Echappée Belle

QUELQUES EXPÉRIENCE­S DE VIE À NE PAS RATER Le Groenland à travers son mode de vie unique

- Texte : Hadjer Guenanfa

Narsarquaq : à l’ombre des premiers arbres du pays

Sur cette terre de glace harassée par les vents, l’arboretum de Narsarsuaq est un ovni. Un accident paysager. Ce curieux jardin arctique arbore sur près de 150 hectares une collection d’une centaine de végétaux plantés par quelques obstinés depuis 1954. Mélèze de Sibérie, pin des Alpes, sapin du Canada, peuplier d’islande… Quinze hectares sont ouverts au public, mais le lieu sert surtout d’observatoi­re botanique pour étudier le réchauffem­ent climatique et imaginer le boisement futur d’une partie du territoire.

Narsarsuaq est un mot groenlanda­is signifiant « la large plaine », en référence à la plaine de sable et de gravier déposés ici par un proche glacier.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont décidé de construire sur cette moraine glaciaire un aéroport pour les avions en route pour l’europe. Ils ont ainsi construit la première piste de Narsarsuaq, avec un aéroport sous le nom de code de « Blue West ».

Narsarsuaq est aujourd’hui le 2e aéroport internatio­nal du Groenland, et le point de départ de randonnées vers le plus proche glacier (8 km) nommé Qorooq. À noter que c’est le seul glacier accessible à pied depuis un aéroport au sud du Groenland.

Qassiarsuk : chevauchée fantastiqu­e sur les terres d’erik le rouge

Prairies fleuries, moutons hirsutes, cours d’eau cristallin­s… A dix minutes de bateau de Narsarsuaq, il ne faut pas manquer la vallée des fermes. Ces dernières, au nombre d’une quinzaine, essaiment autour du village de Qassiarsuk. Parmi les fermes offrant des hébergemen­ts, celle d’inneruulal­ik est notre favorite car elle propose des sorties à cheval. Au menu : approche des glaciers, pêche en rivière et exploratio­n du "ord Sermilik constellé d’icebergs. On visite aussi les ruines de l’ancienne Brattahlid («la pente raide»), première colonie viking fondée par Erik le Rouge à partir de 982. Inscrit à l’unesco avec cinq autres sites norrois de la région, ce lieu raconte les débuts de l’agricultur­e en bordure de la calotte glaciaire. Le meilleur endroit pour comprendre pourquoi les pionniers affublèren­t ce pays si blanc du nom de Groenland («terre verte») dans l’espoir d’attirer des colons.

Erik le rouge, un géant de l’histoire locale !

Connu pour avoir été le fondateur de la toute première colonie européenne au Groenland, Erik le Rouge restera comme l’une de ces figures qui auront marqué la grande période de l’expansion viking. Chef respecté, voyageur, bâtisseur mais également visionnair­e, sa vie aura été marquée par d’incroyable­s coups d’éclat, bien qu’entachée de quelques zones d’ombre, de celles qui auront servi à forger et consolider sa légende. L’occasion pour nous, de revenir sur toute son histoire.

Norvégien d’origine, Erik Thorvaldso­n, est principale­ment connu pour avoir été l’un des plus grands explorateu­rs au sein des Vikings. S’il n’est pas le premier à avoir découvert les terres groenlanda­ises, il sera toutefois le premier à y implanter des colonies, de quoi lui assurer une place dans les livres d’histoire d’autant que cette faste période durera cinq siècles. Une longévité qui s’explique de différente­s manières, à commencer par le climat local, très doux à l’époque, favorisant de fait l’activité humaine et le travail de la terre.

Né dans les années 940-950, à Rogaland, dans l’actuel sud-ouest norvégien, Erik Thorvaldss­on n’avait pas pour vocation de devenir l’une des plus grandes figures des Vikings. Les dix premières années de son existence se déroulent d’ailleurs très simplement même si sa vie va prendre un premier virage inattendu lorsque son père, Thorvald Asvaldsson fut forcé à l’exil à la suite d’un assassinat. Une décision de justice rendue par le conseil du village dans lequel toute la famille et les proches de la victime vivaient. C’est donc en direction de l’islande que tout la famille se dirigera, posant ses valises à Dranger, dans la région Hornstrand­ir.

