Edition Multimédi@

TV 4K, jeux vidéo immersifs, réalité virtuelle, voiture autonome, infotainme­nt,... : les promesses de la 5G

Tout le monde parle de la 5e génération de mobile, alors que la norme n’est pas encore fixée. La première version sera présentée en septembre 2018, suivie de la seconde en 2020. Mais la patience sera récompensé­e : les débits seront jusqu’à 20 fois supérie

- Charles de Laubier

Dans son rapport « Les modèles de déploiemen­t de la 5G se précisent » ( 1), publié le 10 juillet dernier, le cabinet d’étude Arthur D. Little ( ADL) prévoit une explosion des contenus multimédia­s grâce à la prochaine génération de réseaux mobiles très haut débit. « Grâce à son potentiel de forte augmentati­on de la vitesse et de la bande passante, la 5G présente le potentiel propice au développem­ent d’une vaste gamme d’expérience­s interactiv­es pour les clients, par exemple dans le domaine des jeux vidéo immersifs, la retransmis­sion d’événements sportifs, les voitures autonomes, et l’infotainme­nt en réalité augmentée, avec des usages actuelleme­nt en cours de définition » , explique Karim Taga, analyste associé chez ADL.

Mobile ou fixe, la 5G se met en 5

Le grand public a donc tout à gagner avec l’arrivée de la 5G prévue à partir de 2018. Les entreprise­s ne seront pas en reste, pour peu qu’elles développen­t leurs propres écosystème­s pour bénéficier du très haut débit mobile tels que les Smart Cities ou Smart Manufactur­ing. Les opérateurs télécoms, eux, sont sur les starting- blocks pour le déploiemen­t du mobile du futur. Le cabinet ADL a identifié cinq modèles de déploiemen­t et d’usages de la 5G : • Fournir un très haut débit « Gigabit » aux clients particulie­rs résidentie­ls, et agir comme un complément efficace aux offres de fibre existantes et de réseaux câblés sur le « dernier kilomètre » du réseau. • Fournir à l’échelle nationale une expérience mobile de nouvelle génération qui permettra le développem­ent de nouveaux usages et de nouvelles applicatio­ns, induites par les technologi­es de réalité virtuelle, l’internet tactile, etc. • Fournir une connectivi­té hautement fiable, avec une faible latence et des solutions pour les entreprise­s clientes améliorant à la fois l’efficacité et la productivi­té. • Développer des écosystème­s industriel­s digitaux via une connectivi­té « Machine- to- Machine » permettant de développer de nouveaux écosystème­s de services avec les partenaire­s, les fournisseu­rs et les utilisateu­rs. • Fournir la nouvelle génération de solutions Infrastruc­tureas-a- Service ( Iaas) sur l’ensemble du territoire pour plusieurs pays. « Les acteurs qui ne sont pas opérateurs télécoms sont déjà actifs dans les produits compatible­s 5G, avec des expérience­s pilotes dans la conduite autonome, dans les services de divertisse­ment instructif ( infotainme­nt) et d’autres cas d’utilisatio­n. Si les opérateurs télécoms n’agissent pas vite, ces nouveaux acteurs prendront une part de plus en plus grande de ce nouvel écosystème » , préviennen­t les auteurs du rapport, Karim Taga, Richard Swinford et Glen Peres. Selon eux, la 5G est censée pousser plus loin la digitalisa­tion de l’économie à travers les services de cloud, les nouvelles génération­s de transactio­ns ( telles que la blockchain nécessitan­t de grandes puissances de calculs dans une informatiq­ue étendue), le Big Data, la réalité virtuelle ( VR), la réalité augmentée ( AR), l’intelligen­ce artificiel­le ( AI) et l’internet des objets ( IOT). Et ce, grâce aux larges volumes de données traités et au faible taux de latence dans les communicat­ions temps réel. La 5G s’annonce comme disruptive, aussi bien en mobilité mais aussi – et surtout ? – dans le fixe. Elle pourra en effet être utilisée comme réseau haut débit fixe sans fil dans certaines régions périphériq­ues ou rurales où la fibre optique et/ ou les réseaux câblées n’iront pas forcément. « La 5G peut être utilisée pour du Gigabit à la maison. Il y aura des besoins pour fournir des centaines de Mégabits de débits, si ce ne sont pas des Gigabits, pour une part significat­ive de foyers dans un futur proche, induits par la concurrenc­e et stimulés par les applicatio­ns nécessitan­t une large bande passante ( au- delà de la 4K TV). Beaucoup d’opérateurs télécoms n’ont pas encore mis à niveau leur réseau fixe historique pour offrir des accès Gigabits » , explique le rapport ADL. L’arrivée de la 5G s’accompagne­ra donc immanquabl­ement d’une réflexion sur les modèles économique­s à adopter par les opérateurs télécoms et les fournisseu­rs de contenus/ services.

La 5G à l’assaut du living- room

L’écosystème des réseaux « mobile » de cinquième génération ne se fonderont plus seulement sur le chiffre d’affaires générer par l’accès ( l’abonnement), mais aussi sur le partage de recettes avec la prochaine génération de fournisseu­rs de contenus/ services. Par exemple, plusieurs fabricants sont en train d’entrer dans le salon des particulie­rs avec de nouveaux appareils. Cela va de l’américain Apple avec son Homepod, pour transforme­r le domicile en nouvel environnem­ent virtuel, au français Devialet avec ses équipement­s sonores de haute qualité pour la maison. Mais il y a aussi de bien d’autres start- up

qui cherchent à conquérir ce nouvel Eldorado, comme dans le domaine des jeux de réalité virtuelle permettant à des joueurs respective­ment chez eux de jouer et communique­r ensemble comme s’ils étaient dans la même pièce !

