Echappée Belle

On fait connaissan­ce

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Avec le raidisseme­nt des années 1970, L’ARC devient franchemen­t autonomist­e, et les jeunes poussent le très charismati­que Edmond Siméoni à se mouiller davantage.

Le 17 août 1975, à Corte, Siméoni promet de « se battre à visage découvert », d’o#rir, « au service d’une cause sacrée, la liberté et le sang de ses militants ». Stupeur de ses troupes, d’autant qu’il conclut, martial : « Un révolution­naire, ou il gagne, ou il meurt. »

Le tournant d’aléria

En août 1975, les pieds-noirs sont accusés de pro"ter des subvention­s, des prêts boni"és des banques, mais aussi de tra"quer le vin dans la plaine orientale, alors que des centaines d’agriculteu­rs corses sont sur la paille. Michel Poniatowsk­i, qui tient la maison. D’une main très ferme. Il envoie à Aléria 1 200 hommes et 4 automitrai­lleuses régler le problème : 2 gendarmes sont tués. Siméoni se constitue prisonnier, et la Corse le soutient comme un seul homme, mais une semaine plus tard, 10 autres militants sont arrêtés. Les a#rontements à Bastia tournent au combat de rue, un CRS est tuént, mais, une semaine plus tard, 10 autres militants sont arrêtés. Les a#rontements à Bastia tournent au combat de rue.

Les nuits bleues du FLNC

Les radicaux fondent le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) en 1976, après une nuit bleue. Des symboles de l’état, postes, perception­s, gendarmeri­es, sautent régulièrem­ent. De même que les constructi­ons sauvages du littoral ( jusqu’à 800 par an), et sans jamais faire de morts. Beaucoup, sur l’île, voient ce type d’actions avec bienveilla­nce.

L’hydre à bras armés

Sur le plan politique, les gouverneme­nts successifs échouent dans leurs tentatives de règlement du « problème corse ». La création de la région Corse en 1970, l’ouverture d’une université à Corte, l’élaboratio­n de nouveaux statuts pour l’île en 1982, celle d’une Assemblée territoria­le, les avantages "scaux et même les amnisties, rien n’y fait, la surenchère continue, les attentats aussi.

Pas moins d’une quizaine de courants nationalis­tes coexistent ou s’a#rontent... L’état manque d’interlocut­eurs sérieux.

Luttes intestines, rivalités personnell­es, règlements de compte en série, la collusion ma"euse et la levée de « l’impôt révolution­naire » (un vulgaire racket), tout cela témoigne de méthodes crapuleuse­s. La dérive atteint des sommets avec l’assassinat du préfet Érignac en 1998.

De son côté, l’état accumule les bourdes, un jour « autorisant » une réunion de plusieurs centaines d’hommes armés, sans intervenir, un autre en achetant une paix éphémère à coups de millions, ou en ordonnant aux gendarmes d’incendier une paillote (Chez Francis), usant de la violence qu’il combat... Le préfet Bonnet y perd sa place (mai 1999).

Les accords de Matignon

Jospin décide, en 1999, de réunir autour d’une table. Le gouverneme­nt, les nationalis­tes et les élus corses des partis traditionn­els. À l’été 2000, Jospin sort un consensus de son chapeau. Un coup de maître de grand illusionni­ste, car chacun y voit donc ce qui lui plaît : étendue exacte du pouvoir législatif accordé à la Corse, obligation ou non de l’apprentiss­age de la langue corse, "scalité, tout cela est évoqué, mais pas dans le détail. Grand malentendu. Chevènemen­t, ministre de l’intérieur, démissionn­e.

Dans le camp adverse, c’est la zizanie : les attentats et les assassinat­s reprennent (une trentaine en 2001).

Les années 2000

Le changement de donne politique, en 2002, enterre ces accords. L’embellie des relations gouverneme­nt-nationalis­tes ne survit pas à un été 2003 riche en rebondisse­ments : l’arrestatio­n d’yvan Colonna, la victoire du « non » au référendum sur l’évolution du statut de l’île et le verdict dans le procès de l’assassinat du préfet Érignac conduisent le camp nationalis­te à durcir sa position.

Et les attentats reprennent à un rythme accéléré... avant qu’une nouvelle trêve soit annoncée. Aux régionales de 2004, les nationalis­tes subissent un revers : seulement 8 sièges sur 51 à l’assemblée territoria­le.

Dans la foulée, l’arrivée au ministère de l’intérieur de Dominique de Villepin, admirateur de Napoléon, ne contribue pas à détendre l’atmosphère.

De 2004 à 2006, le camp nationalis­te et le gouverneme­nt sont dans une sorte de paix armée, rythmée par les plasticage­s. Corse éternelle...

Les rencontres de Corte, en août 2007, marquent une nette fracture entre « indépendan­tistes » et « autonomist­es ». Cela aboutira, en 2014, à l’annonce par le FNLC qu’il dépose les armes. L’organisati­on est en perte de vitesse face à la nouvelle génération des autonomist­es, menés par Gilles Siméoni ("ls d’edmond) et qui refusent la violence des « encagoulés ». Le FNLC, pour ne pas perdre la face, a tenté de faire valoir qu’il avait gagné le combat des « idées », les revendicat­ions portées depuis la création du mouvement ayant fait leur chemin dans les esprits, parfois au-delà même des rangs nationalis­tes.

L’année 2021 en Corse

L’actualité a bien entendu été dominée, comme partout ailleurs, par la Covid-19.

L’île a toutefois connu une fréquentat­ion estivale correcte et le secteur touristiqu­e (qui compte pour 31 % de l’économie de l’île en comptant les transports) a retrouvé des couleurs.

Les élections territoria­les ont vu le camp autonomist­e-nationalis­te se diviser : Gilles Siméoni (autonomist­e) est allé au combat seul et a transformé son pari. Avec 40,64 % des su#rages, sa liste a remporté 32 sièges sur 63 et donc obtenu la majorité absolue. Jean-guy Talamoni (nationalis­te), dont la liste n’a rassemblé que 6,9 % des voix au 1er tour, a subi une défaite personnell­e, mais l’ensemble du camp « patriotiqu­e », composé de plusieurs autres listes concurrent­es, réunit près de 68 % des su#rages. La droite réunit l’ensemble des voix restantes et la gauche disparaît de l’assemblée de Corse.

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