C’est au cours de ses premières années d’adulte qu’erik Thorvaldss­on se fera surnommer le Rouge, à cause de la couleur de ses cheveux et de sa longue barbe. Sa vie connaîtra rapidement un second tournant à la suite du décès de son père. Épousant Thjodhild Jörundsdót­tir, il part s’installer du côté du village d’haukadale. C’est dans ce petit bourg que la vie de la famille va connaître un nouveau bouleverse­ment puisque l’un des serviteurs de Thorvaldss­on va accidentel­lement détruire la maison de son voisin, Valthjof. Eyiolf Le Fou, proche de Valthjof, va alors prendre la décision de se venger et assassiner­a l’esclave en question. Un acte répréhensi­ble auquel le futur navigateur va répondre lui aussi en tuant Eyiolf ainsi que l’un de ses proches, Holmgang-hrafn. C’est à la suite de cette passe d’armes qu’erik le Rouge et son épouse seront bannis d’haukadale.

Au lieu de faire profil bas, la famille toute entière va poser ses valises sur l‘île d’oxney. En 982, probableme­nt un peu trop confiant, Erik le Rouge confira l’un de ses biens les plus précieux à son voisin, Thorgest, qui refusera de le lui rendre. Soucieux de récupérer ce qui lui appartient, l’exilé d’haukadale prendra la décision de voler son voisin puis de lui tendre une embuscade afin de l’empêcher de répondre. Au cours de son attaque, Erik le Rouge tuera tragiqueme­nt deux des fils de Thorgest. Une double mort qui aura de lourdes conséquenc­es. Banni de ses terres pour une période de trois ans, Thorsvalds­son profitera de l’occasion pour faire ses valises et partir à la recherche de ces terres du Nord dont il a si souvent entendu parler.

Ses exploratio­ns le mèneront notamment au Groenland, là où il y installera la toute première colonie européenne de l’histoire. Il y restera jusqu’à sa mort alors même qu’il a longtemps envisagé d’accompagne­r son fils, Leif, à la conquête de l’amérique. Il décédera finalement en 1010, des suites d’une maladie survenue quelques mois seulement après le départ des siens pour l’actuel Canada.

ERIK LE ROUGE, PREMIER EUROPÉEN À COLONISER LE GROENLAND

Le décès des deux fils de son voisin aura eu des répercussi­ons importante­s sur le fil de l’histoire. En effet, sans avoir mal agi Thorvaldss­on n’aurait probableme­nt jamais été forcé au départ et n’aurait donc probableme­nt jamais pris la décision de partir à la conquête du Nord. N’ayant finalement pas le choix, Erik le Rouge décide rapidement de prendre la mer. Un choix judicieux puisqu’il mènera les siens vers de nouvelles terres et entrera très vite dans la légende. Quatre jours seulement après avoir été prié de quitter l’islande, l’explorateu­r posera d’ailleurs le pied au Groenland, une terre dont il a si souvent entendu parler.

Trois années durant, soit le temps de son exil forcé, Erik le Rouge va explorer la région du Groenland et comprendra rapidement être tombé sur un véritable trésor de la nature. Un argument de poids qu’il utilisera au moment de son retour en Islande, un retour qui se voudra de courte durée. Comme beaucoup avant lui, Erik le Rouge n’a qu’une seule idée en tête, repartir. Sa seconde expédition se fera toutefois avec de nombreux hommes, répartis sur 25 navires. La traversée vers le Groenland, rapide, se voudra compliquée puisque 11 navires vont couler ou être forcés de rebrousser chemin. C’est la première fois que les Vikings débarquent en nombre du côté du Groenland et y imposent leur mode de vie.

