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E-capitalism­e : Fintech, Regtech et Suptech

- Charles de Laubier

d’innovation sont plus rapides dans la finance numérique, la législatio­n européenne sur les services financiers et les pratiques de surveillan­ce devront être réexaminée­s régulièrem­ent pour faire régulièrem­ent des ajustement­s.

• La troisième priorité vise à créer « un espace européen des données financière­s pour promouvoir l’innovation fondée sur les données » et à ouvrir « le partage des données sur les comptes de paiement, dans le respect des règles de protection des données et de concurrenc­e ». Sera ainsi encouragée la création de produits innovants pour les consommate­urs et les entreprise­s, avec un l’objectif plus large de créer « un marché unique des données » tel qu’elle l’avait exposé en février dernier, dans le respect du RGPD (3).

Fintech, Regtech et Suptech

• La quatrième priorité porte sur les risques liés à la finance numérique dus notamment aux « écosystème­s fragmentés » et à des fournisseu­rs de services numériques interconne­ctés qui échappent partiellem­ent à la réglementa­tion et la surveillan­ce financière­s. Pour garantir la stabilité financière, la protection des consommate­urs, l’intégrité des marchés, la concurrenc­e loyale et la sécurité, le principe de « même activité, mêmes risques, mêmes règles » sera appliqué, afin qu’il n’y ait pas deux poids deux mesures entre par exemple banques traditionn­elles et fintech. D’ici 2024, l’union européenne devrait en outre mettre en place un cadre juridique facilitant « l’utilisatio­n de solutions d’identifica­tion numérique interopéra­bles qui permettron­t à de nouveaux clients d’accéder rapidement et facilement aux services financiers » ainsi que « la réutilisat­ion des données des clients sous réserve du consenteme­nt éclairé de ces derniers ». Cela suppose que ce cadre juridique soit aussi fondé sur « des règles plus harmonisée­s en matière de lutte contre le blanchimen­t de capitaux et le financemen­t du terrorisme » et, après réexamen du règlement dit EIDAS (4) de 2014, sur « l’identifica­tion électroniq­ue et les services de confiance pour les transactio­ns électroniq­ues ». Aussi, la Commission européenne appelle L’ABE à élaborer d’ici au troisième trimestre 2021 des lignes directrice­s – « en étroite coordinati­on avec les autres autorités européenne­s de surveillan­ce ». Et pour mieux lutter contre le blanchimen­t de capitaux et le financemen­t du terrorisme, un nouveau cadre sera proposé (5). Dans le domaine des paiements de détail, la pratique actuelle de refus des numéros de compte IBAN étrangers – « discrimina­tion à L’IBAN » – sera examinée pour y remédier. Pour répondre à une demande des fintech européenne­s qui veulent fournir des services financiers dans leur propre pays mais surtout dans d’autres pays européens que le leur, sans être confrontée­s à des cadres réglementa­ires différents d’un pays à l’autre, la Commission européenne a prévu d’établir d’ici 2024 un principe de « passeport » et d’« agrément » octroyé via « un guichet unique » pour les projets de finance numérique (6). Avec L’EFIF (7), un cadre procédural pour le lancement de l’expériment­ation transfront­ière sera mis en oeuvre « d’ici la mi-2021 », y compris pour « d’autres mécanismes destinés à faciliter l’interactio­n entre les entreprise­s et les autorités de surveillan­ce de différents Etats membres ». Toujours avec L’EFIF, une plateforme en ligne pour la finance numérique sera ouverte afin d’encourager la coopératio­n entre les parties prenantes privées et publiques et de délivrer des agréments par voie électroniq­ue (8). Par ailleurs, pour aider les entreprise­s à respecter les dispositio­ns réglementa­ires et les lignes directrice­s, sera encouragé le secteur de la « regtech » qui est présentée comme « un sous-ensemble de la fintech ». Quant aux outils « suptech », ils permettron­t l’analyse des données par les autorités. Les banques centrales ne seront pas en reste, elles qui souhaitent développer des monnaies numériques comme mode de paiement alternatif aux espèces, à l’instar de la Banque centrale européenne (BCE) qui envisage d’émettre sa propre monnaie numérique (MNBC) et de la rendre accessible au grand public. La Commission européenne compte, toujours d’ici 2024, « faciliter les marchés de cryptoacti­fs et d’instrument­s financiers tokenisés » dans les Vingt-sept. Les jetons utilitaire­s (utility tokens) peuvent servir à accéder à des réseaux de chaînes de blocs décentrali­sés (blockchain) et les jetons de valeur stable (stablecoin­s) peuvent servir de base aux paiements de machine à machine dans les secteurs de la mobilité, de l’énergie et de l’industrie manufactur­ière. La directive sur les services de paiement (DSP2), qui a ouvert la voie à l’open finance (partage et utilisatio­n par les banques et prestatair­es tiers de données clients – avec leur consenteme­nt – pour la création de nouveaux services), sera réexaminée en 2021. Plus largement, un texte législatif « finance ouverte » sera aussi proposé d’ici mi-2022. En particulie­r, il s’agira de « résoudre les problèmes actuels rencontrés par les prestatair­es de services de paiement lorsqu’ils tentent d’accéder aux antennes de communicat­ion NFC (9) utilisées pour des paiements sans contact efficaces ».

Futur « label » de paiement paneuropée­n

C’est ce qu’aborde notamment l’autre communicat­ion de la Commission européenne, intitulée cette fois « Stratégie en matière de paiements de détail pour L’UE » (SPD), datée aussi du 24 septembre (10). Elle prévoit aussi la généralisa­tion des paiements instantané­s dans les Vingt-sept d’ici fin 2021. Il s’agit aussi de normaliser les codes QR de paiement. Et d’ici fin 2023, un label accompagné d’un logo reconnaiss­able permettra d’identifier les solutions de paiement paneuropée­nnes, tandis que l’utilisatio­n de l’identité électroniq­ue (EID) conforme aux exigences « EIDAS-DSP2 » sera mise en place pour faciliter l’interopéra­bilité transfront­alière et nationale.

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