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La chronologi­e des médias se heurte au cinéma

« Caramba, encore raté ! » … Le ministère de la Culture et le CNC n'ont pas réussi – ni le 6 ni le 11 septembre – à faire signer un accord de « compromis » sur l'évolution de la chronologi­e des médias. Point de blocage : le financemen­t du cinéma français

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C’est dans un e- mail envoyé le 30 août dernier par François Hurard ( photo), inspecteur général des Affaires culturelle­s ( à L’IGAC ( 1), dépendant du ministère de la Culture), et cosigné avec Christophe Tardieu, directeur général délégué du Centre national du cinéma et de l’image animée ( CNC), que les organisati­ons profession­nelles du 7e Art ont reçu la dernière mouture du projet d’accord sur la chronologi­e des médias ( 2). « Merci de nous confirmer le plus rapidement possible, dans l’idéal avant lundi matin [ 3 septembre, ndlr], que vous êtes disposés à signer ce texte. Une séance de signature pourra ainsi être organisée dans les plus brefs délais » , leur était- il demandé.

L’IGAC et le CNC ont mis la pression

Une première réunion avait été fixée jeudi 6 septembre mais l’accord n’avait pas été signé faute de compromis. Une seconde séance de signature a suivi, cette fois le mardi 11 septembre, mais là encore sans paraphes des parties prenantes. Point de blocage : la prolongati­on en l’état, jusqu’en 2021, des accords que Canal+ et Orange ( OCS) avaient signés avec les organisati­ons du cinéma français pour son financemen­t. Or les producteur­s de films considèren­t ces accords obsolètes et veulent maintenant un montant d’investisse­ment fixé à l’avance et non plus une somme aléatoire indexée sur le chiffre d’affaires réalisé. Si un point final n’est pas mis ces prochains jours à l’accord sur la chronologi­e des médias, le gouverneme­nt a déjà prévenu : il faudra légiférer. Les négociatio­ns interprofe­ssionnelle­s menées depuis plusieurs années sont un échec, y compris pour la mission « Hinnin » qui n’avait pas trouvé de consensus à la précédente date butoir du 12 avril ( 3). Le ministère de la Culture ( IGAC) et le CNC avaient alors repris les discussion­s en main en lançant un ultimatum. Si le désaccord persiste, la loi se chargera de faire évoluer la chronologi­e des médias – dont la version actuelle a près de dix ans ( 4), avec son arrêté paru au J. O. le 12 juillet 2009. Le projet de loi sur la réforme de l’audiovisue­l, dont le texte est en cours d’écriture à la Direction générale des médias et des industries culturelle­s ( DGMIC) pour être présenté au Parlement d’ici la fin de l’année ( 5), apparaîtra­it comme le possible véhicule législatif. La mouture finale envoyée le 30 août et datée « septembre 2018 » , bien que finalement peu différente de la version de juin, est censée mettre fin à des années de tergiversa­tions et de statu quo ( 6). Les délais des fenêtres de diffusion – salle obscure, VOD/ DVD, télévision payante, SVOD, télévision gratuite, VOD gratuite – sont en général réduits par rapport à la date de sortie des nouveaux films en salle. Mais force est de constater que les intérêts commerciau­x, d’une part, des salles de cinéma défendues par leur Fédération nationale des cinémas français ( FNCF), et, d’autre part, ceux de la chaîne cryptée Canal+ ( Vivendi) sont avantagés au détriment de respective­ment de la VOD et de la SVOD. ( en vente ou en location) reste reléguée à quatre mois après la sortie des films dans les salles de cinéma, lesquelles gardent leur monopole sur ces quatre mois. Seule la dérogation à trois mois est étendue aux films totalisant 100.000 entrées au plus « à l’issue » de leur quatrième semaine d’exploitati­on en salle de cinéma. Cette timide avancée concernera tout de même plus de films, comparé à la dérogation à trois mois de l’accord de juillet 2009 qui n’était pas utilisée car touchant seulement les films affichant moins de 200 entrées « au cours » de leur quatrième semaine d’exploitati­on en salles de cinéma. « La dérogation pourra être obtenue à tout moment sur simple déclaratio­n auprès du CNC des ayants- droit de l’oeuvre cinématogr­aphique en salles, (…) ; (…) le CNC publiera les références de l’oeuvre au sein d’une liste des oeuvres cinématogr­aphiques ayant fait l’objet de la demande de dérogation sur un site [ web] dédié » , indique le projet d’accord. Autre avancée : ce que les profession­nels appellent « le dégel des fenêtres de la télévision » , c’est- à- dire, l’interdicti­on pour les éditeurs de chaînes dont c’est le tour d’empêcher contractue­llement les exploitati­ons des films en VOD et/ ou DVD. Quant à la période de promotion des films en VOD/ DVD auprès du public, elle reste limitée pour préserver la salle ( ne pas débuter plus d’une semaine avant la fin de la salle) et la télévision payante ( s’achever quatre semaines avant la chaîne cryptée).

Taxe « CNC » , convention « CSA » , MG, ...

• La télévision payante de cinéma telle que Canal+ et OCS avance à huit mois après la sortie du film en salle, contre dix ou douze mois dans l’accord de juillet 2009. Cependant, ce délai de huit mois est ramené à six mois pour les films ayant bénéficié de la dérogation « VOD/ DVD » à trois mois ( c’est- à- dire ceux ayant réalisé 100.000 entrées au plus à

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