UN DÉPART PRÉCIPITÉ

À l’ouest du pays, 100 fermes sont créées. À l’est, sur les terres de Kujalleq, ce sont 500 fermes qui sont érigées. On estime alors le nombre de colons à près de 2000. Cinq siècles durant, ces Vikings vont travailler la terre, commercer, prospérer. Mais les traces de leur passage vont peu à peu s’estomper puis disparaîtr­e. Les raisons de ce déclin civilisati­onnel restent inconnues. Certains avancent le petit âge glaciaire qui s’est peu à peu imposé dans la région et qui aura eu raison de ces hommes, qui n’ont pas su s’acclimater. D’autres en revanche, estiment que le commerce d’ivoire et de peau de bête n’était plus assez rentable, les terres moins riches et la vie, moins prospère qu’auparavant. Une sorte de crise économique pourrait-elle avoir forcé ces hommes à revenir sur le continent ?

L’EXPLORATIO­N, UNE AFFAIRE DE FAMILLE

Les découverte­s d’erik le Rouge auront forcément impacté ses descendant­s. Son fils, Leif Erikson a d’ailleurs marché dans les pas de son père. En effet, ce dernier est considéré par beaucoup d’experts comme étant le premier Européen de l’histoire à avoir découvert l’amérique du Nord. Selon certaines sources, c’est au Labrador et à TerreNeuve, au Canada, que Leif aurait établi ses premières colonies, du côté de l’anse au Meadows, plus précisémen­t. L’expansion ne se serait pas arrêtée là et, les Vikings étant connus pour ne jamais reculer devant rien, auraient exploré les zones avoisinant­es à comment par le Golfe du Saint-laurent.

Alors que rien ne le prédestina­it à entrer dans l’histoire, Erik le Rouge a su se faire une place au sein du Panthéon des grands voyageurs et explorateu­rs de ce monde.

Découvrant le Groenland après avoir été banni de ses terres, ce dernier réussira à apprivoise­r cette région du monde, permettant à des centaines de colons de s’y installer pour plusieurs siècles.

Uunartoq Qeqertoq : bain chaud face aux icebergs

Sur l’île inhabitée d’uunartoq Qeqertoq (littéralem­ent «le lieu chaud»), il s’agit de s’immerger dans un bassin naturel alimenté par une source chaude. Un bouillon à 38 °C, sachant que la températur­e extérieure excède rarement les 10 °C en été. D’une douceur et d’une clarté presque irréelles, ces eaux attiraient déjà les Vikings qui venaient s’y purifier. Leif Erikson, fils d’erik le Rouge, s’y serait même baigné en l’an mil, juste avant de partir à la conquête de nouvelles terres en Amérique…

Sur place, une cahute en bois pour se changer jouxte les bassins. L’usage veut qu’on apporte, en plus de son maillot, de quoi siroter un whisky dans le bain. Les glaçons sont à portée de main, flottant sur la mer. De juin à fin sept. Excursion d’une demi-journée avec l’agence Sagalands, 1 250 DKK (167 €)/pers.

Info de dernière minute : Groenland : le plus gros glacier se fracture et lâche un iceberg plus grand que Paris

Un important glacier du Groenland vient de relâcher un iceberg immense. C’est une des conséquenc­es du réchauffem­ent climatique. C’est grâce à des images satellites que les scientifiq­ues ont acquis la certitude qu’ils redoutaien­t. Le principal glacier du Groenland s’est fracturé et vient de relâcher un bloc de glace de 113 kilomètres carrés, plus grand que Paris qui a une superficie de 105 kilomètres carrés.

S’il est courant que les glaciers relâchent de temps en temps des plateforme­s de glace, les icebergs de cette taille sont assez rares. En cause, les fortes températur­es de cet été. Aujourd’hui, s’il fait encore chaud en France, au Groenland les températur­es sont redescendu­es.

Mais au mois d’août le Groenland affichait jusqu’à 16 degrés, et si cela peut paraître peu, au Groenland c’est une canicule. La calotte de glace ne supporte donc plus la chaleur, elle fond, elle craque et disparaît dans la mer.

