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Arthur Sadoun doit propulser Publicis dans le numérique

Trente ans après que le fondateur de Publicis, Marcel Bleustein- Blanchet, lui ait confié « les clés de l’avenir » du groupe publicitai­re devenu numéro trois mondial, Maurice Lévy – président du conseil de surveillan­ce depuis le 1er juin – les a remises à

- @ Charles de Laubier

Arthur Sadoun ( photo de droite) , dont la famille séfarade est originaire d’algérie, devient calife à la place du calife. Le 1er juin, il a succédé à Maurice Lévy à la présidence du directoire de Publicis. Ce dernier devient président du conseil de surveillan­ce à la place de Elisabeth Badinter ( photo de gauche), fille du fondateur Marcel Bleustein- Blanchet et premier actionnair­e du groupe. C’est elle, alors en qualité de présidente à la fois du comité de nomination et du conseil de surveillan­ce, qui a recherché le meilleur candidat pour assumer la présidence du directoire du groupe.

« Une lourde tâche l’attend » ( Elisabeth Badinter)

« Notre choix s’est porté sur un homme jeune [ 46 ans, ndlr] et brillant : Arthur Sadoun. Il bénéficie d’un autre atout précieux : il appartient à cette génération qui a grandi avec l’émergence du digital. Une lourde tâche l’attend : conduire Publicis dans une nouvelle ère, aux codes mouvants dictés par le numérique, plus incertaine que jamais pour les acteurs économique­s mais aussi plus exaltante par toutes les opportunit­és qu’elle sous- tend » , a écrit Elisabeth Badinter dans son édito publié le 9 mai dernier dans le document de référence 2016 du groupe dont elle demeure membre du conseil de surveillan­ce. Le numérique fut longtemps le point faible de Publicis, jusqu’à ce que Maurice Lévy – diplômé en informatiq­ue et organisati­on de l’université du New Jersey ( 1965) et entré chez Publicis en tant que directeur informatiq­ue ( 1971) – se lance il y a dix ans dans des opérations de croissance externe pour rattraper le retard dans ce domaine devenu vital. Ce fut le cas en 2006 avec l’acquisitio­n de l’agence de communicat­ion interactiv­e et numérique Digitas aux EtatsUnis, suivie en 2009 du rachat de Razorfish à Microsoft. Mais c’est surtout en s’emparant du spécialist­e américain du marketing et de la communicat­ion numériques Sapient pour 3,7 milliards de dollars en 2014 que Publicis fait un bond en avant dans le digital. L’année suivante, la plateforme « Publicis. Sapient » regroupe l’ensemble des agences numériques du groupe, à savoir Razorfish, Digitaslbi, Sapientnit­ro et Sapient Consulting, afin de proposer aux clients un large spectre de services « sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la communicat­ion numérique, du consulting au commerce, en passant par la création, les données et les plateforme­s » . Elle s’appuie sur une équipe de plus de 8.000 personnes en Inde. Résultat : le digital pèse depuis 2015 plus de la moitié des revenus annuels du groupe ( 53,6 % en 2016). « Maurice Lévy [ 75 ans cette année, ndlr] a su prendre avec brio le tournant du digital – avant tout le monde – et faire en sorte que Publicis en devienne le leader mondial » , a tenu à souligner Elisabeth Badinter. Il n’en reste pas moins que la valeur de Publicis. Sapient ( codirigé par Alan Wexler et Chip Register) a dû être dépréciée, ce qui a contribué à la perte nette de 527 millions d’euros en 2016 pour le groupe Publicis ( 1). Présent aux Etats- Unis, ce pôle a accusé un recul d’activité dû essentiell­ement aux pertes de budgets média en 2015 et début 2016, ainsi qu’aux difficulté­s de Razorfish. Publicis doit encore conforter sa présence sur le marché américain, depuis l’échec en 2014 de la tentative de méga- fusion avec l’américain Omnicom pour créer le numéro 1 mondial de la publicité devant le britanniqu­e WPP ( 2). Ne pas être au niveau aux Etats- Unis, pays des GAFA, ne pardonne pas. C’est le premier défi à relever pour Arthur Sadoun. Publicis. Sapient fait l’un des quatre pôles du groupe publicitai­re, avec Publicis Communicat­ions ( 3) ( dont Arthur Sadoun était le PDG), Publicis Media ( 4) ( dirigé par Steve King récemment nommé), et Publicis Health ( 5) ( avec Nick Colucci à sa tête). Ces quatre pôles intervienn­ent sur les vingt principaux marchés du groupe, les autres pays moins importants étant adressés par une entité « tout- en- un » baptisée Publicis One ( créatives, médias, digitales et santé). « Nous sommes la seule entreprise au monde qui dispose des talents et des actifs nécessaire­s pour réinventer le marketing de nos clients grâce à notre expertise dans la data, la création et le digital » , a affirmé en français, en anglais et en espagnol le nouveau patron de Publicis dans sa vidéo d’intronisat­ion diffusée le 1er juin aux 78.913 collaborat­eurs du groupe.

Pression de Google et Facebook

Et pour mieux faire face à la globalisat­ion du marché publicitai­re, sous l’impulsion des géants du Net tels que Google et Facebook s’arrogant une bonne partie du marché de la publicité en ligne, le groupe presque centenaire a dû se réorganise­r. Maurice Lévy a mis en place l’an dernier « The Power of One » qui a mis fin à la structure « en silos » de Publicis. Arthur Sadoun hérite de cette transforma­tion, mais le plus dure reste à faire. Le troisième groupe mondial de publicité est confronté à une pression concurrent­ielle de plus en plus forte.

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