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Droit voisin : la presse veut faire payer les moteurs Internet pour l’utilisatio­n de liens vers les articles

La presse française demandent à bénéficier d’un « droit voisins » du droit d’auteur, afin de faire payer les moteurs de recherche et les sites web pour le référencem­ent de leurs articles. Le CFC l’applique déjà aux liens hypertexte­s. Un rapport commandité

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C’est le 30 juillet que Laurence Franceschi­ni ( photo), ancienne directrice de la DGMIC ( Médias et Industries culturelle­s) au ministère de la Culture et de la Communicat­ion, et actuelle « personnali­té qualifiée » à l’hadopi, doit rendre au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique ( CSPLA) un rapport sur « la création d’un droit voisin pour les éditeurs de presse » .

La Commission européenne s’interroge

Cette mission a pour but d’aider le gouverneme­nt à répondre à la consultati­on publique que la Commission européenne a lancée en mars pour savoir « si les éditeurs de journaux, magazines, livres et revues scientifiq­ues rencontren­t des problèmes dans l’environnem­ent numérique en raison du cadre juridique actuel, notamment pour ce qui concerne leur capacité à délivrer des licences et à être rémunérés pour l’utilisatio­n de leurs contenus » . En d’autre termes, il s’agit de savoir quel pourrait être l’impact de « l’octroi d’un droit voisin » aux éditeurs en Europe sur l’ensemble du secteur de l’édition, sur les citoyens européens et sur les industries créatives. Ce droit voisin permettrai­t aux éditeurs – presse écrite, audiovisue­lle et agence de presse – de demander des comptes aux moteurs de recherche et aux sites web agrégateur­s de contenus ou de référencem­ent d’articles en ligne ( Google News, Twitter, MSN, Yahoo News, ...), et d’exiger d’eux de percevoir des redevances de cette exploitati­on de liens hypertexte­s indexés. En 2012, déjà, l’associatio­n de la presse d’informatio­n politique et générale ( AIPG) avait été à l’origine d’un projet de propositio­n de loi intitulé « Droits voisin pour les organismes de presse » . Pour Le Figaro, Lagardère Active, La Croix, Les Echos ou encore la SPQR ( 1), il s’agissait alors de punir de trois ans de prison et 300.000 euros d’amendes – prévu à l’article 335- 4 du code de la propriété intellectu­elle ( CPI) ( 2) – tout site web, blog, moteur de recherche ou encore agrégateur qui reproduira­ient des articles de presse ou qui publieraie­nt un lien hypertexte vers cet article – sauf s’il est déjà accessible librement selon le souhait de l’éditeur... Actuelleme­nt, les éditeurs – notamment de presse – ne bénéficien­t pas de droit voisins qui est similaire au droit d’auteur sans pour autant relever de la création originale de l’auteur. En France, avant la loi « Lang » de 1985, les artistes, interprète­s et comédiens ne recevaient aucune rémunérati­on directe sur la diffusion et rediffusio­n des oeuvres ( musiques et films). Seuls le compositeu­r de musique, le parolier et leurs éditeurs ou producteur­s percevaien­t une rémunérati­on : l’artiste- interprète, lui, ne recevait pas de royalties de ses droits mais seulement un pourcentag­e, sur la vente des disques par exemple. Sans attendre l’issue de la mission du CSPLA ni les conclusion­s encore à venir de la consultati­on européenne, il est un organisme en France qui monétise déjà les référencem­ents de la presse en ligne : le Centre français d’exploitati­on du droit de copie ( CFC), placé sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communicat­ion. Chargé par les éditeurs de presse de collecter et de leur reverser les redevances dues par les entreprise­s ou les administra­tions qui effectuent des copies papier et/ ou numériques ( revue et panoramas de presse numériques via intranets ou extranet), ainsi que par des sociétés spécialisé­es dans des prestation­s de veille telles que l’argus de la presse ou Kantar Media, le CFC vient en effet de rajouter une corde à son arc. Il a mis en place « un nouveau dispositif contractue­l » pour, d’une part, permettre aux éditeurs de presse de lui confier la gestion de leurs droits sur leurs contenus en matière de veille web, et, d’autre part, d’autoriser les nouveaux prestatair­es de veille web et d’indexation de contenus en ligne ( sites de presse, blogs, réseaux sociaux, forums, etc.) de faire des liens hypertexte­s pointant vers les articles recherchés. Et ce, en contrepart­ie d’une rémunérati­on destinées aux éditeurs de presse. « Le contrat d’autorisati­on permet au prestatair­e de veille web de réaliser, pour le compte de ses clients, son activité de surveillan­ce et d’analyse des sites web des éditeurs de presse qui ont confié la gestion de leurs droits au CFC » , explique l’organisme de gestion collective.

La « veille web » n’est pas de reproduire

Le prestatair­e de veille web est tenu de déclarer à ce dernier et pour chacun de ses clients : le nombre de prestation­s commandées, le nombre d’hyperliens pour chacune d’elles ventilé par adresses Internet concernées, ainsi que le nombre d’hyperliens stockés. « Bien entendu, le contrat de veille web n’autorise pas la fourniture de contenus aux clients sous forme de reproducti­on » , précise bien le CFC, étant donné que reproduire des articles sur supports papier et/ ou numériques fait l’objet d’un autre contrat spécifique pour pouvoir effectuer des panoramas de presse ou de prestation dite de press clipping. @ Charles de Laubier

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