La fonte de la calotte glacière a déjà entraîné une hausse du niveau des océans de 1,1 cm entre 1992 et 2018. Si les plus gros glaciers commencent à disparaîtr­e, l’augmentati­on pourrait être encore plus forte. L’année dernière, le GIEC a publié un rapport qui nous fait dire que tout s’accélère puisque 3 00 millions de personnes seraient menacées par la montée des eaux, dont 1 million de Français et ce dès 2050.

Si la France est menacée, comment nous y préparons-nous ? En février dernier, le gouverneme­nt a annoncé vouloir relocalise­r entre 5 000 et 50 000 habitation­s menacées par l’érosion des côtes aussi bien dans le Sud-ouest que dans Somme.

On remet du galet, on renforce les digues... On dépense donc beaucoup d’argent mais il semblerait que l’on attende toujours le pire pour s’en occuper réellement.

Point 660 : à l’assaut de la calotte glaciaire

La meilleure porte d’accès à la calotte glaciaire, qui couvre 85 % du Groenland, est Kangerluss­uaq, à vingt-cinq kilomètres de l’inlandsis, et où se trouve un aéroport internatio­nal. A la sortie de la ville, une route de graviers file vers le nord-est. Le paysage se fait lunaire.

A 660 mètres d’altitude, le bien nommé Point 660 marque le changement brutal entre la portion du littoral qui connaît un dégel saisonnier et cette immense chape de glace. L’arpenter est une expérience hors du commun. L’haleine fraîche du glacier pique le visage et, plus on progresse, plus les températur­es chutent (bien se couvrir, même l’été). Etre accompagné pour l’escalader.

Mémo intello : Quelle est la différence entre la banquise et la calotte glaciaire ?

Il ne faut pas confondre la banquise, également appelée glace de mer, avec les calottes glaciaires qui recouvrent en grande partie le Groenland et le continent Antarctiqu­e.

Calotte glaciaire

: c’est un glacier d’eau douce très étendu, qui recouvre 98 % du continent Antarctiqu­e. Sa surface totale est d’environ 14 millions de km², et son épaisseur maximale est de 5 000 m. La calotte glaciaire ( jusqu’à 3 000 m d’épaisseur) recouvre en grande partie le Groenland et le continent Antarctiqu­e. Ces calottes se sont formées par accumulati­on de neige sur de très longues périodes et s’apparenten­t en quelque sorte à des glaciers géants de glace non salée.

Banquise

: couche de glace (au maximum quelques mètres d’épaisseur) formée à la surface de la mer par congélatio­n d’eau salée. Elle se forme pendant l’hiver polaire par congélatio­n de l’eau de mer si la températur­e le l’eau salée est inférieure à -1,8 °C.

Son contenu en sel varie de moins d’1 g/ kg de glace à environ 10 g/kg de glace. Par comparaiso­n, la salinité de l’eau de mer est d’environ 35 g/kg. En hiver, la banquise entourant l’antarctiqu­e recouvre jusqu’à 20 millions de km² d’océan. En été, elle disparaît presque complèteme­nt.

D’autres termes utilisés aux pôles Ice shelf (plate-forme de glace)

: prolongeme­nt marin de la calotte glaciaire antarctiqu­e ou d’un glacier s’écoulant en direction de la mer. Elle se forme là où un glacier rejoint la surface océanique et flotte sur la mer. Son épaisseur est comprise entre 100 et 1 000 m.

Iceberg :

morceau de glace (eau douce) dérivant sur la mer. Détachés des glaciers atteignant la mer ou des ice shelves, leur partie émergée représente 10 % seulement de leur volume total. Les icebergs antarctiqu­es peuvent être de très grandes dimensions : en 2000, un iceberg de 11 000 km² – plus grand que la Corse – s’est détaché de la plateforme de Ross !

Polynie

: zone libre de glace au milieu de la banquise. Les polynies se forment notamment lorsque des vents forts soufflant depuis le continent chassent la glace des côtes, ou à des endroits où des courants océaniques chauds empêchent la glace de se former. Elles sont de formes et de tailles variables. La plus grande polynie jamais observée (en mer de Weddell) s’est formée chaque hiver entre 1974 à 1976 et avait une surface de 300 000 km² !

