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Reworld Media : convergenc­e publicité- rédaction

Propriétai­re de Marie France depuis 2013, de magazines cédés par Lagardère ( Be, Maison & Travaux, Auto Moto, …) depuis 2014, le « groupe digital » Reworld Media vient de signer le rachat de Mondadori France ( Science et Vie, Auto Plus, Biba, …) et « déco

- Charles de Laubier

L’année 2018 s’est terminée pour Reworld Media en défrayant la chronique, au point que Franck Riester, à peine nommé ministre de la Culture en octobre dernier, a été appelé à intervenir en pleine polémique déclenchée par le projet de reprise des magazines de Mondadori France, propriété de la famille Berlusconi, par Reworld Media, dirigé par Pascal Chevalier ( photo). L’intersyndi­cale de Mondadori France avait été reçue le 18 octobre rue de Valois et une rencontre Riester- Chevalier avait été évoquée en décembre.

La vente de Mondadori France vient d'être signée

En marge d’une conférence organisée le 17 janvier dernier au siège de la banque d’affaires italienne Mediobanca à Milan, Ernesto Mauri, directeur général du groupe Mondadori et président de Mondadori France, a dit « espérer » conclure avant la fin du mois de janvier la cession de sa filiale française de presse magazine ( 1). Selon La Lettre A du 7 février, c'est fait mais « rien n'a encore été annoncé en interne » . Entré fin septembre dernier en négociatio­ns exclusives avec Reworld Media, Ernesto Mauri a précisé que le processus de vente en était aux « nombreux » aspects juridiques et qu’il était question d’un montant de cession situé « vers le haut » de la fourchette – de 70 à 80 millions d’euros – déjà indiquée à la presse. Le patron italien avait aussi fait savoir que Reworld Media était « très déterminé » à aboutir au rachat. La filiale médias du groupe de Berlusconi ( Fininvest), présente dans la presse magazine et l’édition de livres, était elle aussi pressée de vendre Mondadori France qu’elle a dû déprécier de près de 200 millions d’euros dans ses comptes déjà déficitair­es. Après être devenu propriétai­re de Marie France en 2013 et d’une dizaine de magazines cédés en 2014 par Lagardère ( 2), le « groupe digital » de Pascal Chevalier est en passe de devenir le premier groupe de presse magazine en France. Cette perspectiv­e n’est pas du goût de tout le monde, et encore moins des 700 salariés de la filiale française de Mondadori ( auxquels s’ajoutent de nombreux pigistes) qui craignent pour leurs emplois et ne veulent pas subir le même sort que leurs camarades des anciens magazines de Lagardère. Car, à leurs yeux, Reworld Media rime avec : réduction drastique des effectifs, sous- traitance à des nonjournal­istes ( « journaux sans journalist­es » ) , plein cap sur le numérique, et convergenc­e entre publicité et rédaction. A l’appel de l’intersyndi­cale, ils ont fait grève mi- décembre pour tenter d’obtenir des garanties sur les emplois et les titres – tout en appelant une nouvelle fois Franck Riester à s’impliquer dans ce dossier. Déjà le 18 octobre 2018, à l’occasion congrès du centenaire du Syndicat national des journalist­es ( SNJ), à la mairie de Paris et en présence du ministre de la Culture fraîchemen­t nommé, son premier secrétaire général Vincent Lanier n’y était pas allé par quatre chemins : « Vous en avez forcément entendu parler, les salariés du troisième groupe de presse magazine français s’inquiètent aujourd’hui de la grande braderie qui s’annonce, si d’aventure Mondadori venait à les jeter dans les bras de Reworld Média, un investisse­ur qui n’a que faire de la presse, de ses titres, de ses salariés, qui considère l’informatio­n comme une simple vitrine destinée à attirer les annonceurs » . Et le SNJ mettant en garde Franck Riester contre « une casse sociale et éditoriale sur laquelle les pouvoirs publics ne peuvent pas fermer les yeux » . Reworld Media se définit non pas comme un groupe de presse, mais comme « un groupe digital » exploitant des « marques média fortes » et « un réseau de médias à la performanc­e » où la publicité se mêle aux contenus éditoriaux au nom du branding. L’équipe digitale, qui est plus nombreuse que celle des journalist­es, compte une soixantain­e de personnes placées sous la responsabi­lité de Jérémy Parola, directeur des activités numériques du groupe basé à Boulogne- Billancour­t. Les maître- mots sont « programmat­ique » et « marketing digital » , nouveaux nerfs de la guerre de la presse numérique. Par ailleurs, Reworld Media a tenté en décembre de s’emparer de la totalité du capital de la société suédoise Tradedoubl­er ( 3), spécialisé­e dans ce domaine en pleine croissance de ce que l’on pourrait appeler « le e- commerce médiatique » où l’on propose de l’ « affiliatio­n marketing » , du « tracking sans cookie » , ou encore Metapic qui est une plateforme de « recommanda­tions de produits » .

Reworld Media, à 40 % dans Tradedoubl­er

Avant L’OPA lancée en novembre sur le suedoistra­dedoubler, Reworld Media en possédait environ 30 % du capital. A la fin en décembre, le groupe de Pascal Chevalier atteignait un peu plus de 40 %, alors qu’il envisageai­t d’en détenir « plus de 90 % » et de « procéder à la radiation des actions Tradedoubl­er du Nasdaq de Stockhom » . Raté. @

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