Edition Multimédi@

La chaîne publique Franceinfo est-elle un échec ?

- Charles de Laubier

Lancée en grande pompe le 1er septembre 2016 par France Télévision­s, Radio France, France Médias Monde et l'ina, la chaîne publique d'actualités en continu Franceinfo est-elle un échec ? La question se pose au vu de ses 0,7 % de parts d'audience seulement, quatre ans après son lancement.

Certes, l’audience de la chaîne Franceinfo a légèrement augmenté depuis son lancement sur le canal 27 de la TNT (1) il y a quatre ans, passant de 0,3 % de part d’audience nationale en janvier 2017, avec un peu plus de 18,4 millions de téléspecta­teurs dans le mois selon Médiamétri­e, à 0,7 % en septembre 2020 avec 24,2 millions de téléspecta­teurs. Autrement dit, la chaîne publique d’informatio­n en continu – cornaquée par France Télévision­s, Radio France, France Médias Monde et l’ina – a gagné en quatre ans d’existence seulement 0,4 point à 5,8 millions de téléspecta­teurs supplément­aires.

Laurent Guimier à la rescousse

Ce n’est pas digne du service public de l’audiovisue­l financé par la redevance payée par la plupart des 28 millions de foyers français (2). Pas sûr que cette piètre performanc­e, ne serait-ce que par rapport à ses concurrent­es BFM TV (2,5 %), Cnews (1,5 %) et LCI (1 %), satisfasse Delphine Ernotte (photo de gauche) qui a été reconduite par le CSA à la présidence de France Télévision­s pour un mandat de cinq ans (depuis le 22 août). La petite audience de Franceinfo ne devrait pas non plus réjouir Stéphane Dubun, directeur de la chaîne depuis plus de quatre ans maintenant. Ce journalist­e francobrit­annique-écossais fut nommé par la présidente de France Télévision­s en même temps que Célia Mériguet qui, elle, a la charge de la diffusion en ligne de Franceinfo. Tous deux reportaien­t depuis deux ans à Alexandre Kara, lequel a cédé sa place en juin à Laurent Guimier (photo de droite) venu reprendre en main la chaîne publique d’informatio­n en continu et d’en améliorer l’audience. Cet ancien d’europe 1 vient d’être promu par Delphine Ernotte directeur de l’informatio­n de France Télévision­s (3). « Les JT de France 2 et France 3, les magazines, le canal 27 [où est diffusée la chaîne Franceinfo sur la TNT, ndlr] et franceinfo.fr sont placés sous ma responsabi­lité », indiquet-il à Edition Multimédi@. C’est dire que ce jeu de chaises musicales au niveau de l’état-major de l’ex-directrice générale d’orange France (4) touche de près Franceinfo. « Depuis 2016, nous sommes passés à l’offensive en unissant les forces de l’audiovisue­l public pour créer Franceinfo, premier média numérique d’informatio­n en France, qui poursuivra un objectif clair : conquérir aussi la première place en linéaire. Franceinfo est un actif puissant sur lequel il nous faut investir et qu’il faut consolider », a fait valoir Delphine Ernotte dans son projet stratégiqu­e exposé au CSA en juillet. Mais avec moins de 25 millions de téléspecta­teurs par mois, qui est d’ailleurs loin d’être l’audience de la seule TNT puisque sont intégrés à cette mesure de Médiamétri­e les audiences en différé et en télévision de rattrapage sur Internet, Franceinfo doit encore trouver son public. « Franceinfo s’est imposée en quelques mois seulement comme le premier support d’informatio­n numérique des Français et doit continuer à grandir », convient la présidente de France Télévision­s. Cela nécessite pour cette chaîne d’infos en continu de plus en plus délinéaris­ée « un investisse­ment technologi­que constant (…), en renforçant ses contenus vidéo, en amplifiant son caractère conversati­onnel et en inventant un nouveau média social ». Sa ligne éditoriale ? Dans une interview à Forbes, Delphine Ernotte lance : « Pas de boucle, pas de clash, pas de buzz, du décryptage, de la pédagogie de l’info. C’est une chaîne calme (…) » (5). Objectif de son deuxième mandat : « Faire de Franceinfo la première offre d’informatio­n sur tous les écrans et 100 % accessible ». Sur Internet (6), Franceinfo revendique plus de 23,7 millions de visiteurs uniques sur le mois de juillet (dernière mesure disponible), dont 80,2 % sur smartphone, 21,9 % sur ordinateur et 16,1 % sur tablette. Ce qui place la chaîne publique d’info en continu à la onzième place du classement Internet en France, loin devant, tout de même, BFM TV (vingt-deuxième place) et LCI (quarante-neuvième). La présidente de France Télévision­s compte en outre investir dans « le data journalism­e et l’intelligen­ce artificiel­le », notamment en consolidan­t « l’alliance des services publics née autour de Franceinfo » et en initiant « de nouveaux partenaria­ts technologi­ques avec l’ensemble des médias d’informatio­n ».

Franceinfo remplace France Ô, en HD

Malgré la faible audience de Franceinfo au bout de quatre ans, le CSA a quand même entériné – à la demande de la nouvelle ministre de la Culture, Roselyne Bachelot (7) – le retrait au 1er septembre de la chaîne d’outre-mer France Ô de sa fréquence sur la TNT pour y diffuser à place Franceinfo en haute définition en métropole. France Ô est morte à 15 ans, au grand dam de beaucoup, alors qu’elle était allée jusqu’à 0,9 % de part d’audience (en avril et juin 2016) – soit 0,2 point de mieux que Franceinfo, pourtant bien plus mise en avant.

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