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Google contre la Cnil : question de territoria­lité

Le Conseil d’etat devra dire si la Cnil est compétente pour sanctionne­r financière­ment Google dont le siège européen est basé en Irlande. La firme de Mountain View doit payer 50 millions d’euros pour non- respect du règlement général sur la protection des

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Google fait donc appel de la décision de la Cnil ( 1) qui lui a infligé le 21 janvier dernier une amende de 50 millions d’euros « en applicatio­n du RGPD ( 2) pour manque de transparen­ce, informatio­n insatis- faisante et absence de consenteme­nt valable pour la personnali­sation de la publicité » . Pour autant, ce n’est pas le montant de la sanction financière – une goutte d’eau au regard des dizaines de milliards de dollars qu’engrange chaque année la firme de Mountain View ( 3) – qui va contester devant le Conseil d’etat, mais bien la compétence de la Cnil dans cette procédure.

« Cnil » irlandaise et Google Irlande à Dublin

Google, qui s’est bien gardé d’évoquer le problème dans son communiqué laconique du 23 janvier savamment distillé auprès de quelques médias, va demander à la haute juridictio­n administra­tive d’invalider la délibérati­on du 21 janvier – publiée au Journal Officiel du 22 janvier ( 4). Car, selon le géant du Net, « la Cnil n’est pas compétente pour mener cette procédure et qu’elle aurait dû transmettr­e les plaintes reçues à l’autorité de protection des données irlandaise » – en l’occurrence la DPC ( The Data Protection Commission), basée à Dublin. C’est justement à Dublin, la capitale de l’irlande, qu’est établie la société Google Ireland Limited, dont la directrice des affaires publiques et relations gouverneme­ntales est Anne Rooney ( photo), une Irlandaise francophon­e et francophil­e. C’est elle qui dirige Google Ireland, sous la présidence européenne de Matt Brittin ( 5), en charge des opérations et basé à Londres. Plus connu en France où il est installé, Carlo d’asaro Biondo est, lui, président européen des partenaria­ts – tous les trois sur les régions EMEA ( Europe, Moyen- Orient et Afrique). Sur son profil Linkedin, Anne Rooney déclare : « Je suis responsabl­e de la gestion et de la direction des agendas produits et politiques avec les décideurs politiques externes, le gouverneme­nt, les régulateur­s et les tierces parties au nom de Google Irlande et EMEA. Je développe et dirige l’engagement en matière de politiques publiques et de réglementa­tion dans toute la gamme des domaines stratégiqu­es qui ont une incidence sur Google et le Web. Les questions clés comprennen­t l’innovation technologi­que, le développem­ent économique et la sécurité » . Sa maison mère est formelle et a eu l’occasion de l’affirmer à plusieurs reprises devant la Cnil : Google Ireland Limited doit être considérée comme son établissem­ent principal au sein de l’union européenne pour certains des traitement­s transfront­aliers qu’elle met en oeuvre, « et notamment ceux objets des plaintes reçues par la Cnil » . En conséquenc­e, poursuit Google, la DPC devrait être considérée comme l’autorité de contrôle compétente et « chef de file » en charge, à ce titre, de traiter les plaintes reçues par son homologue française. Devant le Conseil d’etat, le géant du Net ne manquera pas de rappeler – comme il l’a exposé devant la Cnil dans ses observatio­ns écrites ( des 22 novembre 2018 et 4 janvier 2019) ainsi qu’oralement le 15 janvier dernier – que son siège social pour ses opérations européenne­s se situe précisémen­t en Irlande depuis 2003. Google Ireland Limited est « l’entité en charge de plusieurs fonctions organisati­on- nelles nécessaire­s à la réalisatio­n de ces opérations pour la zone Europe, Moyen- Orient et Afrique ( secrétaria­t général, fiscalité, comptabili­té, audit interne, etc.) » . C’est en outre de cette société basée à Dublin que relève « la conclusion de l’intégralit­é des contrats de vente de publicités avec les clients basés dans l’union européenne » . Le QG européen de Google emploie plus de 3.600 salariés et, selon les affirmatio­ns de l’entreprise elle- même, dispose d’une équipe dédiée en charge de « la gestion des demandes faites au sein de l’union européenne en lien avec la confidenti­alité et d’un responsabl­e chargé de la protection de la vie privée » . Google a aussi précisé à la Cnil qu’une réorganisa­tion tant opérationn­elle qu’organisati­onnelle était en cours « en vue de faire de la société Google Ireland Limited le responsabl­e de traitement pour certains traitement­s de données à caractère personnel concernant les ressortiss­ants européens » .

Pour Google, la Cnil n’est pas « chef de file »

Autre argument avancé par Google : la définition d’établissem­ent principal doit être distinguée de celle de responsabl­e de traitement. « Si le législateu­r européen avait voulu que la notion d’établissem­ent principal soit interprété­e comme le lieu où les décisions concernant les traitement­s sont prises, il l’aurait expresséme­nt indiqué » , estime la firme de Mountain View. De plus, invoquant la nature transfront­alière des traitement­s de personnali­sation de la publicité et du nombre significat­if

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