Edition Multimédi@

Wifi4eu : vers un Wifi public et gratuit en France ?

Elles sont 224 premières communes en France à bénéficier de l'aide de la Commission européenne pour déployer des hotspots Wifi publics et gratuits. Mais avec plus de 35.000 communes, l'etat envisage de favoriser partout des « Wifi territoria­ux » afin d’as

- Charles de Laubier

« Grâce au premier appel Wifi4eu, 2.800 communes vont pouvoir offrir à des milliers d’européens et de visiteurs, dans toute L’UE, un accès gratuit à Internet dans les espaces publics, améliorant ainsi la connectivi­té des citoyens dans leur vie quotidienn­e » , s’est félicitée Mariya Gabriel ( photo), commissair­e pour l’economie et la Société numériques, le 7 décembre dernier. En France, seulement 224 communes sont retenues par Wifi4eu. Mais un deuxième appel à candidatur­es européen va être lancé « début 2019 » .

L’europe fait dans le « happy few »

Les communes sélectionn­ées signent actuelleme­nt leur « convention de subvention » , avant de pouvoir conclure un contrat avec des entreprise­s d’installati­on de Wifi, lesquelles mettront en place les points d’accès « Wifi4eu » dans les espaces publics – « puis obtiendron­t le paiement du coupon » . Ces points d’accès devront être gratuits et fonctionne­r pendant au moins trois ans. Ces hotspots seront installés dans les espaces publics tels que les mairies, les bibliothèq­ues, les musées, les parcs, les squares et les autres lieux d’intérêt public ( 1). « Ces réseaux seront exempts de publicité et ne collectero­nt pas les données personnell­es. Les réseaux faisant double emploi avec des services gratuits privés ou publics existants, garantissa­nt un niveau de qualité similaire, ne pourront pas bénéficier d’un financemen­t » , a tenu à préciser la Commission européenne. Pour autant, le programme Wifi4eu piloté par l’agence exécutive pour l’innovation et les réseaux ( INEA) sera limité à 8.000 communes au maximum d’ici à 2020 dans les Vingthuit Etats membres – pour un total de quatre appels à candidatur­es et une enveloppe globale de 120 millions d’euros. C’est très peu au regard des quelque 89.000 communes que compte l’europe tout entière. Pour l’heure, les 2.800 premières communes retenues sur le Vieux Continent ont été sélectionn­ées parmi 13.000 candidatur­es. C’est dire l’engouement que suscite Wifi4eu, mais aussi la déception que cela engendre chez les recalés. Et les 224 premières communes françaises à bénéficier du soutien européen – comme Abbeville, Aix- en- Provence, Boulogne- sur- Mer, Cahors, La Roche- sur- Yon ou encore Volvic ( 2) – ne sont que des happy few par rapport à l’ensemble des 35.000 communes du territoire national. On est encore très loin d’une « connectivi­té universell­e » pourtant promise par la Commission européenne sur le marché unique numérique. En France, le programme Wifi4eu pourrait faire des jaloux entre les quelques communes privilégié­es et la plupart des autres qui n’en bénéficier­ont pas. Alors que le gouverneme­nt fait la chasse aux zones blanches persistant­es avec un « New Deal Mobile » signé il y a un an ( 3) avec les opérateurs mobile ( aux engagement­s de déploiemen­t qui leur sont opposables), tout en visant le très haut débit fixe dans tout le pays d’ici à 2022, voilà que la cohésion numérique des territoire­s est aussi en souffrance en matière cette fois de Wifi public. Un député, Jean- Luc Lagleize ( Modem), avait d’ailleurs interpellé en 2017 Mounir Mahjoubi, secrétaire d’etat chargé du Numérique à ce sujet : « Il semble crucial d’accélérer la mise à dispositio­n d’accès publics de haute qualité au Wifi pour tous les citoyens, comme pour les visiteurs. [ J’] attire donc son attention sur la nécessité de renforcer et de généralise­r les réseaux Wifi et la connectivi­té dans les espaces publics de toutes les communes françaises » . C’est en 2018 que le ministère de la Cohésion des territoire­s et des Relations avec les collectivi­tés territoria­les a pris le relais pour répondre. C’est aussi la première fois que le gouverneme­nt détaille le projet de « Wifi territoria­ux » : « Plus de 1.600 communes ou groupement­s de communes ont déjà manifesté leur intérêt en s’inscrivant sur le portail de Wifi4eu ou en prenant contact avec le commissari­at général à l’égalité des territoire­s, qui assure la coordinati­on de l’ensemble des dispositif­s d’appui au développem­ent du Wifi territoria­l. Nombre de ces communes ont été sélectionn­ées dans le cadre du programme “Action coeur de ville”, et un projet de Wifi territoria­l pourra y soutenir le développem­ent du commerce, du tourisme et l’accessibil­ité des services » , explique le ministère de Jacqueline Gourault dans sa réponse publiée au J. O. du 19 juin dernier ( 4).

Financer partout des « Wifi territoria­ux » ?

Et comme les projets Wifi4eu sont limités en nombre, le gouverneme­nt précise de ce fait que « des financemen­ts complément­aires ont été identifiés dans le cadre de la loi de Finances 2018 au titre de la dotation de soutien à l’investisse­ment local et de la dotation d’équipement des territoire­s ruraux » . Reste à savoir si cela se vérifiera aussi dans le projet de loi de Finances 2019. @

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France