TAPIS ET DÉPENDANCES
ET LA PÉRIPHÉRIE
Faire le tri entre ce qui compte vraiment… et le reste
S'il y a un côté sympa à la rentrée, c'est que d'une façon ou d'une autre, on entretient le rituel du nouveau départ. On a grandi aux cycles des rentrées scolaires et même si on pense avoir perdu son âme d'enfant, on continue de s'y coller. La rentrée rime souvent avec l'achat de nouvel équipement. Le yoga n'y échappe pas. On va sans doute avoir le droit à un arrosage médiatique sur les nouveaux styles de yoga, les nouveaux tapis, la dernière collection de vêtements, les nouveaux super aliments bio, les nouveaux livres, etc. Et c'est tant mieux me direz-vous, tout cela contribue sans doute à enthousiasmer une communauté d'adeptes et de néophytes à l'amorce d'un nouveau cycle.
J'ai eu la chance de suivre une méditation guidée par un moine hindou il y a quelque temps ; cette méditation m'a transportée dans un espace hors de moi, ailleurs. En plein centre. Le fil conducteur de cette méditation était justement le centre et la périphérie. J'ai mis un temps fou à sortir de l'état méditatif dans lequel j'étais plongée parce que j'étais bien à l'aise là où je me (re)trouvais. C'était dense et familier, comme primordial et essentiel. La périphérie était à sa place, comme un enrobage éthéré : les bruits environnants, mon corps, mes pensées, y compris mes sensations. C'était devenu insignifiant. Dans un autre registre, une bonne amie qui tient une boutique m'a raconté un jour qu'une personne qui venait s'acheter un bas de yoga avait précisé qu'elle le voulait noir parce que les bas de yoga imprimés c'était selon elle pour les pratiquants de yoga avancés. Ca faisait rire mon amie, c'est vrai que la remarque est amusante, mais mon centre, lui, rit jaune. La panoplie de yoga ferait-elle le yogi ? L'enrobage de spandex coloré serait la preuve d'une évolution spirituelle ? C'est pourquoi parfois je me demande dans quelle mesure la revendication d'un style de vie yoga n'est pas trompeuse. Quand je repense au moine hindou que j'ai rencontré, je suis formelle, il ne portait pas de legging coloré ! Vous ne me ferez pourtant pas douter une seule seconde de la noblesse de son yoga.
Nous qui nous engageons dans une démarche de yoga, ne devrions-nous pas projeter moins de codes normatifs sur la manière d'être yoga ou pas ? Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, nous dit le dicton. Qu'ils demeurent variés et à la périphérie je dis. L'habit ne fera jamais le yogi, la simplicité, la compassion et la joie, si.