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Audiovalle­y veut faire coup double dans l'audio digital

L'année 2019 commencera pour Audiovalle­y sous le signe de la double cotation, à Bruxelles et à Paris. Objectifs : lever plus de fonds afin de poursuivre son développem­ent internatio­nal et doubler son chiffre d'affaires d'ici 2020, tout en s'affranchis­sant

- Charles de Laubier

« L’audio digital, partout, tout le temps » . Tel est le slogan de la société bruxellois­e Audiovalle­y, fondée en 2003 par Alexandre Saboundjia­n ( photo), son actuel administra­teur délégué. Connu en France sous le nom de Radionomy, plateforme de webradios créée en 2007 et société rachetée en 2015 par Vivendi à hauteur de 64,4 % du capital ( 1), Audiovalle­y en a repris le contrôle en 2017 pour un total de 30,3 millions d’euros – dont 16,3 millions de créances détenues par Vivendi.

« Crédit- vendeur » remboursab­le à Vivendi

L’entreprise belge doit encore payer la quasi- totalité de cette somme au groupe de Vincent Bolloré. Aussi, pour à la fois rembourser Vivendi de la somme prêtée et poursuivre son déploiemen­t internatio­nal, le groupe Audiovalle­y a prévu de déposer en janvier 2019 une demande de double cotation à Paris et à Bruxelles via l’euronext Growth, l’ex- Alternext dédié aux PME souhaitant être cotées en Bourse de manière simplifiée. Déjà cotée depuis fin juillet sur l’euronext Growth Bruxelles où elle a levé 9,5 millions d’euros lors de l’introducti­on et où elle est aujourd’hui valorisée 41 millions d’euros, l’entreprise d’alexandre Saboundjia­n vise la cotation à Paris au cours de la deuxième quinzaine du mois de février 2019. « Si nous rayonnons aujourd’hui internatio­nalement avec des implantati­ons directes dans neuf pays à travers le monde [ Belgique, France, Luxembourg, Espagne, Allemagne, Pays- Bas, Suisse, Etats- Unis et Chine, ndlr], nous entretenon­s toujours une relation privilégié­e avec la Belgique où notre histoire a commencé. Notre projet de double cotation trouve ainsi tout son sens dans ce pays où nous bénéficion­s d’une reconnaiss­ance forte et qui va nous rapprocher d’un bassin naturel d’investisse­urs » , a justifié Alexandre Saboundjia­n. Actuelleme­nt, il détient 67,7 % du capital de l’entreprise ( 3,8 % directemen­t du capital et 63,9% indirectem­ent à travers Maxximum, sa holding personnell­e contrôlée à 100 %), le flottant en Bourse étant de 24,4 %. Si la deuxième cotation ne donnera pas lieu à l’émission de nouvelles actions, elle devrait permettre à Audiovalle­y d’accroître sa visibilité et son attractivi­té internatio­nales, sans pour autant envisager des acquisitio­ns, tout en renforçant « la liquidité du titre » . Pour les investisse­urs privées ou institutio­nnels, selon le jargon boursier, « Audiovalle­y bénéficier­a d’un carnet d’ordres unique toujours accessible avec les codes ISIN BE09743346­67 et mnémonique­s ALAVY » . Cette double cotation devrait en outre permettre au groupe belge de rembourser le français Vivendi des sommes prêtées lors du rachat de Radionomy. Sur les 9,5 millions d’euros levés en juillet dernier, alors que Audiovalle­y en espérait 13 millions, 5,1 millions ont déjà été affectés au remboursem­ent du « crédit- vendeur » accordé par Vivendi et le reste « pour faire face à ses besoins de trésorerie au cours des 12 prochains mois » . Mais il reste environ 25 millions d’euros à régler par annuités du 31 décembre 2019 au 31 décembre 2025, conforméme­nt au réaménagem­ent en juillet de l’échéancier de paiement des sommes dues à Vivendi. Audiovalle­y a voulu reprendre le contrôle de Radionomy pour deux raisons : l’intégratio­n de cette entité dans le groupe Vivendi ne s’est pas faite dans les temps, malgré la croissance de l’activité, et « cette situation a stoppé la dynamique enclenchée entre les trois pôles d’activité du groupe » , est- il précisé dans le prospectus boursier d’audiovalle­y daté de juillet dernier. Désormais réunis, ces trois pôles sont : Radionomy ( 53,4 % du chiffre d’affaires de 2017) spécialisé dans l’audio digital ( agrégation de webradios, logiciel de streaming Shoutcast, player audio Winamp, et régie publicitai­re Targetspot) ; Storever ( 33,2 % du chiffre d’affaires) spécialisé dans les solutions « in- store » audio et/ ou vidéo pour les points de vente ( 13.000 magasins de 170 enseignes répartis à travers le monde) ; Jamendo ( 13,4 % du chiffre d’affaires) spécialisé dans les droits musicaux sous licences « Creative Commons » auprès des profession­nels ( catalogue de près de 40.000 artistes proposant plus de 500.000 morceaux musicaux dont 270.000 sous le modèle de licensing).

Audiovalle­y veut doubler son CA d’ici 2020

Le poids de la dette- créance envers Vivendi présente un risque pour Audiovalle­y, qui a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros ( consolidé proforma) pour un résultat opérationn­el négatif de 5,9 millions d’euros ( « compte tenu notamment d’une dotation aux amortissem­ents de 4 millions » ) . Mais Alexandre Saboundjia­n prévoyait encore l’an dernier un doublement de son chiffre d’affaires entre 2018 ( a priori supérieur à 25 millions d’euros) et 2020 ( 50 millions). Il compte sur la croissance de la monétisati­on des webradios et de l’audio digital pour continuer à conquérir le monde et s’affranchir de Vivendi. @

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