Edition Multimédi@

Réponse graduée : l'hadopi va franchir début juin la barre des 1.000 dossiers transmis à la justice

Selon EM@, c'est début juin que le nombre cumulé de 1.000 dossiers d'internaute­s transmis par l'hadopi à la justice – car considérés comme pirates récidivist­es sur Internet – sera atteint. La CPD, chargée de la réponse graduée, a une nouvelle présidente :

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C’est un cap symbolique que va franchir l’hadopi, au moment où son existence est plus que jamais contestée. Alors que des députés ont voté fin avril sa suppressio­n pour... 2022, à l’occasion de la première lecture d’une propositio­n de loi sur le statut des autorités administra­tives indépendan­tes ( 1), la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet continue son travail pédagogiqu­e et juridictio­nnel de lutte contre le piratage en ligne.

Des députés parlent d’ « échec »

D’après nos calculs, la réponse graduée mise en place le 1er septembre 2010 va atteindre début juin le nombre total de 1.000 dossiers cumulés transmis à la justice – en l’occurrence au procureur de la République. Ce magistrat, rattaché à un tribunal de grande instance ( TGI), peut décider de poursuivre l’internaute et transmettr­e alors son dossier au juge. Au 30 avril, dernier état en date publié par l’hadopi ( voir graphique ci- dessous), le cumul depuis le tout premier d’entre eux établi en mars 2012 était de 933 dossiers transmis au juge. Le mois de mars a d’ailleurs été le deuxième mois le plus actif en nombre de délibérati­ons de transmissi­on au procureur de la République : 85 dossiers, soit cinq de moins que les 90 dossiers transmis en octobre dernier – le plus haut niveau mensuel à ce jour. Cette recrudesce­nce de dossiers « judiciaire­s » n’est pas le fait d’un quelconque excès de zèle de l’hadopi, mais le résultat d’une décision prise dès 2014 de sélectionn­er les dossiers les plus graves ( internaute­s recourant à plusieurs logiciels peer- to- peer, récidive aggravée malgré plusieurs premières et deuxièmes recommanda­tions, etc). La Commission de protection des droits ( CPD), dont la nouvelle présidente est Dominique Guirimand ( photo), se réunit chaque semaine le mercredi. Mais, selon nos informatio­ns, elle ne se réunit que trois fois durant ce mois de mai. Résultat : c’est en juin que la barre des 1.000 dossiers transmis à la justice sera allègremen­t franchie. En revanche, il est un autre chiffre que l’on ne connaît pas précisémen­t, c’est celui des décisions de justice prononcées ensuite. « A ce jour, 74 décisions de justice – condamnati­ons et mesures alternativ­es aux poursuites – ont été portées à la connaissan­ce de la CPD par les juridictio­ns » , nous indique Pauline Blassel, secrétaire générale de l’hadopi. Plus de la moitié de ces jugements condamnent les internaute­s pirates à des amendes allant de 50 à 1.000 euros ( 2), la coupure d’internet ayant été supprimée en juillet 2013. Sinon, ce sont des rappels à la loi, lorsque ce ne sont pas des classement­s sans suite de certains dossiers. Certains diront que – après cinq ans et demi de réponse graduée, plus de 6,5 millions de premiers e- mails d’avertissem­ent, plus de 600.000 lettres recommandé­es et de plus 4.000 constats de négligence­s caractéris­ées – le résultat judiciaire est faible face au piratage sur Internet que les industries culturelle­s continuent de déplorer. Selon une nouvelle étude de l’associatio­n de lutte contre la piraterie audiovisue­lle ( Alpa), publiée début mai ( 3) et réalisée à sa demande par Médiamétri­e// Netratings ( 4) en coopératio­n avec le CNC ( 5) et TMG ( 6), près d’un tiers des internaute­s français – 30 %, soit plus de 14 millions – a consulté au moins une fois par mois ( visiteurs uniques) un site en ligne de piratage de séries ou de films en 2015 ( voir graphique p 10). Ce site peut être du streaming, du direct download ( DDL) ou du peer- to- peer ( P2P). « Il est nécessaire de remettre en question l’hadopi, comme le promettait le président de la République durant la campagne présidenti­elle. L’échec de l’hadopi dans ses missions, comme le soulignait la commission d’enquête du Sénat, malgré son budget très supérieur à de nombreuses [ autorités administra­tives indépendan­tes], doit interroger le législateu­r » , ont justifié une quinzaine de députés dans leur amendement adopté le 29 avril contre l’avis du gouverneme­nt – en attendant une deuxième lecture au Sénat... @ Charles de Laubier

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