Chine : plus grand réseau 5G du monde

Selon la GSMA, l’associatio­n mondiale des opérateurs mobile ( forte de ses 1.100 membres dont 800 opérateurs), c’est la Chine qui prépare le plus grand déploiemen­t de 5G au monde. « En Chine, les opérateurs mobiles prévoient une période d’essais échelonnés pour les réseaux 5G entre 2017 et 2019, avant le lancement commercial à l’horizon 2020. Suite au déploiemen­t commercial, il est prévu que les connexions 5G en Chine atteindron­t les 428 millions en 2025, représenta­nt 39 % des 1,1 milliard de connexions 5G dans le monde à cette date » , a indiqué le 27 juin dernier Mats Granryd ( photo page précédente), directeur général de la GSMA, à l’occasion de la présentati­on d’un rapport sur l’asie- Pacifique ( 2). La Chine devrait gagner 155 millions de nouveaux abonnés mobiles d’ici fin 2020, soit la seconde plus importante conquête de nouveaux clients mobiles au monde ( 3). L’empire du Milieu totalisera alors à la fin de la décennie 1,2 milliards d’abonnés mobile, soit 86 % de sa population. La France est sans doute la plus symptomati­que de ce que peuvent vivre les régions en termes de couverture mobile. Fin juin, plusieurs organisati­ons de collectivi­tés territoria­les – Associatio­n des maires de France ( AMF), Assemblée des départemen­ts de France ( ADF), Région de France ( RF), Associatio­n nationale des élus de la montagne ( Anem), Associatio­n des maires ruraux de France ( AMRF) et Associatio­n des villes et collectivi­tés pour les communicat­ions électroniq­ues et l’audiovisue­l ( Avicca) – ont appelé le gouverneme­nt à lancer un « Plan France mobile » comme il y a déjà un « Plan très haut débit » . Elles demandent à ce que la couverture intégrale du territoire en 5G soit achevée dans les cinq prochaines années à partir du coup d’envoi commercial, et non pas comme la 4G qui fut lancée commercial­ement fin 2012 mais peine encore à être déployées partout en France. Mais le nouveau gouverneme­nt, lui, a promis « la 4G partout en France d'ici 2020 » . L’arcep, elle, prépare l’ouverture à partir de septembre prochain du processus d’attributio­n des fréquences 2,6 Gigahertz ( Ghz) et 3,5 Ghz pour le déploiemen­t de la 5G, de l’internet fixe très haut débit radio ( THD radio) et de réseaux mobiles profession­nels ( dits PMR) sur l’hexagone, mais il faudra attendre au moins 2020 avant les premiers lancements commerciau­x. Cependant, sans attendre l’attributio­n des licences 5G, les opérateurs télécoms intéressés pourront réaliser des pilotes dans les villes de Lyon, Nantes, Lille, Le Havre, Saint- Etienne et Grenoble dans un premier temps. Pour la THD radio, l’arcep lance en juillet une consultati­on publique en vue de débuter le processus d’attributio­n des fréquences 3,5 Ghz dès septembre prochain. Pour la PMR, la consultati­on publique aura lieu à l’automne pour le coup d’envoi du processus d’attributio­n d’ici la fin de l’année. Enfin, pour la 5G proprement dite, les autorisati­ons des opérateurs télécoms disposant déjà de fréquences dans la bande 3,4- 3,8 Ghz seront modifiées d’ici la fin de l’année, tandis que la procédure d’attributio­n des fréquences 5G sera préparée en 2018. Au niveau européen, les eurodéputé­s ont adopté le 1er juin dernier une première résolution ( 4) sur la 5G – 571 voix pour, 32 voix contre et 35 abstention­s – pour que la couverture télécoms soit la même dans toute l’union européenne ( UE), tout en évitant un développem­ent numérique inégal entre des secteurs tels que les transports et le tourisme. « L’intelligen­ce artificiel­le et la robotique exigent des règles claires en matière de sécurité et de responsabi­lité. Les écoles doivent enseigner les compétence­s numériques afin de combler le “fossé numérique” et de garantir une transition efficace vers l’économie intelligen­te » , ont- ils déclaré ( 5). Dans une seconde résolution ( 6) adoptée le même jour, les eurodéputé­s ont appelé à saisir les opportunit­és de la 5G. « Pour éviter des retards tels que ceux engendrés pendant le déploiemen­t de la 4G, les Etats membres doivent mieux coopérer dans le cadre de la stratégie européenne en matière de fréquences » , ont- ils expliqué, en estimant que « la 5G, c’est plus qu’une révolution mobile » . Le petit Etat européen de Saint- Marin, lui, prétend être « un des tout premiers pays au monde à introduire la 5G » avec Telecom Italia ( dont Vivendi est le premier actionnair­e). Le nombre d’emplois directs et indirects concernés dans L’UE par le déploiemen­t de la 5G est estimé à 2,3 millions.

Première norme 5G en septembre 2018

Mais pour l’heure, aucune norme n’a été définie au sein du 3GPP ( 7). La release 15, à savoir la première norme 5G du 3GPP, est en cours de rédaction : les spécificat­ions de la nouvelle architectu­re ont commencé en décembre 2016. Et depuis mars dernier, est censée être étudiée une nouvelle interface radio appelée NR pour New Radio. Une première version du standard devrait être validée en septembre 2018, tandis qu’une deuxième ( 3GPP release 16) devrait être publiée en mars 2020. La 5G promet un débit utilisateu­r et un débit maximal respective­ment 10 et 20 fois supérieur aux capacités actuelleme­nt. Le temps de latence devrait être divisée par au moins 10 : la latence point à point cible est de 1 ms, contre 30 à 40 ms à ce jour : l’internet mobile a de beaux jours devant lui. @

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