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Qwant face à Google : bientôt une levée de fonds ?

- Charles de Laubier

Start- up française financée par la Caisse des dépôts ( CDC) et start- up franco- allemande ( avec Axel Springer à son capital) financée par la Banque européenne d'investisse­ment ( BEI), Qwant manque de fonds pour poursuivre son développem­ent – avec son partenaire… Microsoft.

Passée la campagne médiatique orchestrée lors de l’inaugurati­on des nouveaux locaux parisiens de Qwant le 14 juin dernier, avec la visite du ministre de l’economie et des Finances, Bruno Le Maire, place aux interrogat­ions sur les ambitions affichées de ce moteur de recherche français à concurrenc­er Google en Europe. Fêtant ses cinq ans cette année, la société cofondée par Eric Léandri ( photo), son actuel président ( 1), a- t- elle les moyens – notamment financiers – de ses ambitions ? On peut en douter au regard de son capital social qui est seulement de… 27.714,92 euros.

Une prochaine grosse levée de fonds

En cinq ans, Qwant – contractio­n de « Quantity » et « Want » – a levé près de 50 millions d’euros – dont 25 millions d’euros auprès de la Banque européenne d’investisse­ment ( BEI) en en octobre 2015 et 15 millions d’euros auprès de la Caisse des dépôts et consignati­ons ( CDC) en janvier 2017, près de 5 millions d’euros auprès du groupe de médias allemand Axel Springer, son actionnair­e historique depuis juin 2014. Mais cela ne suffit pas pour prétendre concurrenc­er Google en Europe. La direction de Qwant n’exclut donc pas une nouvelle levée de fonds qui pourrait porter cette fois sur 100 à 200 millions d’euros, d’après l’agence Reuters. Autrement dit, le moteur de recherche d’origine française pourrait passer à la vitesse supérieure, notamment avec une « V4 » en vue, et avoir les coudées franches pour grignoter des parts de marché à Google. Pour l’heure, outre Eric Léandri qui garde la majorité des droits de vote au sein de Qwant SAS ( 2), les deux principaux actionnair­es sont la CDC à hauteur de 20 % et le groupe de médias allemand Axel Springer à 18,4 % depuis son entrée au capital en juin 2014. En lui accordant son prêt convertibl­e en actions, la Banque européenne d’investisse­ment ( BEI) a voulu « permettre à cette start- up franco- allemande [ de par la présence d’axel Springer au capital, ndlr] d’étendre son offre en Europe et ainsi développer un moteur de recherche hautement performant, respectueu­x de la vie privée de ses utilisateu­rs comme de la neutralité des résultats de recherche » . L’annonce de ce financemen­t européen ( 3) avait d’ailleurs été faite lors de la grande conférence numérique franco- allemande qui a eu lieu le 28 octobre 2015 à l’elysée, en présence de… Emmanuel Macron, alors ministre de l’economie, de l’industrie et du Numérique. Pour son lancement il y a cinq ans, le 4 juillet 2013, Qwant avait bénéficié d’un financemen­t de départ de 2,8 millions d’euros. Ces fonds, bien que modestes, lui ont permis de recruter et d’ouvrir de nouveaux locaux à Paris. Qwant est passé en cinq ans d’une vingtaine de personnes à 160 personnes, dont une vingtaine d’ingénieurs au sein de l’entité Qwant Research dirigée par David Scravaglie­ri, avec une dernière recrue de taille : Tristan Nitot, ancien de Mozilla Europe, en tant que « vice- président advocacy » pour promouvoir le moteur de recherche européen auprès des utilisateu­rs et développeu­rs. Cette croissance interne ( avec présence en Allemagne, Italie, et Espagne) ainsi que les investisse­ments dans de multiples services – ceux déjà lancés ( Quant Music, Qwant Junior, Qwant Sports, Qwant Games, Qwant Mobile, …) ou ceux attendus en septembre ( Qwant Mail, Qwant Maps, Qwant Pay, Qwant Med & Surgery, Qwant Sécurité civile, …), ainsi que Qwant Masq ( gestionnai­re de données personnell­es stockées sur le terminal de l’utilisateu­r) – ont eu raison de la trésorerie disponible. Sans parler de l’achat de nouveaux serveurs pour faire face à l’afflux des utilisateu­rs et à la suite d’une panne momentanée des équipement­s existants. Résultat : les comptes de l’entreprise sont déficitair­es cette année, pour un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros en 2017. Eric Léandri a expliqué mi- juin que Qwant visait les 10 millions de chiffre d’affaires cette année, puis les 30 millions d’euros l’an prochain avec un retour promis à l’équilibre financier. Ses revenus proviennen­t essentiell­ement de la publicité faite sur les résultats des recherches, en partenaria­t avec Microsoft et ses « annonces » via son propre moteur de recherche Bing. Seuls les mots- clés indiqués par les utilisateu­rs sont pris en compte pour les publicités en correspond­ance : pas de publicité ciblée ni de cookies. « Un utilisateu­r rapporte 60 euros par an à Google. Nous, c’est 12 euros » , a indiqué Eric Léandri.

Partenaria­t avec l’américain Microsoft

Car Qwant a beau être « made in France » et « French Tech » , voire franco- allemand aux yeux de la BEI, il n’en a pas moins pour partenaire majeur l’américain Microsoft, non seulement en s’appuyant sur le système publicitai­re de Bing mais aussi pour l’indexation du Web. « Certaines parties du Web ne sont pas encore parfaiteme­nt indexées. Dans l’attente, notre partenaria­t avec Microsoft Bing nous permet de compléter nos résultats » , reconnaît la start- up parisienne. @

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