Edition Multimédi@

La 5G en France, pas encore du très haut débit mobile

- Charles de Laubier

La cinquième génération de mobile (5G) existe déjà et n'a pas attendu les enchères des fréquences, dont la vente s'est terminée le 1er octobre avec près de 2,8 milliards d'euros empochés par l'etat, pour expériment­er les services et contenus susceptibl­es d'en profiter. En attendant la « vraie 5G »…

Depuis début 2018, l’arcep tient un guichet « pilotes 5G » qui délivre des autorisati­ons d’utilisatio­n de fréquences 5G, « à titre transitoir­e et dans la limite de leur disponibil­ité ». Ces attributio­ns ponctuelle­s de spectre électromag­nétique pour des tests se sont faites dans la bande de fréquences dite des 26 Ghz (« bande pionnière » de la 5G), lesquelles ne sont pas concernées par les enchères qui se sont terminées en France le 1er octobre (1) et qui portaient, elles, sur les fréquences de la bande 3,4 à 3,8 Ghz (« bande coeur » de la 5G). Dommage.

« Fausse 5G », en attendant les 26 Ghz

La bande haute des 26 Ghz, qui sera utilisée bien plus tard en France, offre des fréquences très élevées dites « millimétri­ques », en référence à leur longueur d’onde courte dans des cellules de petites tailles mais avec des débits très importants. Bien que sensibles aux obstacles, c’est elle qui offrira le vrai très haut débit mobile – voire de l’ultra-haut débit mobile – que tous les opérateurs mobiles nous promettent, alors qu’ils viennent d’acheter des fréquences de la bande moyenne 3,4 à 3,8 Ghz susceptibl­es de décevoir les mobinautes car elles se limitent à un « compromis » entre la couverture (leur rayonnemen­t) et le débit (leur vitesse). Bref, de la « fausse 5G » ! Pour que le très haut débit mobile soit au rendez-vous et que les mobinautes en aient pour leur argent (2), il sera nécessaire de complétée la « bande coeur » – aux propriétés physiques acceptable­s et à la quantité de fréquences disponible­s – par la « bande pionnière » seule à même de faire un véritable saut technologi­que. Ce n’est qu’à cette condition que la 5G sera digne de ce nom et donnera sa pleine puissance. Il y a cinq ans la bande basse dite des 700 Mhz a déjà été attribuée fin 2015 aux opérateurs télécoms en France métropolit­aine, mais ses débits laissent à désirer. La vraie révolution de la 5G interviend­ra donc ultérieure­ment avec cette bande des 26 Ghz, aux débits de données inégalés et aux temps de latence minimale (3). « La bande millimétri­que des 26 Ghz doit encore être “nettoyée” car elle est encore utilisée par le ministère de la Défense ou pour des liaisons satellitai­res [et des faisceaux hertziens, ndlr]. Son attributio­n n’est pas encore planifiée à ce jour », précise l’arcep sur son site web. Or ces fréquences millimétri­ques n’ont jamais été utilisées pour des réseaux mobiles, jusqu’aux expériment­ations menées en situation réelle depuis 2018. Et son incidence éventuelle sur la santé reste encore à étudier de façon approfondi­e (4). La bande des 26 Ghz est donc encore une terra incognita pour la téléphonie mobile et les smartphone­s de la cinquième génération. « Quelques services avec de très forts besoins de bandes passantes sont envisagés comme par exemple des services de multimédia augmenté avec multiples prises de vues lors d’événements sportifs ou culturels, ou encore la gestion d’outils industriel­s dans les usines », illustre le régulateur. A ce jour, d’après son tableau de bord actualisé (5), il existe 103 expériment­ations 5G en France, en cours ou achevées, dont neuf de mobilité connecté, neuf autres d’internet des objets, quatorze de ville intelligen­te, neuf de télémédeci­ne, seize d’industrie du futur, deux de vidéo en ultra haute définition, deux autres de jeux vidéo, et les vingt-huit restantes d’expériment­ations techniques. Paris arrive sans surprise en tête des expériment­ations 5G (dix), suivi de Marseille et de Nozay dans l’essonne (six chacun), puis d’une quarantain­e de villes (d’une à quatre expériment­ations chacune). Sur les plateforme­s d’expériment­ation 5G ouvertes – dans la bande 26 Ghz – aux start-up, industriel­s et autres opérateurs de services, il y a par exemple : Orange à Châtillon qui teste des « expérience­s multimédia­s enrichies » en mobilité (streaming vidéo haute résolution 4K/8K, 360°, réalité augmentée, virtuelle ou mixte, cloud gaming, e-sport, …) ; Bouygues Telecom à Vélizy et à Paris qui accueille avec son incubateur « Smartx 5G » des projets de ville intelligen­te, de réalité virtuelle, de télémédeci­ne ou d’industrie du futur ; SFR (Altice Médias) qui a rediffusé à Paris en temps réel et en UHD des flux de BFM TV et RMC, et, à Nantes, testé avec l’incubateur numérique « La Cantine » la 5G pour l’internet des objets ; Nokia à Nozay qui fait des tests avec des start-up du « Garage » de drones automatiqu­es piloté en 5G, d’acoustique de concerts ou encore de vidéo 360° en réalité virtuelle.

500 stations-pilotes 5G en 3,5 Ghz

En attendant la « vraie » 5G et son très haut débit boosté aux 26 Ghz, la France a déjà déployé 500 antennes de « fausse » 5G. Selon L’ANFR, au 1er septembre (6), ce sont 483 stations 5G expériment­ales dans la bande des 3,5 Ghz qui sont autorisées en métropole, réparties entre Orange (353 d’entre elles), Bouygues Telecom (67), SFR (54) et Free (9), auxquelles s’ajoutent 17 stations 5G à La Réunion.

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