-jacques Hatt, mémorable de l’année 1938. Au point que le plus haut point des Vosges gréseuses ne pouvait être que le Donon, du moins dans les manuels scolaires abordant la géographie française de l’est de la France, même après le retour de l’alsace-lorraine.

une montagne sacree qui brille par sa puissance et grandeur

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