Edition Multimédi@

Faut- il virer Tim Cook?

- Charles de Laubier

Etats- Unis – en attendant de conquérir l’inde où Tim Cook vient de se rendre mais peine à se lancer. Mais les fabricants chinois de smartphone­s tels que Huawei et Xiaomi lui donnent du fil à retordre. Investir dans Didi est aussi un moyen pour Tim Cook de mieux connaître les géants chinois du Net ( 4) comme Tencent et Alibaba qui soutiennen­t aussi Didi ( 5), lequel compte 300 millions d’utilisateu­rs. Le service de paiement mobile Apple Pay, lancé en février en Chine, pourrait profiter de cet investisse­ment. Les ambitions de la marque à la pomme dans la voiture autonome – dans le prolongeme­nt de sa voiture connectée Carplay – pourrait aussi tirer partie de cette alliance chinoise.

Virer Tim Cook et faire des acquisitio­ns ?

Cet investisse­ment dans Didi semble en outre donner le coup d’envoi de la diversific­ation stratégiqu­e du premier « A » de GAFA vers plus de services en ligne. Après itunes, Apple Music ( 6) et Apple Pay, le groupe californie­n donne un coup d’accélérate­ur vers les plateforme­s numériques et l’économie du partage. A terme, les ordinateur­s, les smartphone­s et les tablettes qu’il fabrique pourraient devenir secondaire­s. D’autant que la concurrenc­e fait rage entre les nombreux fabricants de terminaux mobiles, avec des baisses de tarifs et de marges significat­ives malgré des performanc­es toujours accrues. Si l’iphone a assuré en près d’une décennie la rentabilit­é du groupe de Cupertino, cela ne devrait plus être le cas à l’avenir. IBM n’a- t- il pas pris le virage des services informatiq­ues dans les années 1990 pour retrouver des marges financière­s que Big Blue avait perdu en tant que fabricant d’ordinateur­s de moins en moins coûteux ? Apple est en passe de subir le même sort, comme l’illustre la progressio­n de 20 % de ses revenus trimestrie­ls dans les services ( Apple Store, Apple Music, icloud, Apple Pay, ...). Mais la concurrenc­e est rude, face à Spotify, Google ou encore Microsoft. La planche de salut de la multinatio­nale californie­nne peut aussi se trouver du côté de la santé ( 7) : n’a- t- elle pas recrutée dans ce domaine Yoki Matsuoka, d’origine japonaise et spécialist­e de la « neurobotiq­ue » , qui fut une co- fondatrice du laboratoir­e futuriste de Google ( X Lab) ? La réalité virtuelle pourrait aussi constituer un avenir pour Apple, voire l’intelligen­ce artificiel­le. Au 31 mars dernier, Apple détient une trésorerie colossale de 232,9 milliards de dollars ! Ce qui lui laisse une marge de manoeuvre considérab­le pour faire des acquisitio­ns, voire des méga- acquisitio­ns. Car à défaut de pouvoir continuer à faire rêver en développem­ent ses propres produits ou plateforme­s, il reste à racheter ceux des autres. En un an, Apple a acquis pas moins d’une quinzaine d’entreprise­s – la plupart des start- up. A moins de trouver un nouveau Steve Jobs. Un analyste de Global Equities Reseach propose même de se « débarrasse­r » de Tim Cook, de son directeur financier Luca Maestri et de sa directrice des ventes Angela Ahrendts ! « Débarrasse­z- vous de ces trois personnes, et Apple reviendra à sa gloire passée » , estime- t- il ( 8), tout en prônant le recrutemen­t de Jon Rubinstein, exdirigean­t de la division ipod, comme nouveau DG d’apple, ainsi que de Fred Anderson comme nouveau directeur financier, ayant déjà occupé ce poste par le passé. « Tim Cook a fait du bon boulot » , avait pourtant assuré l’investisse­ur Carl Icahn qui a annoncé fin avril avoir vendu toutes ses actions Apple en réalisant au passage une plus- value de 2 milliards de dollars... Ce ne serait pas l’équipe dirigeante d’apple qui poserait problème, selon le milliardai­re américain, mais plutôt la Chine dont le ralentisse­ment économique et les décisions réglementa­ires ont un impact direct sur les ventes du fabricant californie­n. Ce qui n’effraie pas un autre milliardai­re, Warren Buffet, qui a annoncé mi- mai son entrée – via sa holding Berkshire Hathaway – au capital d’apple pour plus de 1 milliards de dollars... Une chose est sûre : le marché chinois des smartphone­s est arrivé à saturation, ce qui a un impact direct sur les ventes mondiales de ces terminaux mobiles multimédia­s. Selon le cabinet d’études Strategy Analytics, elles ont baissé de 3 % au premier trimestre de cette année. Si le fabricant corée Samsung reste le numéro un mondial du smartphone avec 79 millions d’unités vendues sur les trois premiers mois de l’année ( en baisse de 4,5 %) pour une part de marché de 23,6 % ( contre 24 % un an avant), Apple demeure en seconde position avec 51,2 millions d’unités ( en chute de 16 %) pour une part de marché de 15,3 % ( contre 17,7 % un an avant). Cette érosion des ventes de smartphone est également constatée par le cabinet IDC, pour se retrouver à un peu plus de 334 millions d’unités au total sur ce même trimestre. Si le chinois Huawei conforte sa position de troisième fabricant mondial de smartphone­s, il est rejoint pour la première fois pas deux autres de ses compatriot­es que sont les chinois Oppo et Vivo en respective­ment quatrième et cinquième places. Dans le « Top 5 » des smarphones, Apple fait ainsi figure d’intrus parmi tous ces asiatiques...

Les 10 ans de l’iphone dans le nouveau QG ?

Quoi qu’il en soit, l’iphone fêtera ses dix ans en 2017 et la firme de Cupertino intègrera son nouveau quartier général circulaire pharaoniqu­e sur 70 hectares et 260.000 m2 – dont le budget a explosé de 3 à 5 milliards de dollars en trois ans... @

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