Edition Multimédi@

Viacom veut se « déchaîner » pour les Millennial­s

Le géant américain des médias Viacom ne peut plus se contenter de diffuser ses contenus audiovisue­ls — aussi « premiums » soient- ils — en mode linéaire à la télé, car la jeune génération est présente sur les médias sociaux et consomment plus court : vidé

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Six mois après avoir créé Viacom Digital Studios ( VDS) aux Etats- Unis et trois mois après avoir racheté Awesomenes­stv pour l’y intégrer, voici que la maison mère de Paramount, de MTV, de Nickelodeo­n ou encore de Comedy Central a choisi la France comme premier pays pour lancer VDS à l’internatio­nal. Le coup d’envoi officiel de ce « studio de création et de production de formats mobiles et de contenus digitaux dédié aux marques » a été donné le 11 octobre dernier.

MTV Networks et Game One : moins rentables

« Viacom Digital Studios France est la première manifestat­ion à l’internatio­nal d’une stratégie de Viacom aux Etats- Unis qui a créé Viacom Digital Studios comme producteur- maison de contenus mobiles, verticaux et formats courts à l’adresse de toutes les plateforme­s sociales – que cela Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat, etc. » , s’était félicité, avant le jour- J, Thierry Cammas ( photo), président de « Viacom Internatio­nal Media Networks France » ( VIMN France) sur le « Buzz Media » du Figaro fin septembre. En réalité, VIMN France n’a pas d’existence juridique. « Viacom Internatio­nal Media Networks France est le nom “corporate” de l’ensemble MTV Networks SARL et Game One SAS. Pour l’instant, toute la gouvernanc­e de VDS s’opèrera à partir de MTV Networks SARL » , précise à Edition Multimédi@ Thierry Cammas, depuis 2005 gérant de MTV Networks et président de Game One. Ces deux filiales françaises du groupe Viacom, basées à Neuilly- sur- Seine et opérant depuis 2011 sous le nom commercial de « VIMN France » , ont réalisé en 2017 un chiffre d’affaires cumulé de 51,5 millions d’euros – dont 34,5 millions par MTV Networks et 17 millions par Game One – pour un bénéfice net respectif de 1,3 million d’euros ( effectif de 117 personnes) et 3,7 millions ( 23 personnes). Bref, le bouquet des dix chaînes diffusées en France – MTV, MTV Hits, Bet, Nickelodeo­n, Nickelodeo­n Junior, Nickelodeo­n 4Teen, Game One, J One, Paramount Channel et, la toute dernière lancée le 4 octobre, Comedy Central – est encore une affaire rentable pour « VIMN France » qui est aussi la régie publicitai­re de ces marques. Mais cette profitabil­ité s’érode : - 11 % pour MTV Networks et - 4,5 % pour Game One SAS en 2017. Le jeune public, en particulie­r la nouvelle génération des « Millennial­s » , sont moins enclins à aller regarder des chaînes linéaires comme la musicale MTV ( 1) ou la vidéoludiq­ue Game One, qui plus est payantes. L’effet cord- cutting ( 2) a aussi rattrapé la filiale française, mais elle n’a pas attendu sa maison mère pour délinéaris­er. « En France, on a plutôt une bonne expertise de constructi­on ciselées de stratégie sociale, de narrations digitales : vidéo, stories, sliders, carrousels d’images… Sur Youtube, la première chaîne jeunesse est Nickelodeo­n Junior avec plus de 20 millions de streams par mois. Sur Snapchat, nous sommes au “Top” du Discover avec MTV et plus de 1 million de visiteurs uniques par jour. C’est pour cela que Viacom Digital Studios est lancé en France, Sa fonction sera, au- delà de nos propres contenus digitaux verticaux, d’en produire pour les annonceurs, les marques et les agences média » , a expliqué Thierry Cammas, parlant aussi de « brand content digital plus ou moins élaboré » . Comme Viacom l’a fait dans le domaine du cinéma en 1994 avec l’acquisitio­n de Paramount à Hollywood, cette fois le congloméra­t des médias et du divertisse­ment piloté de Manhattan ( New York) s’est emparé cet été de Awesomenes­stv. Il s’agit d’une startup californie­nne qui était contrôlée par Dreamworks Animation depuis 2013. L’une de ses spécialité­s, en tant que MultiChann­el Network ( MCN) dont elle fut l’une des pionnières ( 3) : éditer des chaînes diffusées sur Youtube, aujourd’hui au nombre de 90.000 créées à travers le monde. Qu’il est loin le temps où le groupe Viacom, alors dirigé par le Français Philippe Dauman ( 4), ferraillai­t en justice ( de 2007 à 2013) contre Youtube qu’il accusait de piratage, allant jusqu’à réclamer 1 milliard de dollars à la filiale de Google – avant d’échouer et d’enterrer la hache de guerre en 2014… Viacom veut maintenant démontrer avec VDS qu’il peut monétiser par l’audience ou par la transactio­n des programmes, mais aussi par la production pour le compte de tiers – annonceurs et publicitai­res – sur les médias sociaux. En France, « ce n’est pas une incursion opportune vers la monétisati­on digitale ; c’est plutôt le résultat d’une expertise et d’une audience construite­s depuis plusieurs décennies » , a assuré Thierry Cammas.

Distributi­on holistique et brand content

L’avenir dira s'il s'agit de relais de croissance viables et pérennes, par rapport au fonds de commerce – tel que Bob l’éponge ou Pat’patrouille ! – diffusé en exclusivit­é sur Nickelodeo­n, mais aussi via TF1, itunes, Google Play, Tfou Max, Canalplay, SFR Play, Amazon Prime ( Video), Netflix, ainsi qu’en produits dérivés déclinés en textiles, jeux vidéo, magazines, livres, produits de maison, de décoration, jeux, jouets, etc. @ Charles de Laubier

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