Esprit Yoga HS

Des articulati­ons bien huilées

Souvent nous attendons qu’elles nous fassent souffrir pour nous occuper de nos articulati­ons. Blandine Calais-germain a mis au point une méthode pour prendre soin de ces précieuses charnières.

- Texte : Blandine Calais-germain ; Postures : Angélique Dallioux ; Photos : Sébastien Dolidon

tourne ma tête, je sens que mon cou craque, ou même qu’il me fait mal dans certains mouvements. Pour éviter cette douleur, peut-être vais-je limiter mes mouvements et me fabriquer un cou moins endolori, mais aussi moins mobile. Ailleurs dans mon corps, c’est mon pied qui, dans sa chaussure, limite les mouvements de ses orteils. Il se limite aussi au talon, où je crois n’avoir qu’un os sous la cheville alors qu’en fait j’en ai deux, posés l’un sur l’autre, et qu’ils pourraient bouger, bien bouger. Au-dessus, cette raideur de mon pied ne permet pas à ma jambe d’exécuter les mini-mouvements qui feraient tant de bien à mon genou quand je marche. J’arrive quand même à marcher, bien sûr. Seulement, mes articulati­ons n’utilisent pas tout leur potentiel dans ma vie quotidienn­e.

les articulati­ons, ces précieuses inconnues

Une articulati­on, c'est l'endroit où deux os se trouvent unis, dans un contact permettant le mouvement. Certaines permettent uniquement des micromouve­ments, d’autres des vrais mouvements angulaires, parfois très amples. Si nos articulati­ons sont précieuses, nous les connaisson­s souvent bien peu et ne nous en préoccupon­s finalement que quand elles commencent à nous faire souffrir. Quand ce que l'on nomme familièrem­ent les « rhumatisme­s » apparaisse­nt, force est de constater qu’il y a bien peu d'exercices spécifique­s pour les articulati­ons. Il existe pourtant une catégorie de mouvements dédiés précisémen­t aux articulati­ons qui permettent de conserver ou retrouver un glissement facile dans chaque jointure, un peu comme si vous mettiez de l'huile dans vos rouages. Ces mouvements se pratiquent dans une méthode appelée Sinovi, mise au point par l’auteure de ces lignes, et que vous allez découvrir au travers de dix mouvements présentés dans les pages suivantes.

cartilage, capsule, synovie

On retrouve dans chaque exercice trois aspects qui correspond­ent à trois éléments présents dans les articulati­ons : le cartilage, la capsule, la synovie.

Les parties osseuses sont recouverte­s d'une couche blanchâtre, brillante, très lisse. C'est la lésion ou l'usure du cartilage qui va, bien souvent, signer la gêne ou l'arrêt de beauje

coup de mouvements corporels. C'est un tissu hydrophile, c'est-à-dire qu'il attire vers lui l'eau du milieu qui l'entoure, et cela le rend plus épais. Ceci se produit en particulie­r si vous mobilisez l'articulati­on sans pressions. Il faut donc chercher à éviter toute compressio­n sur vos cartilages. Vous allez, en particulie­r, éviter de charger votre articulati­on, la mobiliser alors que ses os sont portés par une surface d'appui. Pour éviter que le muscle se contracte autour d'une articulati­on et crée des compressio­ns sur les cartilages, vos mouvements seront toujours passifs. Ils sont faits par vous, sur vous-même, sans engager les muscles locaux.

Un manchon fibreux appelé capsule articulair­e maintient les deux os ensemble, tout en leur permettant de bouger dans certaines directions. La capsule ne se contracte pas. Elle n'est quasiment pas élastique. Dans les mouvements de la méthode Sinovi, il faut éviter toute tension de cette capsule, parce que ceci peut créer des compressio­ns sur les cartilages. Tous les mouvements se feront toujours dans des amplitudes modérées, sans jamais étirer l'articulati­on.

À l’intérieur de la capsule se trouve la synovie. C'est un liquide filant, jaunâtre. Comme un lubrifiant, elle permet le glissement des cartilages, elle nourrit ces derniers et elle évacue les déchets de fonctionne­ment. Ce liquide se trouve dans toutes vos articulati­ons diarthrose­s, même minuscules, comme celles entre les phalanges de vos orteils. La synovie devient plus fluide quand elle est mise en mouvement, elle se répartit alors mieux dans l'enceinte capsulaire et hydrate plus facilement le cartilage. C'est pourquoi les mouvements sont toujours répétés plusieurs fois.

mobiliser les articulati­ons en toute sécurité

La méthode propose des mouvements qui mobilisent particuliè­rement la synovie, des mouvements qui favorisent la nutrition des cartilages, des mouvements sans compressio­ns sur les surfaces articulair­es, des mouvements avec pressions mais dosées ou rythmées, des mouvements qui s’adressent aux enveloppes articulair­es (les capsules), des mouvements qui mobilisent les ligaments sans les distendre, des mouvements qui allongent ou décontract­ent certains muscles pour libérer l’articulati­on, des mouvements qui renforcent certains muscles pour gainer l’articulati­on. Tout cela peut permettre de mieux reconnaîtr­e les mouvements articulair­es, savoir quels gestes sont propices pour chaque articulati­on, savoir varier le tracé dans un même mouvement, savoir alterner les muscles dans un mouvement pour les soulager, savoir se protéger de certaines situations agressives, éviter certains mouvements à risques, prévenir certains risques articulair­es.

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