Esprit Yoga

INITIATIVE­S & ALTERNATIV­ES : L'HORTITHÉRA­PIE

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En France l'hortithéra­pie, thérapie physique et psychique par la nature, reste confidenti­elle. Sur la côte landaise, Estelle Alquier fait profiter malades et soignants de son univers botanique.

Cela aurait pu ressembler au potager de son grandpère. Mais le chantier dans lequel Estelle Alquier s'est lancée est beaucoup plus vaste et ambitieux. À une dizaine de kilomètres de Capbreton, Estelle a créé les « jardins de l'humanité », un projet d'hortithéra­pie. Dans ce jardin en cours de création, les malades en fauteuil roulant pourront circuler librement et accéder à des tables de cultures surélevées pour toucher, humer les fleurs, les plantes et autres herbes aromatique­s. C'est en 2015 que cette jeune femme originaire du Sud-ouest a commencé à façonner ce qui deviendra un jardin thérapeuti­que. Un ambitieux projet qui comprend des jardins du monde (amérindien, asiatique et berbère) et des jardins historique­s (galloromai­n, médiéval et un potager des Lumières). Dans la partie thérapeuti­que, l'accent est mis sur les sens : le toucher, les couleurs, l'odorat, l'ouïe (grâce à des nichoirs à mésange installés dans les arbres, une fontaine, etc.) et le goût (groseille, cassis, framboises, oseille à goûter). « Le but est de retrouver le sens des saisons, la temporalit­é, et peut-être, pour les malades d'alzheimer, voir des souvenirs émerger ». Ces visites sont encadrées par les soignants qui notent ensuite les améliorati­ons observées. « Les visites sensoriell­es apaisent les malades, apportent du plaisir par le toucher et l'odorat. De plus, voir les fruits de sa récolte est toujours source de plaisir», précise Estelle.

DES BIENFAITS PROUVÉS SCIENTIFIQ­UEMENT

Si la vanille permet de s'ouvrir aux autres, l'odeur de verveine citronnée apporte joie et bien-être et la lavande est apaisante. La nature fait du bien et la science le prouve. Selon des études menées aux États-unis, au Canada mais aussi à Nancy, Marseille et Toulouse, jardiner permet de réduire les prises médicament­euses, d'améliorer l'état psychique et physique et favorise la socialité des patients. « Pour les enfants handicapés physiques, l'hortithéra­pie soigne les pulsions de mort », affirme celle qui a travaillé dans des jardins thérapeuti­ques à Biarritz. « J'aimerais faire de ce jardin un lieu d'immersion et un centre de formation pour les soignants et tous ceux qui souhaitent se former à l'hortithéra­pie », complète Estelle, qui enfant, jardinait avec ses parents et son grand-père. En 2010, elle a même suivi la formation d'« hortithéra­pie » de Jeanluc Sudres, psychologu­e à l'université de Toulouse Le Mirail. Avec ce jardin de l'humanité, elle souhaite toucher les malades en institutio­n mais aussi ceux qui restent isolés. Et reste convaincue que « chaque hôpital, chaque centre de soin devrait posséder son jardin thérapeuti­que. »

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