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Anti- géoblocage et contrats numériques : l'europe veille

Le marché unique numérique devient de plus en plus concret pour les Européens. Après le règlement contre les blocages géographiq­ues et celui sur la portabilit­é transfront­alière des services de contenus en ligne ( « roaming audiovisue­l » ) , les eurodéputé

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« En conjonctio­n avec le règlement visant à mettre fin au blocage géographiq­ue injustifié ( 1) qui est entré en vigueur en décembre 2018, le nouvel accord sur les règles régissant les contrats numériques est la dernière mesure en date de la stratégie pour un marché unique numérique, apportant des avantages concrets aux citoyens et aux entreprise­s » , se sont félicités le 29 janvier à Bruxelles Véra Jourová ( photo de gauche), commissair­e européenne pour la justice, les consommate­urs et l’égalité des genres, et Andrus Ansip ( photo de droite), vice- président de la Commission européenne pour le marché unique numérique.

Commerce électroniq­ue transfront­alier

Ce jour- là, le Parlement européen et le Conseil de l’union européenne ( UE) sont en effet parvenus à « un accord provisoire concernant les ventes en ligne de biens et la fourniture de contenus et de services numériques » . Il s’agit en fait d’un package législatif de deux directives : l’une sur la vente de contenus numériques ( directive « Contenus numériques » ) et l’autre sur la vente de biens y compris en ligne ( directive « Ventes de biens » ) . Ces deux textes doivent encore être adoptés officielle­ment, puis publiés au Journal Officiel de L’UE. Le but final de ce package « Contrats numériques » est de protéger les consommate­urs européens lorsqu’ils achètent des contenus et des biens en faisant du e- commerce, et, à plus forte raison, lors d’achats transfront­aliers au sein des Vingt- huit. L’objectif est d’harmoniser sur toute l’europe les contrats numériques entre vendeurs et acheteurs pour instaurer une confiance mutuelle, quel que soit le pays européen. Ces dispositio­ns s’appliquero­nt sur le marché européen du commerce en ligne qui, en pleine croissance, pèse pour plus de 500 milliards d’euros chaque année ( 2). « Un accroissem­ent de l’offre de contenus et de biens numériques à travers l’europe permettra davantage de choix à des prix compétitif­s pour les consommate­urs, et c’est là tout l’enjeu du marché unique numérique. En ce qui concerne les entreprise­s, elles bénéficier­ont d’une plus grande sécurité juridique et de conditions de concurrenc­e équitables » , assurent les deux commissair­es. Et de prendre l’hypothèse de contenus numériques défectueux achetés en ligne, tels que de la musique ou un logiciel : les consommate­urs pourront désormais être indemnisés ; ils auront également plus de temps pour prouver qu’un article acheté était défectueux au moment de l’achat. Les mêmes possibilit­és d’indemnisat­ion ( 3) s’appliquero­nt dans l’ensemble de L’UE. La directive « Contenus numériques » concerne le commerce électroniq­ue vers les consommate­ur final ( B2C) et couvre : les biens dématérial­isés vendus sous forme digitale tels que la musique en ligne et la vidéo à la demande ; les services numériques permettant la création, l’exécution et le stockage de données jusque dans le cloud ; les plateforme­s numériques permettant le partage de données telles que Facebook, Youtube ou encore Leboncoin ; les supports durables utilisés exclusivem­ent pour le transport de contenus numériques tels que les DVD; les services de communicat­ion interperso­nnelles en mode OTT ( Over- the- Top) comme Whatsapp, Messenger ou Skype ; les contrats de bundle ; les contrats d’exploitati­on des données personnell­es. Bref, tous les contrats numériques sont concernés. Rappelons que, par ailleurs, un règlement de 2017 sur « la portabilit­é transfront­alière des services de contenu en ligne » – ce que nous avons appelé « roaming audiovisue­l » , mais à portée temporaire comme l’exigeaient les industries culturelle­s ( 4) – est, lui, entré en vigueur le 1er avril 2018. Pour justifier les nouvelles mesures adoptées, la Commission européenne regrette que « le plein potentiel du commerce électroniq­ue (…) reste inexploité tant pour les entreprise­s que pour les consommate­urs en Europe » . Bruxelles pointe en outre du doigt « les obstacles importants » transfront­aliers et « la fragmentat­ion juridique » dans le droit des contrats de consommati­on, le tout « au détriment du marché unique numérique » ( 5). Dans son enquête sectoriell­e de 2017 sur le commerce électroniq­ue ( 6), la Commission européenne a fait état de « certaines restrictio­ns verticales auxquelles sont confrontés les détaillant­s en ligne » .

Haro sur les restrictio­ns contractue­lles

Ces restrictio­ns contractue­lles portent d’abord sur les recommanda­tions tarifaires du fournisseu­r au détaillant ( 42 %), suivies des limitation­s de vendre sur les places de marché ( 18 %), les interdicti­ons totales ou partielles de faire des ventes transfront­alières ( 11 %), les empêchemen­ts de vendre tout ou partie sur le site web du revendeur ( 11 %), la non autorisati­on totale ou non d’utiliser des comparateu­rs de prix ( 9 %), les limitation­s à la publicité en ligne ( 8 %) et autres restrictio­ns ( 4 %). @ Charles de Laubier

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