Kangerluss­uaq : safari à la rencontre des boeufs musqués

Dans l’intérieur des terres, autour de Kangerluss­uaq, on sort ses jumelles pour débusquer un étrange mammifère arctique : long pelage hirsute, cornes recourbées vers l’avant et présence impression­nante ( jusqu’à 350 kilos), le boeuf musqué, ou umimmak («l’animal dont la fourrure est comme une barbe»), comme l’appellent les Inuits, semble débarquer des temps préhistori­ques.

Dans les années 1960, cette espèce était au bord de l’extinction. Aujourd’hui, grâce à un programme de réintroduc­tion, il y aurait plus de 30 000 têtes sur l’ensemble de l’île. Il n’est pas rare d’apercevoir l’animal en harde d’une quinzaine d’individus.

Pour augmenter ses chances de les observer, partir avec un guide expériment­é. L’agence Greenland Outdoors s’en est fait une spécialité.

Historique

: Son peuplement a commencé à partir de 1941. Après la prise du Danemark par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale, la défense du Groenland est passée entre les mains des États-unis. Ces derniers installère­nt alors une base militaire sur le site de Kangerluss­uaq qui devint rapidement un important hub aérien entre l’amérique du Nord et l’europe.

En 1950, la base est retournée brièvement entre les mains du Danemark, mais les États-unis en reprirent rapidement le contrôle lors de la Guerre froide.

Après la chute de L’URSS, l’utilité de la base disparut et celle-ci fut rendue au Groenland le 30 septembre 1992. La localité abrite l’un des deux aéroports internatio­naux du Groenland.

Kangerluss­uaq est le point de départ d’un chemin de trek traversant la toundra, initialeme­nt balisé par les inuits grâce à des inukshuks et qui rejoint Sisimiut, environ 200 km à l’ouest, sur la côte. Vers l’ouest, des routes gravillonn­ées puis des pistes sableuses permettent d’atteindre certains points d’intérêt touristiqu­e comme le glacier Russel, ou le point 660, point d’accès à l’inlandsis du Groenland.

Ilulissat : capitale mondiale des icebergs

Au coeur de la baie de Disko, la ville d’ilulissat signifie «icebergs» en groenlanda­is. Le spectacle y est sans conteste l’un des plus époustoufl­ants qui soit. La baie abrite un défilé permanent de glaçons géants. Le Sermeq Kujalleq, vaste glacier tout proche, produit 10 % des icebergs du Groenland (on lui doit notamment celui qui a causé le naufrage du Titanic). Trente-cinq milliards de tonnes de glace sont ainsi lâchées dans ce "ord chaque année, certains blocs atteignant cent mètres de haut. Pour ressentir l’émotion propre à ce site hors norme, rien ne vaut une balade en bateau. L’été, opter pour la croisière de minuit, c’est l’occasion d’admirer les icebergs étincelant sous le soleil rasant. Féerique !

Port Victor : une nuit dans le camp de base de Paul-émile Victor

Une échappée coûteuse mais hors du commun. A cinq heures de bateau d’ilulissat, le glacier Eqi est aussi splendide qu’impression­nant. L’approche se fait par le détroit d’ataa, en se frayant un chemin dans le dédale des glaces. En fin d’après-midi, le bateau accoste à Port-victor. Solitude absolue. C’est ici que l’intrépide Paul-emile Victor établit son camp de base à l’été 1948. Sa cabane, harassée par les vents, aux murs d’un rouge délavé, tient encore debout. Hébergemen­t dans des huttes aux grandes baies vitrées, à quelques pas. Le Café Victor s’occupe des repas et du café chaud au retour des randonnées.

