Retours sur l’enquête
« COÉDUCATION, REGARDS CROISÉS D'ENSEIGNANTS ET DE PARENTS »
Une enquête inédite a été réalisée récemment par Nathan et Lea.fr auprès de 1002 parents et 2002 enseignants de la maternelle au collège, en collaboration avec Pierre Périer. Elle avait pour but de mieux cerner les représentations et les attentes des parents et des enseignants quant à la coéducation, les mettre en regard afin d’identifier les points de convergence mais aussi les zones de flou et divergence rarement explicitées. Les résultats de cette enquête ont été présentés par le sociologue lors de sa conférence interactive sur Lea.fr. La plupart des enquêtés (81% pour les parents et près de 100% pour les enseignants) déclarent un intérêt pour la coéducation. « Ne pas surcharger les classes » représente, selon les enseignants et les parents, la première des priorités pour améliorer la réussite des élèves, et « renforcer la coéducation » occupe respectivement la seconde et troisième place. Ce résultat témoigne d’une conscience forte de l’enjeu de la coéducation chez les parents et les enseignants mais selon une approche et des attentes différentes. Les premiers misent sur la coéducation pour renforcer les apprentissages scolaires (détecter les difficultés, avoir un « bon climat scolaire » pour mieux appendre…) alors que les seconds attendent d’abord des parents qu’ils veillent à la « bonne éducation » de leur enfant et, en second lieu, qu’ils l’aident dans son travail scolaire. Les échanges entre parents et enseignants empruntent des modalités et supports traditionnels (cahier de liaison, RDV, réunion…) qui semblent suivis de peu d’effets sur l’organisation de la vie dans la classe ou l’établissement scolaire. Un quart seulement des parents estiment que leur avis est pris en compte. Les rencontres auraient un caractère formel, loin de la participation et de l’action concertée visées dans la coéducation.
Les activités relevant de la coéducation semblent relativement peu nombreuses et ritualisées (visite de classe à la rentrée, présentation de l’équipe pédagogique ou fête de fin d’année…) même si le Café des parents ou la présence de parents à un cours en classe signalent le développement d’initiatives nouvelles.
Pour résumer, près de la moitié des parents et plus de 6 enseignants sur 10 semblent adhérer au principe de la coéducation mais sans pouvoir la traduire par une implication concrète au travers de supports ou d’activités. Les divergences quant au sens donné à la coéducation, les attentes implicites qu’elle recouvre et l’implication de chacun, donnent à penser qu’elle peut être source de malentendus ou de désaccords ; parents et enseignants ayant des conceptions différentes de ce qu’il leur revient de faire mais sans pouvoir l’expliciter pour autant.
Lorsque l’on demande aux parents et aux enseignants les outils qu’ils souhaiteraient pour mettre en place une coéducation moins conventionnelle, on observe qu’ils ne privilégient pas les mêmes outils. S’ils s’accordent sur l’intérêt des jeux et livres pouvant circuler entre la classe et la maison, ils divergent sur d’autres supports : « l’application permettant la communication parents-école » est valorisée par les parents (classée en 1) tandis que le « guide des bonnes pratiques de coéducation » est valorisé par les enseignants (classé en 1). Les parents semblent préconiser une interactivité forte avec les enseignants qui, de leur côté, seraient moins disposés à procéder de la sorte.