PRENDRE DES DÉCISIONS, UN CHEMINEMENT LONG

« J'ai l'impression qu'on me reproche un peu de changer d'avis. »

« Il y a trois ans, j’ai décidé de devenir végétarienne. C’est devenu difficile au moment des repas entre amis… J'avais une amie végétarienne qui se contentait de manger les accompagnements en cas de repas à plusieurs. Je me suis dit que je ferai pareil, et évidemment, j’en ai parlé à mes amis, on en discutait souvent. Et puis au bout de quelques mois est venue la saison des barbecues. Je m'étais amené des substituts végés à faire griller mais la viande grillée me donnait tellement envie… Après quelques verres d'alcool, j'ai craqué et j'ai mangé des merguez. Tous mes amis ont ri et j'en ai entendu parler pendant des mois ! J'ai beaucoup culpabilisé, mais au moins cela m'a permis de redéfinir mon régime alimentaire. Je me suis dit qu'il valait mieux que je m'autorise à manger de la viande quand j'en ai envie plutôt que de me priver, de me frustrer et donc risquer de craquer et de culpabiliser. Cela voulait dire éviter d'utiliser le mot végétarien. J'ai donc décidé de manger végétarien chez moi, mais qu'à l'extérieur je pouvais manger ce que je voulais, en fonction de mes envies. Quand je vais au restaurant, s’il y a un plat végétarien mais qu'il ne me dit rien, je n'ai pas envie de payer un truc qui ne me fera pas vraiment plaisir. Environ un an après, j'ai eu le même dilemme avec le régime végétalien : j'ai découvert que l'industrie du lait et des oeufs était tout aussi terrible pour les animaux, donc j'ai essayé de manger végétalien mais là, j'ai craqué au bout de 2 semaines. De nouveau, je me suis dit que pour éviter cette sensation de culpabilité et de frustration, j'allais éviter de mettre mon alimentation dans une case et juste manger ce qui me donne envie. Mais ce qui reste le plus compliqué au final, c'est l'entourage. Encore aujourd'hui je peux recevoir des remarques car j'ai évolué dans mon alimentation et du coup mon entourage est perdu. J'ai l'impression qu'on me reproche un peu de changer d'avis. La société et les gens voudraient qu'on soit bien au chaud dans une case et qu'on ne bouge plus, car c'est plus simple et ça rassure tout le monde. Mais, dans la réalité, c'est plus complexe, et on a le droit ! Toute la difficulté est de s'accorder le droit de passer d'une case à l'autre ou de ne pas être dans une case et de l'assumer. » Anna