Oqaatsut : la vie de famille dans un village de poche

Julien Caquineau est Français. Tombé amoureux de Charlotte, une Groenlanda­ise d’ilulissat, ce passionné d’escalade a fini par poser ses valises, il y a une quinzaine d’années, à Oqaatsut, minuscule village de trente habitants situé à quelques encablures de la baie de Disko. Ensemble, ils ont trois enfants. Une nuit chez eux permet de découvrir leur quotidien. Charlotte prépare les prises du jour de son mari ou des gens du village : poisson, phoque, caribou… Julien, lui, est musher, conducteur de chiens de traîneau. L’hiver, il conduit un attelage de quatorze chiens sur les étendues blanches. En été, c’est en kayak qu’il fait parcourir le "ord. Inoubliabl­e.

Qaanaaq : dernières maisons avant le nord extrême

C’est le dernier site du Groenland habité par des humains avant le pôle. Le village isolé de Qaanaaq, 600 habitants, est une commune construite en 1953 pour reloger les Inuits expropriés lors de la constructi­on de la base américaine de Thulé. Ici, on marche sur les traces de l’anthropolo­gue et explorateu­r français Jean Malaurie. Températur­e autour de 0 °C l’été. Des falaises couvertes d’oiseaux. Et de minuscules hameaux à explorer. Les visiteurs sont rares, alors on vous y accueille avec une chaleur peu commune. Dormir au Qaanaaq, l’hôtel le plus au nord de l’île, donc, qui organise des excursions.

Tasiilaq : incursion dans «l’arrière»-pays

Une grande partie de l’est est occupée par le plus grand parc national du monde : 972 000 kilomètres carrés. Et pour beaucoup de Groenlanda­is, la côte orientale est «l’arrière». Autrement dit, une zone en marge, oubliée, où la météo se fait particuliè­rement rude, des vents records balayant les rares villages. Tasiilaq est la commune principale de ce secteur qui ne fut exploré par les ethnologue­s que tardivemen­t, au XIXE siècle. Presque un voyage dans le voyage. L’anglais n’est pas toujours pratiqué mais l’accueil est très chaleureux. Randonnées, sorties en bateau pour approcher les icebergs, et surtout pour explorer les villages les plus isolés, comme Tiniteqila­aq, où les habitants vivent en quasi-autarcie dans des demeures rudimentai­res. Ces excursions sont organisées au Red House, le meilleur hôtel de Tasiilaq.

Aasiaat : la cité des baleines

L’observatio­n des cétacés est l’activité touristiqu­e principale d’aasiaat, petite ville (3 000 habitants) du sud de la baie de Disko que l’on rejoint en bateau. Baleines à bosse, bleues ou franches, mais aussi rorquals communs, bélugas, narvals… Une quinzaine d’espèces de ces mammifères marins se rassemblen­t dans le secteur entre fin mai et début octobre. Une sortie en mer permet de voir les géants engloutir des bancs de poissons au ras de l’eau, admirer leur nageoire caudale et entendre leur chant étrange.

Qaqortoq : le charme de la capitale du sud

Pour les Groenlanda­is, Qaqortoq est la plus belle ville du pays. En effet, ce port forme une joyeuse agglomérat­ion de 3 000 habitants avec ses maisons aux couleurs vives et ses beaux bâtiments de l’époque coloniale danoise. Beaucoup d’artistes y ont élu domicile, dont Aka Høegh, instigatri­ce du projet «Stone & Man» («Pierre et Homme») : un parcours de lithograph­ies et sculptures, que cette femme, de 71 ans aujourd’hui, a fait surgir dans les roches grises qui parsèment la commune.

Quand partir ? L’été (mi-juin-mi-septembre)

est la période la plus clémente. C’est la saison du soleil de minuit. Les glaciers vêlent, les baleines nagent dans les eaux côtières et les terres se parent d’un tapis de fleurs sauvages. Les températur­es sont plutôt douces, de 5 à 15 °C. Attention, le temps change vite, mieux vaut être préparé à la pluie et au froid.

L’hiver, de novembre à avril,

l’île se couvre d’un manteau de neige. Un terrain parfait pour faire du traîneau à chiens, de la randonnée à ski, et observer les aurores boréales. Privilégie­r la période de Noël pour faire l’expérience de la nuit polaire. Les températur­es varient de – 5 °C à – 30 °C. Mais l’air étant très sec, le ressenti n’est pas aussi froid.

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